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Les Capétiens

On désigne sous le nom de Capétiens, d'après le surnom porté par son chef, la troisième dynastie des rois qui régnèrent sur la France, depuis l'avènement de Hugues Capet, en 987, jusqu'à la mort de Charles IV, en 1328. Cette dynastie a succédé à celle des Carolingiens

Les Capétiens se subdivisent en trois branches : Capétiens proprement dits (les seuls traités dans cette page), depuis Hugues Capet jusqu'à Charles IV (987-1328); la branche des Valois (branche cadette de la lignée philippine), depuis Philippe VI jusqu'à la mort de Henri III (1328-1589); la branche des Bourbons (lignée robertine), depuis Henri IV jusqu'à l'abdication de Louis-Philippe d'Orléans en 1848 (pour s'en tenir aux seuls rois de France). 

Les Capétiens proprement dits sont :
Hugues Capet,
Robert II
Henri Ier
Philippe Ier
Louis VI le Gros, 
Louis VII le Jeune
Philippe-Auguste (Philippe II)
Louis VIII le Lion
Saint Louis (Louis IX)

Lignée philippine

Philippe III le Hardi

Branche aînée de la lignée philippine

Philippe le Bel (Philippe IV),
Louis X le Hutin
Jean Ier le Posthume
Philippe le Long (Philippe V) 
Charles IV le Bel. 

Naissance d'une dynastie

Les historiens ne sont pas d'accord sur les origines de la maison capétienne. Si l'on écarte les généalogies légendaires ou inventées à plaisir qui, dès le XIIe siècle, ont attribué à Hugues Capet une illustre origine pour le rattacher aux Mérovingiens et aux Carolingiens et justifier ainsi l'usurpation de 987, on se trouve en présence de deux versions entre lesquelles le critique hésite à se prononcer. D'après l'une, qui s'appuie sur les témoignages de deux chroniqueurs du Xe siècle, Richer et Aimoin, Robert le Fort, le premier personnage historique de la famille, serait le fils d'un Saxon établi en Gaule, nommé Witichin. Parmi les historiens modernes qui ont adopté cette opinion, nous citerons Ranke et Kalckstein, et la plupart des historiens allemands qui se sont attachés à montrer partout la prédominance de l'élément germanique. Au contraire, en se fondant sur le témoignage d'un contemporain, Abbon, qui, en 836, appelle simplement le roi Eude un Neustrien, et sur quelques autres présomptions, la plupart des historiens français, et ceux qui ont plus spécialement étudié la question, Barthélemy, Gabriel Monod, Luchaire, etc., sont portés à croire que les ancêtres des Capétiens devaient être originaires du centre de la France. Ils ont expliqué la tradition de l'origine germanique répandue au Xe siècle par ce fait que la mère de Hugues Capet était en effet saxonne et prétendait descendre du héros de l'indépendance saxonne sous Charlemagne, Witikind. Une opinion mixte, proposée par Michelet, ferait bien descendre les Capétiens des Saxons, mais de cette population saxonne déjà établie dans le Bessin dès le VIe siècle au témoignage de Grégoire de Tours.

Quoi qu'il en soit, ce fut dans la lutte contre l'ennemi national, les Vikings, que le premier des ancêtres connus, le vrai chef de la famille, Robert le Fort, conquit avec une immense renommée, une puissance territoriale et militaire qui en faisait du vassal dangereux pour le roi de France, lorsqu'il mourut glorieusement à Brissarthe en 866. Son fils aîné, Eudes, fut le plus riche seigneur de France; la vaillance qu'il déploya en défendant, en 866, Paris assiégé par les Vikings, le désigna naturellement aux grands et au clergé comme le seigneur le plus capable de les protéger, après la défaillance de Charles le Gros, suivie bientôt de sa déposition. Porté au trône en 888, il régna dix années, non sans avoir à lutter contre des insurrections provoquées par les défiances et les jalousies féodales, qui suscitèrent un retour offensif du représentant de l'ancienne dynastie, Charles le Simple, qu'il désigna lui-même comme son successeur. Mais celui-ci ne devait pas faire oublier la popularité de la famille de Robert le Fort; épris, comme tous les Carolingiens, de la chimère d'une reconstitution de l'empire, il s'épuisa en vaines tentatives pour recouvrer les royaumes démembrés de l'héritage de Charlemagne, et livra la France aux incursions normandes et aux usurpations féodales, si bien que le second fils de Robert le Fort, nommé aussi Robert, put s'emparer de Laon et se faire couronner roi (922), comme l'avait fait son frère. A sa mort, survenue prématurément (923), son fils Hugues laissa ou fit porter au trône son beau-frère, Raoul, duc de Bourgogne; et pendant son règne s'occupa uniquement d'agrandir ses domaines et d'accroître sa puissance violence, perfidie, trahisons, rien ne lui coûta pour arriver à ses fins : tour à tour adversaire ou allié des Carolingiens, il eut l'habileté de laisser set rivaux s'épuiser en des luttes stériles. Avec lui, à la période héroïque de l'histoire de la famille, succède la période politique. Laissant le trône à Louis IV d'outre-mer, y appelant ensuite Lothaire, il exerça le pouvoir sous le nom de ces monarques, fut, sous le titre de duc des Francs, une espèce de vice-roi, et prépara ainsi les voies à son fils Hugues Capet, non moins habile que lui, qui fut porté ad trône avec l'appui du clergé, après la mort de Louis V, le 1er juillet 987.

Augustin Thierry et les historiens de son école ont cru voir dans l'avènement de la nouvelle dynastie la conséquence d'une révolution profonde, à la fois nationale et féodale, une réaction contre la domination germanique, représentée par la famille carolingienne. Rien n'est moins juste que cette vue. Il y avait longtemps déjà à cette époque que la fusion des divers peuples avait produit sur le sol de la Gaule une nation nouvelle; la branche carolingienne, qui régnait sur la France occidentale, n'y était pas considérée comme une étrangère, et l'on a vu plus haut que, sinon par son origine, du moins par ses alliances, la maison capétienne touchait d'aussi près à l'héritage germanique. Cette question ne fut certainement pour rien dans le changement de dynastie. La famille capétienne dut sa fortune à la légende héroïque qui s'était formée autour des noms de Robert le Fort et d'Eudes, à l'habileté politique de leurs successeurs, à sa puissance territoriale, à l'appui du clergé et par-dessus tout, comme le remarquait Luchaire, "à une coïncidence vraiment extraordinaire de circonstances favorables". Ce qui est vrai seulement, c'est qu'à la mort de Louis V (21 mai 987), la dynastie carolingienne, depuis longtemps appauvrie et déconsidérée, n'avait plus de chef véritable, que le prétendant qui pouvait revendiquer la succession, Charles, duc de Basse-Lorraine, était plus Allemand que Français, et que, Pomme l'avait écrit Gerbert dès 985, "le roi de fait était Hugues".

La succession des règnes

Quant au caractère de la nouvelle royauté, il ne différa pas, comme on l'a dit, de celui de la monarchie carolingienne. Ce ne fut pas le triomphe du principe électif et féodal à l'encontre du principe de l'hérédité et de l'unité. Les circonstances avaient depuis longtemps rendu féodale la royauté carolingienne et, d'autre part, en arrivant au trône, les princes capétiens, bien qu'issus de la féodalité, y apportèrent les traditions, la politique et les prétentions de leurs prédécesseurs. 

« Ce n'est, a dit fort bien Luchaire, ni comme rois féodaux, ni comme rois nationaux, que les Robertiniens ont été élevés à la dignité suprême par le clergé et les seigneurs français du Xe siècle et, d'autre part, la monarchie fut, sous la direction d'Eudes, de Robert, de Raoul (et nous pouvons ajouter d'Hugues Capet), ce qu'elle était quand elle appartenait aux descendants de Charlemagne. »
Il convient de remarquer toutefois que depuis un siècle le principe de l'hérédité de la monarchie avait été singulièrement affaibli, tandis que l'idée d'une monarchie élective, qui n'avait jamais totalement disparu, avait fait des progrès notables. L'avènement de Hugues Capet n'assurait donc pas le trône à sa descendance. Aussi les premiers rois capétiens, suivant en cela encore du reste exemple des derniers carolingiens, assurèrent à leurs fils la survivance de la royauté en les associant de leur vivant à la couronne. L'année même de son avènement, Hugues Capet, alléguant la nécessité de donner un second chef à la nation pour la défendre contre ses ennemis, fit couronner son fils Robert; celui-ci, en 1016, fit sacrer son fils aîné Hugues, âgé de dix ans, et après la mort de ce jeuné prince, il associa à la couronne, en 1027, son fils Henri. Celui-ci devenu seul roi fit couronner, en 1059, le prince Philippe. Le fils de ce dernier, Louis, fut roi désigné en 1090. Louis VI, à son tour, fit sacrer à Reims, en 1129, son fils aîné Philippe, et ce prince étant mort en 1131, quelques jours après, le roi associa à la couronne son second fils Louis, âgé seulement de onze ans. En 1179, enfin, le prince qui fut Philippe-Auguste fut couronné roi à Reims. C'est le dernier exemple d'association au trône de l'histoire de la dynastie. Désormais le principe d'hérédité était assez assuré pour que la précaution fût superflue.

Pendant trois siècles la maison capétienne eut la fortune singulière de se continuer par des héritiers directs. A Philippe-Auguste succéda, en 1223, son fils Louis VIII, dont le fis aîné, Louis IX, arriva au trône par la mort de son père en 1226 et régna jusqu'en 1270. Philippe III, son fils aîné, lui succéda et laissa le trône en 1285 à son fils Philippe IV, qui mourut en 1314, laissant trois fils, dont l'aîné, Louis X, lui succéda. Pendant cette longue période le droit d'hérédité de mâle en mâle par ordre de primogéniture avait eu le temps de prévaloir définitivement sur le principe d'élection; de même que le principe de l'unité de la monarchie avait prévalu sur le régime des partages. Les fils puînés recevaient des apanages, mais ne partageaient pas la souveraineté. Le principe de l'exclusion des femmes et de la succession des collatéraux fut réglé à la mort de Louis X, qui ne laissa que des filles. Par une prétendue application de la loi salique, son frère Philippe V lui succéda en 1316, et comme il mourut également sans héritier mâle, le troisième fils de Philippe lV, Charles IV, fut appelé au trône en 1322. Ce fut le dernier des Capétiens directs, mais le principe d'hérédité avait désormais des règles fixes, le droit était sorti du fait et avait produit le principe de la légitimité. Aussi, à la mort de Charles IV, la couronne échut naturellement à son cousin Philippe VI de Valois, petit-fils de Philippe III. La branche aînée des Capétiens avait donné à la France seize rois, en comptant les fils de Robert le Fort (que les historiens appellent les Robertiniens); issue de la féodalité, elle réussit cependant à garantir la France contre le morcellement féodal, reconstitua le gouvernement, fit prévaloir dans tout le royaume l'autorité royale, mais laissa la nation, qui avait déjà pris conscience d'elle-même, dans la grande crise de la guerre de Cent Ans. (Y).

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