Aperçu |
On
appelle éclipse
la disparition partielle ou totale d'un astre causée
momentanément par de l'alignement de trois astres. Cette situation
se rencontre dans deux circonstances différentes : lorsqu'il y a
occultation d'un astre par un autre qui s'interpose devant lui, ou bien
quand un astre passe dans l'ombre projetée par un autre astre. Les
éclipses de Soleil et de Lune
fournissent des exemples respectifs de chacune de ces deux situations.
On parle également d'éclipses à propos des
occultations mutuelles observées dans certains systèmes d'étoiles
doubles (Les
Binaires à éclipses), ou encore, lorsque les satellites
galiléens de Jupiter,
par exemple, disparaissent dans l'ombre de la planète
géante. Dans toutes ces circonstances, l'explication des éclipses
est fondée sur le mode de formation des ombres. On sait que, lorsqu'un
corps opaque est placé devant un corps lumineux, il y a derrière
lui une région où ne pénètre aucun rayon lumineux,
c'est l'ombre, et une autre, la pénombre, qui ne reçoit qu'une
partie des rayons que la source pourrait envoyer et qui, par suite, n'est
qu'imparfaitement éclairée.
Ombre
et pénombre - On désigne sous le nom d'ombre géométrique
d'un corps par rapport à un point lumineux la portion de l'espace
dont tous les points sont tels que, si on les joint au point lumineux par
une ligne droite. cette droite rencontre le corps considéré.
Cette portion de l'espace n'est donc pas éclairée par le
point lumineux. La surface qui limite la région de l'ombre est un
cône à section irrégulière, dont le point lumineux
est le sommet et dont les génératrices sont tangentes au
corps opaque. Lorsque, au lieu d'un point lumineux, en a un corps lumineux,
l'espace au lieu d'être divisé en deux régions, l'une
d'ombre et l'autre de pleine lumière, se trouve partagé en
trois; aux deux premières vient s'ajouter la pénombre, c.-à-d.
une portion de l'espace dont les points ne reçoivent qu'une partie
de la lumière que le corps lumineux leur enverrait si le corps opaque
n'existait pas. La pénombre est comprise entre deux surfaces, l'une
qui limite l'ombre et l'autre qui limite la région de pleine lumière.
La première surface peut être engendrée par un plan
tangent au corps lumineux et au corps opaque prenant toutes les positions
possibles, mais telles que ces deux corps soient du même côté
du plan; c'est la surface séparant l'ombre de la pénombre;
l'autre surface, celle qui sépare la pénombre de la pleine
lumière, peut être engendrée par un plan, tangent encore
aux deux corps qui se trouvent cette fois de part et d'autre du plan. La
quantité de lumière reçue aux divers points de la
pénombre varie suivant sa distance à ces deux surfaces limites.
(A. Joannis).
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En
librairie - Roberto Casati, La
découverte de l'ombre (de Platon à
Galilée, une énigme qui fascine
tous les grands penseurs de l'humanité), Albin Michel, 2002. |
Lorsque la Lune s'interpose
devant le Soleil, il y a éclipse, parce
que la Terre est dans l'ombre ou la pénombre
de la Lune; lorsque la Terre s'interpose entre le Soleil et la Lune, il
y a éclipse parce que la Lune se trouve dans l'ombre ou la pénombre
de la Terre. La plupart du temps, les phénomènes d'éclipses
sont bien moins spectaculaires que ceux qui impliquent conjointement nos
deux luminaires. Lorsqu'un astéroïde
occulte une lointaine étoile, l'ombre projetée
est évidemment insignifiante, de même lorsque Mercure,
par exemple, passe devant le Soleil, il y a toutes les chances que notre
traversée de sa pénombre reste inaperçue pour la plupart
des humains. Ces discrètes éclipses n'en ont pas moins une
notable importance du point de vue astronomique.
Il en est de même des transits d'exoplanètes
circulant autour d'autres étoiles. Ces événements
ne sont pas encore directement observables, mais les astronomes en ont
déjà obtenu des indications indirectes, comme
dans le cas du passage d'Osiris (dénomination encore non officielle),
la planète extrasolaire découverte autour de l'étoile
HD209458, et obtenues en novembre 1999 par G. W. Henry (université
d'État du Tennessee) et G. Marcy (université de Californie
à Berkeley). Dans les systèmes où les conditions de
l'observation de tels phénomènes sont favorables, on peut
attendre de précieuses informations sur la nature de l'atmosphère
de la planète concernée et sur ses dimensions. L'étude
de HD209458 a ainsi déjà permis en 2004 de détecter
dans l'atmosphère de la planète la présence d'hydrogène
et d'oxygène neutres ainsi que de carbone ionisé.
Vue
d'artiste du passage d'une planète géante devant l'étoile
HD209458. Cette planète est ausi l'une des deux premières
(l'autre étant TrES-1) hors du système solaire dont on ait
pu recueillir directement en 2005 la lumière (infrarouge).
(Copyright : Lynette Cook).
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Mise
en ordre |
Les
occultations*
Le terme d'occultation s'applique à
tout phénomène de recouvrement apparent d'un astre par un
autre. Le commencement ou disparition de l'astre s'appelle immersion,
la sortie émersion; - des termes introduits
au XVIIe siècle
par Picard
(Le Voyage
d'Uraniborg, article 9) - enfin, lorsque
l'astre en arrière-plan, sans être caché, se rapproche
beaucoup de l'astre en avant-plan, on dit qu'il y a appulse. Si
le rayon visuel mené de l'oeil de l'observateur à deux planètes,
par exemple, rencontre ces deux corps, puis n'en voit plus qu'un seul,
le plus éloigné disparaissant derrière l'autre se
trouve occulté. Lorsque les corps concernés sont des planètes,
ces circonstances se rencontrent très rarement. A peine plus
communes sont les occultations (partielles) du Soleil
par Mercure ou Vénus,
que l'on appelle plutôt passages
des disques de Mercure et de Vénus sur celui du Soleil.
Lalande
cite les occultations de Mars
par Vénus le 3 octobre 1590, de Jupiter
par Mars le 9 janvier 1591 observées par Képler.
Historiquement les passages de Vénus ont eu une plus grande importance,
c'est de l'observation des passages de Vénus sur le Soleil
en 1764 et en 1769, qu'on a déduit la première valeur approchée
de la parallaxe du Soleil. Ajoutons que les occultations d'étoiles
par les astéroïdes,
objets de petites dimensions apparentes, mais très nombreux, ont
également un intérêt. Elles ont permis en particulier
de préciser la forme irrégulière de certains d'entres
eux.
Du fait du grand diamètre
angulaire de la Lune, c'est donc d'abord à
elle que l'on se réfère lorsqu'on parle d'occultations. Notre
satellite, en effet, dans son mouvement
de révolution mensuel autour de la
Terre, recouvre successivement pour un observateur
terrestre les étoiles (quotidiennement) et
les planètes (de temps à autre)
situées une bande de la sphère
céleste d'une largeur égale à celle de son disque.
Ces astres sont occultés ou cachés pendant un certain
temps, de là le nom du phénomène.
Certaines
occultations peuvent être aisément perçues à
l'oeil nu - celles d'Aldébaran (Taureau),
par exemple -, et dans les anciennes chroniques l'on trouve mentionnés
des phénomènes de ce genre; ces données sont assez
intéressantes, car elles permettent de fixer des dates et de contrôler
les tables
de la Lune.
Observer une occultation
par la Lune consiste simplement à noter l'heure
de la disparition un de la réapparition de l'astre qu'elle cache.
La chose n'est généralement possible, même en s'aidant
d'une forte lunette, que pour les étoiles les plus brillantes, la
Lune très brillante faisant disparaître par contraste les
astres plus faibles, surtout lorsque le phénomène se produit
sur le bord éclairé. Cette difficulté disparaît
pendant les éclipses totales, le disque de la Lune n'étant
alors presque plus perceptible, les observations peuvent être multipliées.
Les astronomes ont beaucoup utilisé une circonstance aussi exceptionnelle
en vue la détermination de la grandeur réelle du disque lunaire,
élément resté longtemps difficile à obtenir
d'une manière très précise, un seul bord étant
généralement éclairé et la diffraction venant
en plus troubler les observations.
-
Occultation
de saturne par la Lune.
(Source
: Site du Groupe d'Astronomie
de Spa).
Avant que des mesures
in situ puissent être réalisées, lors des missions
Apollo, ce sont les occultations qui ont prouvé que la densité
de l'atmosphère à la surface
de notre satellite est à peu près nulle. Si elle était
sensible, nous devrions voir l'étoile se projeter pendant quelques
instants sur le disque de la Lune avant l'immersion et reparaître
dans les mêmes conditions. Pour l'observateur, sur le bord obscur,
la chose n'est pas appréciable, les apparences relevées sur
le bord éclairé doivent tenir à la diffraction; elle
nous fait paraître le disque de la lune plus grand qu'il n'est en
réalité. Toutefois, il résulte de la discussion d'un
grand nombre d'observations que le diamètre de la Lune déduit
des occultations est d'environ 4" inférieur à celui fourni
par les mesures directes. L'atmosphère lunaire pouvait être
considérée, d'après ces études, à peu
près 900 fois moins dense que celle qui nous entoure, et diverses
autres données conduisaient à peu près à la
même conclusion.
Dans
l'ombre de Zeus...
En dehors des occultations,
on parle encore d'éclipse quand on a affaire à un satellite
qui, entrant dans le cône d'ombre projeté par sa planète
à l'opposite du Soleil, voit sa lumière
s'éteindre progressivement. C'est typiquement ce qui se produit
lors des éclipses de Lune, quand notre
satellite passe par l'ombre de la Terre. Après celles-là,
les éclipses de satellites qui ont joué un plus grand rôle
dans l'histoire de l'astronomie sont celles des satellites
galiléens de Jupiter.
C'est
en observant attentivement les variations des temps qui s'écoulent
entre deux éclipses consécutives de Io,
par exemple, que Roemer
a pu mesurer en 1675 la vitesse de la lumière. Par ailleurs, comme
les éclipses des satellites de Jupiter peuvent être aperçues
au même instant de différents endroits de la Terre, elles
ont été dans le passé un moyen très couramment
utilisé pour calculer la différence entre les méridiens
de ces différents lieux, et par conséquent leur longitude.
Cette méthode n'a perdu son intérêt qu'à partir
de 1860 quand l'utilisation du télégraphe a permet d'obtenir
les mêmes résultats plus simplement.
Ces éclipses
correspondent à l'obscurité produite sur le disque d'un satellite,
par l'ombre de la planète géante, qui se trouve alors placée
entre le Soleil et le satellite. Les satellites de Jupiter tournent
en peu de temps autour de cette planète : leur orbite est peu inclinée
par rapport à celle de Jupiter : et leur volume est très
petit en comparaison de celui de Jupiter. Il arrive de-là qu'à
chacune de leurs révolutions, ces satellites sont nécessairement
plongés dans l'ombre de Jupiter; d'où il suit que leurs éclipses
sont très fréquentes. Mais il faut savoir qu'avant l'opposition
de Jupiter, et pendant tout le temps qu'il passe au méridien
le matin ou après minuit, les éclipses de ses satellites
se font à l'ouest de Jupiter : au contraire après son opposition,
et pendant tout le temps que Jupiter passe au méridien le soir ou
après midi, ces éclipses se font à l'Est de Jupiter.
La distance apparente du satellite, par rapport à Jupiter, au moment
d'une éclipse; est d'autant plus grande, que Jupiter est plus près
de la quadrature.
Il y a principalement
deux choses à observer dans une éclipse d'un satellite jovien;
à savoir, son immersion et son émersion. Lorsque le satellite
commence à se plonger dans l'ombre, ce qui est le moment de son
immersion, on le voit diminuer peu à peu, et enfin disparaître
totalement; ce qui est l'immersion totale. Ensuite il faut être très
attentif à saisir le moment de son émersion, qui arrive à
l'instant on l'on commence à voir pointer le satellite : après
quoi on le voit augmenter peu à peu jusqu'au moment de l'émersion
totale.
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