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Aperçu |
Comme le suggère
leur nom, les aurores polaires sont des phénomènes
lumineux que l'on observe dans le ciel, surtout dans les régions
de latitudes élevées, que ce soit
dans l'hémisphère Nord - on parle alors d'aurores boréales
- ou dans l'hémisphère Sud - aurores australes. L'aspect
des aurores est très variable. Il peut correspondre à celui
de simple lueurs colorées, aussi bien qu'à de grandes draperies
ondulantes déployées sur une grande partie de la voûte
céleste. Ces phénomènes auroraux sont rarement
visibles aux latitudes moyennes, et se présentent
d'ordinaire sous la forme d'une simple coloration du ciel qui semble le
reflet d'un incendie. Le plus souvent, ces lueurs faiblement brillantes
brillantes échappent aux regards, à cause de la pollution
lumineuse occasionnée par l'urbanisation. Bien qu'exceptionnelles,
quelques aurores, qui ne méritent plus d'être qualifiées
de polaires, ont aussi été signalées à
la hauteur des tropiques.
- Aurore australe vue depuis la navette spatiale Discovery, en 1991. (Source : NASA). La nature des aurores polaires est longtemps restée assez mystérieuse. La direction constante de leurs arcs, par rapport au méridien magnétique, et les perturbations violentes qu'elles apportent pendant toute leur durée dans la direction de l'aiguille aimantée, leur ont fait certes attribuer assez tôt une origine électrique. Mais à quelle altitude avaient-elles lieu? Quels mécanismes étaient-ils à l'oeuvre? On sait aujourd'hui que ces lueurs sont en relation avec les interactions entre le vent solaire et le champ magnétique de la Terre. Elles résultent de l'afflux massif de particules électriquement chargées (électrons et protons surtout) soufflées par le Soleil lors de ses éruptions chromosphériques et qui, canalisées par le champ magnétique terrestre, frappent la haute atmosphère terrestre généralement à des altitudes qui se situent autour d'une centaine de kilomètres, mais qui peuvent atteindre jusqu'à 800 km - là où il n'y presque plus aucun atome à ioniser! - comme l'a montré en 2003 le satellite militaire Solar Mass Ejection Imager), dans les régions proches des pôles magnétiques, Nord et Sud. Se produisant simultanément dans les deux hémisphères, le maximum d'intensité des aurores a lieu le long d'un anneau en forme d'ellipse, l'ovale auroral, centrée sur chacun des pôles magnétiques et dont le rayon est d'une vingtaine de degrés. La première aurore australe qui ait été aperçue l'a été en 1773 par Cook qui se trouvait alors vers 60° de latitude Sud. Il résultera ensuite que les aurores se montrent fréquemment autour du pôle Sud de la Terre : certaines aurores, comprend-on, se forment au même moment autour du pôle Nord et du pôle Sud. Loomis publiera ainsi en 1861 un catalogue des aurores boréales observées à Christiania et des aurores australes observées à Stobarton (île de Diemen) dans lequel cette coïncidence se vérifie. Certains auteurs affirment même vers cette époque que l'on peut observer des aurores boréales depuis l'hémisphère Sud et des aurores australes depuis l'hémisphère Nord. Dalton, par exemple, affirme avoir observé plusieurs fois des aurores australes en Angleterre; d'autre part, le capitaine Lafond se trouvant par 45° de latitude Sud a vu, dit-il, une aurore boréale.Les aurores, qui sont donc un signe d'activité solaire, ont une fréquence qui s'accorde avec le cycle solaire. De plus, elles n'affectent pas seulement notre planète. On en a observé sur Jupiter et sur Saturne. - Aurore saturnienne. (Source : JPL / HST).
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Mise en ordre |
Le
déroulement d'une aurore polaire
En principe des aurores peuvent se produire à n'importe quelle heure de la journée - elles dépendent de l'humeur du Soleil et non de celle de nos horloges. En pratique, cela est surtout vrai lors des grandes crises. Pendant les périodes plus calmes, l'orientation de la Terre au fil de son mouvement diurne joue également un rôle, du fait de la dissymétrie de sa magnétosphère selon l'axe jour-nuit. Cependant une chose est sûre, c'est seulement quand la nuit est la plus noire que l'on peut espérer observer le phénomène.
Voici, d'après les témoignages de Lottin et Becquerel (Traité de météorologie) qui, en 1838 et 1839, ont observé 143 aurores en 206 jours passés à Bossekop, sur la côte occidentale de la Laponie norvégienne, par 70° de latitude, l'aspect que présente ce météore : Le soir, entre quatre et huit heures, la brume légère qui règne presque habituellement au Nord, à la hauteur de 4 à 6°, se colore à sa partie supérieure, ou plutôt se frange des lueurs de l'aurore qui existe derrière. Cette bordure devient de plus en plus régulière et forme un arc vague d'une couleur jaune pâle aux bords diffus, tournant sa concavité vers le sol, dont le sommet se trouve sensiblement dans le méridien magnétique, et dont les extrémités s'appuient sur les terres. Bientôt des stries noirâtres séparant régulièrement la mature lumineuse de l'arc qui s'élève lentement. Il se forme des rayons qui s'allongent, se raccourcissent lentement ou instantanément; ils dardent, augmentant ou diminuant subitement d'éclat. Les pieds de ces rayons offrent toujours la lumière la plus vive et forment un arc plus ou moins régulier. La longueur de ces rayons est très variée, mais tous convergent vers un même point du ciel indiqué par le prolongement du pôle austral de l'aiguille d'inclinaison. Parfois les rayons se prolongent jusqu'à leur point de concours et figurent ainsi une immense coupole lumineuse. L'arc continue de monter vers le zénith; il éprouve un mouvement ondulatoire dans sa lueur, l'éclat de chaque rayon augmentant successivement d'intensité. Parfois un de ses pieds, ou tous les deux, abandonnent l'horizon; l'arc ne forme plus qu'une longue bande ne rayons qui se contourne et se sépare en plusieurs parties en formant des courbes gracieuses qui se referment presque sur elles-mêmes et offrent n'importe dans quelle partie de la voûte céleste ce que l'on a nommé des couronnes boréales. L'éclat des rayons, variant subitement d'intensité, atteint celui des étoiles de première grandeur; ces rayons dardent avec rapidité, les courbes se forment et se déroulent comme les replis d'un serpent; puis les nappes se colorent, leur base est d'un rouge de sang clair, le milieu d'un vert émeraude pâle, et leur bord supérieur, comme la bande à laquelle elles paraissent suspendues, conserve la couleur jaune pâle. De nouveaux arcs se succèdent à l'horizon; on en a compté jusqu'à neuf : ils se serrent les uns contre les autres et vont disparaître vers le Sud. Quelquefois la masse des rayons qui ont déjà dépassé le zénith magnétique paraît venir du Sud et se réunissant avec deux du Nord donne la véritable couronne, ayant une forme ordinairement elliptique, rarement circulaire. Il arrive que cette couronne se forme aussi sans aucun arc préalable. La couronne s'affaiblit ensuite, les arcs pâlissent avant d'avoir atteint l'horizon du Sud, les rayons forment des lueurs pâles qu'on a désignées sous le nom de plaques aurorales; ils deviennent vagues et finissent par se confondre avec les nuages [a].Le plus souvent les aurores polaires n'ont pas, même pour les latitudes élevées, le brillant aspect de celle que nous venons de décrire, et qui ne correspond qu'à un type particulier d'aurores. L'autre type rassemble répond à celui de lueurs aux formes plus diffuses, mais aussi plus étendues. - Une aurore diffuse au sud de l'Australie (Source : Noaa Photo Library; (c) David Miller, NGDC). La nature de sa lumière La lumière des aurores est assez pâle pour rendre délicates les observations, cependant on peut la décomposer par un prisme ou un réseau et voir qu'elle donne un spectre à raies. La raie la plus remarquable se situe dans le jaune vert (longueur d'onde = 5577 angströms). C'est de beaucoup la plus brillante même quand l'aurore paraît très rouge. Lorsque les aurores sont plus fortes on voit d'autres raies dans le bleu et une raie rouge (longueur d'onde autour de 6300 angströms). Les premières recherches sur ce sujet remontent aux travaux de Angström, en 1868. Selon lui, la lumière de l'aurore boréale est presque monochromatique, elle se compose souvent de la seule raie jaune vert. Cette raie, note-t-il, ne coïncide pas avec les raies fournies par les gaz traversés par les étincelles électriques, mais semble correspondre à une raie qui existe dans la lumière zodiacale. De là, il conclura que la lumière des aurores peut provenir de deux sources, l'une analogue à la lumière zodiacale, l'autre analogue à celles des décharges électriques passant dans les gaz raréfiés. Les raies, autres que la raie jaune vert pouvaient en effet, expliquait-il, être attribuées à l'air. D'après Vogel, la raie jaune vert la plus brillante appartenait plutôt à l'azote, ainsi d'ailleurs que toutes les autres, à l'azote. Ces conceptions ont largement évolué depuis notamment grâce à la découverte et à l'identification par Ira Bowen (1928) des raies interdites, qui sont des raies absentes des spectres obtenus en laboratoire, mais caractéristiques des gaz très dilués dans le vide spatial. A cause de ces raies interdites, les malentendus occasionnés par le spectre des aurores polaires était encore plus profond à propos des nébuleuses où l'on a longtemps cru pouvoir reconnaître un élément chimique appelé le nébulium, et qui finalement n'existait pas...On sait aujourd'hui que les raies jaune-vert et rouge correspondent à des raies interdites de l'oxygène neutre. La plupart des raies et des bandes observées dans le bleu appartiennent à l'azote (atomes neutres et ionisés, ainsi que molécules ionisées). On reconnaît également dans les spectres visibles les premières raies de Balmer de l'hydrogène, la raie H-alpha dans le rouge, et la raie H-bêta, dans le bleu-vert, ainsi que la raie H-gamma, plus faible. Raies du spectre auroral comparé à celles du spectre solaire. (Source : Noaa Photo Library. Collection du Dr Herbert Kroehl, NGDC). Voici le tableau des premières raies
observées, avec le nom de leur découvreur, et la longueur
d'onde, exprimée en angströms (1angström = 0,1 nm = 10-10
m), qu'ils leur attribuaient :-
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[a]
On pourra lire une autre description d'une aurore au Chapitre
III dans la relation du Voyage en Laponie
de Maupertuis.
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Rouages |
La
production d'une aurore polaire
Le déclenchement d'une aurore polaire
tient tout entier à l'activité solaire. Notre étoile
peut, en seulement quelques heures, entrer en éruption. Ce qui va
provoquer l'expulsion en masse depuis son atmosphère de particules
se propageant rapidement dans l'espace. Après trois ou quatre jours
de voyage, les particules de ce vent solaire rapide, qui sont des électrons,
des protons et divers autres ions
positifs, atteignent le voisinage de la Terre et interagissent avec son
champ magnétique. Un phénomène qui prend le nom d'orage
géomagnétique, et dont les aurores ne constitueront que l'aspect
le plus spectaculaire.
Principe de production d'une aurore polaire. Pour l'essentiel, face à cet afflux
de particules électriquement chargées, le champ magnétique
terrestre joue le rôle de bouclier. Mais un petite proportion des
particules reste piégée, et va même se trouver canalisé
et même accélérée par le champ magnétique
dipolaire de notre globe en direction de ses pôles. L'émission
aurorale sera produite lorsque ces particules entreront en collision avec
les atomes et les molécules de l'atmosphère terrestre. La
rencontre se produit principalement le long d'un périmètre
ovale centré sur chacun des pôles magnétiques - un
ovale ou anneau auroral photographié pour
la première fois dans son ensemble en 1981, par le satellite Dynamics
Explorer - et généralement entre 100 et 300 km d'altitude.
Mais parfois la partie inférieure d'une aurore peut descendre jusqu'à
une soixantaine de kilomètres, et l'on en a vu se développer
jusqu'à 1000 km d'altitude.
Ovale auroral. (Source : Space Weather Center; image : L. Frank, Université de l'Iowa et NASA). Les collisions des particules de vent solaire avec les atomes et les molécules neutres que recèle notre haute atmosphère provoque l'excitation, et éventuellement l'ionisation de ces dernières. Rapidement, celles-ci retournent à leur état fondamental en restituant l'énergie acquise par le choc sous la forme d'un rayonnement électromagnétique, dans des longueurs d'onde caractéristiques de l'atome considéré. On comprend ainsi que les spectres des aurores soient dominés par les raies que produisent les deux principaux constituants de l'air : l'azote et l'oxygène.
Fréquence annuelle des aurores boréales sur l'ovale auroral. |
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