| Friedrich Karl Christian Ludwig Büchner est un philosophe et naturaliste né à Darmstadt le 29 mars 1824. Le père, qui était médecin, voulut faire de son fils un médecin. Le jeune homme fut donc envoyé à Giessen (1843), puis à Strasbourg, et en 1848 il revint à Giessen se faire recevoir docteur. De là il passa à Wurtzbourg où il connut le célèbre matérialiste Virchow, ce qui eut sur l'orientation définitive de son esprit une influence capitale. Peu de temps après, privat-docent à Tübingen, il faisait paraître Kraft und Stoff , en français Force et matière (Francfort, 1855; 15e éd.,1883; trad. fr., Leipzig, 1863; 6e éd., 1884), qui eut un énorme retentissement et fut traduit dans toutes les langues. Cet ouvrage, « fruit d'un enthousiasme fanatique pour le progrès de l'humanité » (Lange), essaie de démontrer l'éternité de la matière et de la force ; c'est en même temps une réhabilitation de l'expérience, source unique de la vérité, et un plaidoyer contre les causes finales. « La nature, y est-il dit, ne connaît ni intention, ni but, ni conditions quelconques, spirituelles ou matérielles qui lui soient imposées du dehors ou d'en haut. » Le scandale fut immense; Büchner, accusé d'immoralité, fut destitué. Il se retira à Darmstadt, où, tout en exerçant la médecine, il continua dans divers journaux ou revues l'apologie du matérialisme. Dans Natur und Geist (Francfort, 1857); Physiolog. Bilder (Leipzig, 1861-1875, 2 vol.), et Aus Natter und Wissensschaft (ibid., 1862; trad. fr. par le Dr Lauth, Paris, 1866, in-8; 2e éd., 1882), il a recueilli bon nombre de ses articles. Qu'il s'agit de physiologie, de pathologie ou de médecine légale; de Moleschott, de Buckle, de Schopenhauer ou de Darwin, toujours la préoccupation du matérialisme paraissait et soulevait des orages. En 1870 il publia à Leipzig Die Stellung des Menschen in der Natur (l'Homme selon la science, trad. Letourneau, Paris, 1875); en 1874, Der Gottesbegriff und seine Bedeutung, etc. (l'Idée de Dieu et son importance dans le présent) ; en 1882, Die Macht der Vererbung (la Puissance de l'hérédité); Aus dem Geistesleben der Thiere (la Vie psychique des bêtes, trad. Letourneau, Paris, 1881), est de 1876. Ce livre, dit Espinas, est avant tout un travail de vulgarisation, un ouvrage de science amusante au service des tendances philosophiques un peu confuses de l'auteur. Aussi bien Büchner est plutôt un vulgarisateur, un polémiste populaire, qu'un penseur original. Il n'a innové ni dans l'ensemble ni dans les détails. Sa philosophie est assez vague et flottante; par exemple, il ne définit clairement ni la matière ni la force. Au fond, son matérialisme se réduit le plus souvent à une protestation en faveur de la méthode scientifique et expérimentale. Telle est en même temps la raison de son succès : il a su, au moment opportun, suspendre à la grosse cloche, suivant la comparaison de Lange, ce que beaucoup pensaient tout bas. (L. Bélugou). | |