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Louis-Ferdinand
CĂ©line,
de son vrai nom Louis-Ferdinand Destouches est un
Ă©crivain
français, né le 27 mai 1894 à Courbevoie et mort le 1er
juillet 1961 à Meudon. Son style révolutionnaire et son utilisation d'un
langage oral et populaire ont marqué la littérature française. Se ouvres
littéraires, notamment Voyage au bout de la nuit, sont considérées
comme des chefs-d'œuvre du XXe siècle,
mais son antisémitisme et ses pamphlets haineux projettent sur lui une
salissure indélébile.
Louis-Ferdinand Destouches
est issu d'une famille modeste. Son père travaille comme employé d'assurance
et sa mère est commerçante. Il grandit dans un quartier populaire de
Paris, entouré de personnages et d'environnements qui inspireront ses
romans. Élève moyen, il montre toutefois des talents littéraires et
entreprend plusieurs voyages d'Ă©tudes en Allemagne et en Angleterre. Lors
de la Première Guerre mondiale, il s'engage
volontairement en 1914 dans l'armée française. En 1915, il est grièvement
blessé au bras lors d'une mission, ce qui lui vaut une pension d'invalidité
et le statut de héros de guerre. Cet événement, qui laisse en lui un
traumatisme physique et psychologique durable, nourrit une vision sombre
et désabusée de la guerre et de la société, qui transparaîtra dans
son Ă©criture.
Après la guerre,
Céline reprend ses études et devient médecin en 1924. Il travaille notamment
pour la Société des Nations en Afrique et aux États-Unis,
puis s'installe dans les quartiers populaires de Paris comme médecin des
pauvres. Cette expérience de terrain auprès de populations défavorisées
lui fournit une matière brute pour ses futurs romans et alimente sa critique
acerbe des injustices sociales et des hypocrisies bourgeoises. En 1932,
il publie son premier roman, Voyage au bout de la nuit, qui connaît
un succès immédiat. Le livre est salué par les critiques, bien qu'il
suscite Ă©galement le scandale par son langage cru et sa vision nihiliste.
En
1936, l'écrivain publie Mort à crédit, un roman qui poursuit
son exploration d'une humanité misérable, cette fois en s'inspirant de
son enfance. Encore plus sombre et désespéré que le précédent, ce
roman divise le public et la critique, certains y voyant une oeuvre novatrice,
d'autres une expression de désespoir exagérée et provocatrice.
• Voyage
au bout de la nuit est une descente dans les profondeurs de la psychologie
humaine, souvent interprété comme une critique féroce de la guerre,
du colonialisme et de l’hypocrisie sociale. Le personnage principal,
Ferdinand Bardamu, alter ego de l’auteur, traverse les expériences de
la Première Guerre mondiale, la vie coloniale en Afrique, les bas-fonds
américains, puis retourne en France, où il vit misérablement comme médecin.
Écrit dans un style argotique et novateur pour l'époque, le texte mélange
narration classique et langage parlé, ce qui accentue la brutalité et
l’authenticité de l’expérience vécue.
• Mort à crédit
retrace l’enfance et l'adolescence de Ferdinand Bardamu dans une France
déclinante et cruelle, marquée par l'échec social, familial et personnel.
On y découvre un monde où les rêves d’ascension sont vite brisés
et où chaque tentative de réussite mène inévitablement à la déception.
CĂ©line y adopte un style encore plus libre, avec des digressions et un
langage haché qui reflète la pensée tourmentée de son personnage.
CĂ©line, personnage
excentrique et volontiers provocateur, développe dans cette période une
pensée de plus en plus réactionnaire. Dans les années 1930, il commence
à écrire des pamphlets violemment antisémites, tels que Bagatelles
pour un massacre (1937), L'École des cadavres (1938) et Les
Beaux Draps (1941). Ces écrits révulsants, extrêmement virulents,
prĂ´nent des idĂ©es antisĂ©mites et anticommunistes et le conduisent Ă
être largement dénoncé après la guerre, ternissant définitivement
sa réputation.
Pendant l'Occupation,
Céline se rapproche du régime de Vichy et de certains milieux collaborationnistes,
bien qu'il ne participe directement à aucun acte politique. Avec la Libération
en 1944, il fuit en Allemagne, puis au Danemark pour Ă©chapper aux accusations
de collaboration. En 1945, il est condamné par contumace pour collaboration
avec l'ennemi et vit en exil au Danemark jusqu'en 1951. Il est finalement
gracié et revient en France, où il s'installe dans une semi-réclusion
Ă Meudon, en banlieue parisienne.
Malgré la controverse
et son isolement, CĂ©line continue d'Ă©crire. Ses derniers romans, comme
D’un
château l'autre (1957), Nord (1960), et Rigodon (publié
posthumément en 1969), constituent une sorte de trilogie sur sa fuite
à travers l'Europe à la fin de la guerre. Ils reprennent son style caractéristique,
avec un langage parlé, une construction fragmentée, et une vision encore
plus noire et désespérée de l'humanité. Ces livres, bien que souvent
moins connus que ses premiers, développent des motifs similaires tout
en introduisant des éléments nouveaux dans son style narratif et ses
réflexions.
• D'un
château l'autre continue de raconter la vie de Ferdinand Bardamu après
la Seconde Guerre mondiale. le roman se concentre sur le parcours de Bardamu,
qui, après avoir fui la France en raison des événements de la guerre
et de l’Occupation, se retrouve dans divers châteaux et hôtels, symboles
de l'aristocratie en déclin. L'oeuvre aborde la désillusion, la nostalgie
et le sentiment d'errance. Le style de Céline s’épanouit dans des digressions,
des monologues intérieurs et un langage encore plus inventif, fréquemment
truffé de références à la culture populaire et à l’actualité.
• Nord,
poursuit le voyage de Bardamu et se déroule dans un cadre plus large,
notamment dans le nord de la France. Céline y aborde les thèmes de l’identité,
du déracinement et de la désillusion face à la modernité. Ce roman
se caractérise par un style plus épique et une structure moins linéaire.
Les paysages du nord, à la fois majestueux et désolés, servent de toile
de fond à des réflexions sur la condition humaine et la lutte de l’humain
face à la fatalité. Céline continue d’utiliser son langage unique,
alliant le quotidien et le tragique, et accentuant le caractère absurde
de l'existence.
• Rigodon,
dernier roman de Céline, achève la trilogie avec un ton encore plus désespéré
et une intensité émotionnelle accrue. L'oeuvre évoque les dernières
années de Bardamu, ses réflexions sur le passé, la guerre et la mort.
Céline y déploie une prose encore plus fragmentée et poétique, sondant
la mémoire et le temps. L'ambiance est celle de la déliquescence, tant
personnelle que sociale, et le lecteur est confronté à la désespérance
et Ă la solitude de son protagoniste.
Ces trois oeuvres montrent
l'évolution de Céline, tant dans son style que dans ses préoccupations.
Elles continuent de creuser les thèmes de la souffrance humaine, de l'absurdité
de l’existence et du sentiment d'errance, tout en révélant une vision
encore plus cynique et désenchantée du monde. Céline meurt 1961 à Meudon.
Ses obsèques se déroulent dans la plus stricte intimité, et il est enterré
dans le cimetière local. |
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