Maximes et bons mots « - On n'imagine pas combien il faut d'esprit pour n'être pas ridicule. - La pire des mésalliances est celle du coeur. - On souhaite la paresse d'un méchant et le silence d'un sot. - Pour être heureux dans ce monde, il y a des côtés de son âme qu'il faudrait entièrement paralyser. - On faisait compliment à Mme Denis de la façon dont elle venait de jouer Zaïre : « Il faudrait, dit-elle, être belle et jeune. - Ah! madame, reprit. le complimenteur naïvement, vous êtes bien la preuve du contraire. » - M. de Vendôme, disait de Mme de Nemours, qui avait un long nez courbé sur des lèvres vermeilles : « Elle a l'air d'un perroquet qui mange une cerise. » - M... qui avait une collection des discours de réception à l'Académie française, me disait : « Lorsque j'y jette les yeux, il me semble voir des carcasses de feu d'artifice, après la Saint-Jean. » - M... disait, d'un sot sur lequel il n'y a pas de prise : « C'est une cruche sans anse. » - Il y a des sottises bien habillées, comme il y a des sots très bien vêtus. - Un sot qui a un montent d'esprit, étonne et scandalise, comme des chevaux de fiacre au galop. - L'amitié extrême et délicate est souvent blessée du repli d'une rose. - On fausse son esprit, sa conscience, sa raison, comme on gâte son estomac. - Célébrité : l'avantage d'être connu de ceux que vous ne connaissez pas. Le changement de modes est l'impôt que l'industrie du pauvre met sur la vanité du riche. - De nos jours, un peintre fait votre portrait en sept minutes; un autre vous apprend à peindre en trois jours; un troisième vous enseigne l'anglais en quatre leçons. On veut vous apprendre huit langues, avec des gravures qui représentent les choses et leurs noms au-dessous en huit langues; enfin, si on pouvait mettre ensemble les plaisirs, les sentiments ou les idées de la vie entière, et les réunir dans l'espace de vingt-quatre heures, on le ferait; on vous ferait avaler cette pilule, et on vous dirait : Allez-vous-en. - Le monde et la société ressemblent à une bibliothèque où, au premier coup d'oeil, tout paraît en règle, parce que les livres y sont placés suivant le format et la grandeur des volumes, mais où, dans le fond, tout est en désordre, parce que rien n'y est rangé suivant l'ordre des sciences, des matières ni des auteurs. - Semblable aux animaux qui ne peuvent respirer l'air à une certaine hauteur sans périr, l'esclave meurt dans l'atmosphère de la liberté. » (Chamfort, Maximes et pensées). |