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La constellation du Bouvier |
La constellation
du Bouvier (Bootes)
est une constellation boréale renfermant quatre-vingt-cinq étoiles
visibles à l'oeil nu, située entre la Vierge
et la Lyre,
et dans laquelle se trouve la belle étoile Arcturus.
Cette constellation figure dans plusieurs mythes grecs. • L'un d'eux, fait du Bouvier, Bootes ou Arcas, qui donna son nom à l'Arcadie. Il était fils de Zeus et de Callisto, placée au pôle sous la forme d'une ourse. Ce mythe s'articule ainsi avec le principal mythe attaché à la constellation de la Grande Ourse.Les noms du Bouvier. La constellation du Bouvier a été aussi appelée Atlas et la mythologie dit qu'Atlas supportait l'axe du monde, parce qu'autrefois la tête du Bouvier était très rapprochée du pôle. Nigidius donnait à la constellation du Bouvier le nom d'Horus, ou de nourricier d'Horus, fils d'Osiris et de la Vierge Isis; Théon d'Alexandrie celui de Protrygêtès. Nonnus et Hésychius donnent aussi le nom d'Orion au Bouvier ou à Arcturus (Théon, Hésychius). Nonnus lui donne l'épithète de Grandinosus. On l'appellait aussi l'Astre Froid, et Cheimerinos , le vieil Icare et les étoiles de l'Ourse, les Boeufs d'Icare, Sydera Tarda. Cette constellation a porté encore plusieurs autres noms, dont voici les principaux, tels que les donnent Blaeuw, Riccioli, Bayer, Stoffler et Scaliger : • Bootis, Bubulus, Bubulcus, Tardibubulcus, Pastor, Custos Boum Curum trahentium, Clamans, Clamator, Vociferator. Il semble que ces derniers mots sont une mauvaise traduction du mot Bootès, qui signifie non pas Clamans, ou Boans, mais Bouvier.Les anciens auteurs nomment cette constellation aussi : Plaustri Custos, Ursae Custos Erymanthidos, Arcturus , Acturus Minor, Septemtrio, Lycaon, Orion , Plorans, Venator Ursrae, Insectans Ursam, Arctophylax; Custos Arcti, et Ursarum. Hastatus, Lanceator, Canis, Molossus Latrans, Sydus Horridum, Sagittifer, Cheguius, Ceginus, Thegius.Les astronomes arabes appellent la constellation en général : • Arramech, Alramech, Aramech et Deferens Lanceam (Al-Ferghani); quelquefois aussi c'est le nom d'Arcturus, Caleb, Henobach, Samech Haromach, Al-Hawa.Les anciennes représentations du Bouvier Le Bouvier est représenté, sur les globes, à demi vêtu (Caesius), avec une espèce de ceinture au-dessus des reins. Sur certaines cartes anciennes, la main droite du Bouvier est baissée et tient une massue; la main gauche est élevée dans la direction de la Grande Ourse et tient en laisse les deux Lévriers (aujourd'hui la constellation des Chiens de chasse) dont l'un a au cou une étoile de magnitude 3 environ, appelée le Coeur de Charles (Cor Caroli). Il est aussi représenté au ciel conduisant son chariot (Théon, Aratus, Hipparque), observant l'Ourse qu'il garde. Aussi Aratus lui donne l'épithète de surveillant et de Polysceptos. Il porte sa main gauche sur le cercle arctique, de manière qu'elle ne se lève ni ne se couche (Hyginus); il appuie son pied droit sur le tropique. II se couche avec le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, et le Lion; ce qui lui a fait donner, dit Hyginus, l'épithète de paresseux à se coucher. Les planisphères des astronomes turcs y peignent une Lance entortillée d'un faisceau d'herbes ou de feuillages; et ils l'appellent Hastile Canes (Alphonse X) habens, et Serpentes habens. Sur les cartes arabes, la constellation apparaît sous la forme d'un homme debout, les mains étendues en direction de diverses étoiles. Le Bouvier dans la mythologie grecqueLe mythe d'Arcas.'Arcas, est le personnage qui, selon la tradition, aurait donné son nom à l'Arcadie. Il était fils de Zeus et de Callisto, fille de Lycaon, celui-là même dont ce prince féroce servit dans un repas les membres à Zeus, afin d'éprouver s'il était un dieu, et s'il avait la conaissance que les dieux doivent avoir de toutes choses (Germanicus, Hyginus, Eratosthène). Il en fut puni; car Zeus, du feu de sa foudre, brûla sa maison, dans le lieu où fut bâtie Trapezonte (Pausanias), et le changea lui-même en Loup. Le dieu rassembla ensuite les membres du jeune Arcas, recomposa son corps, et le donna à nourrir à un certain chevrier d'Etolie. Le jeune Arcas devenu grand et chassant dans les forêts vit, sans le savoir, sa mère changée en Ourse. Comme il se disposait à la percer de ses traits, elle se réfugia dans le temple de Zeus Lycéen, où il la suivit. Une loi portait peine de mort contre quiconque y serait entré. Pour les soustraire à cette peine (Théon), Zeus, touché de leur sort, les plaça tous deux aux cieux, ou l'on voit encore Arcas s'attachant aux pas de l'Ourse. On le nomme ArctophyIax (Nonnus, Isidore de Séville), gardien du Pôle de l'Ourse, ou gardien du Chariot, qu'il paraît suivre, et des Septentrions, qui l'environnent (Germanicus). Lycaon son père était fils de Pelasge, le premier chef des hordes Arcadiennes, avant leur civilisation, si nous en croyons Pausanias. D'autres
versions du mythe d'Arcas.
Arcas régna sur ce pays après Nyctimus, et il enseigna aux humains à se nourrir du blé, dont Triptolème lui avait communiqué la découverte, à faire le pain , et à se couvrir d'habits. On remarquera, que le Bouvier accompagne la Vierge Déméter / Cérès, qui porte un épi, qu'il préside avec elle aux moissons, et qu'il annonce, par son lever total ; le commencement des froids de l'automne. C'est ce qui l'a fait nommer Philomèle le Laboureur, dans un autre mythe. Ovide a raconté l'aventure de Callisto et d'Arcas son fils, dans ses Fastes et dans ses Métamorphoses. Son récit s'accorde en grande partie avec les traditions, que nous venons de rapporter. Il y suppose que c'est Héra irritée , qui change Callisto en ourse; qu'elle erra dans les forêts, et que par la suite son fils en chassant se disposait à la percer, lorsque Zeus / Jupiter les enleva l'un et l'autre de la terre, pour les placer aux cieux , l'un à côté de l'autre. D'autres
détails sur Arcas.
Arcas avait son tombeau, ses temples et ses sacrifices en Arcadie (Pausanias), ainsi que Callisto sa mère. Athènes et Delphes retraçaient son image, dans des statues et des peintures. Et si c'était
Icare...
Dionysos voyageant par toute la terre,
pour y faire connaître la précieuse découverte du vin
(Hyginus), arriva dans l'Attique
chez Icare (Pausanias),et chez Erigone
sa fille, qui lui donnèrent l'hospitalité. Ce dieu leur donna
une outre pleine de vin, en leur enjoignant de propager la culture de la
vigne par toute la terre, et d'y faire connaître ses présents.
Icare charge cette outre, et se met à voyager, accompagné
d'Erigone sa fille, et de son chien Moera (ou Mera). Il rencontré
dans l'Attique des bergers, à qui il fait part de la nouvelle découverte,
et à qui il fait goûter le jus délicieux de Dionysos.
Les bergers, en ayant bu outre mesure, s'enivrèrent et tombèrent
dans une espèce de délire. S'étant imaginé
qu'Icare leur avait donné un breuvage funeste, ils s'armèrent
de pierres et de bâtons, et le tuèrent. Son chien Moera, hurlant
près du lieu où l'on avait caché son cadavre, le fit
découvrir à Erigone sa fille, qui de désespoir se
pendit près du corps de son père.
On peut comprendre le rapprochement qui peut être fait entre cette institution des fêtes athéniennes et les offrandes faites à la Vierge et au Bouvier, quand on se rappele qu'on peut leur faire faire l'ouverture de l'automne et des vendanges (Hésiode); que la Vierge même a une étoile (Epsilôn Virginis) à qui cette circonstance a fait donner le nom de Vendangeuse (Vindemiatrix), et qu'enfin leur lever est supposé tempérer les ardeurs caniculaires, qui produisent les maladies. Le voisinage, dans lequel le Bouvier est de la Vierge et de la Balance, l'a fait passer pour un homme recommandable par sa justice et par sa piété (Hyginus), comme l'était Noé pour les Hébreux, qui le premier planta aussi la vigne. Ce furent ces vertus, qui lui méritèrent la faveur, que lui accorda Dionysos, d'être le premier dépositaire de la vigne, des raisins et du vin, et de l'art de la planter, de la cultiver et de se servir de son fruit. On prétend, que lorsqu'il l'eût plantée et cultivée avec soin, au point de la faire fleurir, un bouc vint se jeter dessus, et en brouter les feuilles les plus tendres; qu'Icare irrité l'avait tué et avait fait de sa peau une outre qu'il avait enflée, et sur laquelle il avait engagé ses compagnons à sauter. Hyginus raconte ailleurs la même aventure avec plus de détails. Après nous avoir fait la peinture des effets de l'ivresse sur les pâtres à qui Icare donna du vin, il nous dit que, l'ayant tué, ils jetèrent son corps dans un puits, ou, suivant d'autres, qu'ils l'enterrèrent au pied d'un arbre. Ceux d'entre eux, qui n'avaient pas pris part au meurtre d'Icare, parce qu'ils s'étaient endormis, venant à se réveiller, songèrent à témoigner leur reconnaissance à leur bienfaiteur. Les autres, pressés par le remords, prirent la fuite, et se réfugièrent chez les Etoliens, où ils furent reçus, et où ils se fixèrent. Erigone, ne voyant pas revenir son père, fut inquiète et se mit à sa recherche. Moera (Mera), chien d'Icare, revint à la maison en hurlant, comme s'il eût pleuré la mort de son maître, et par là il donna à Erigone de violents soupçons sur la mort de son père, dont une absence aussi longue lui avait déjà fait pressentir le triste sort. Le chien, fidèle au souvenir de son maître, prend Erigone par les pans de sa robe, et la conduit au lieu où était le cadavre. Dès qu'elle aperçut son père, dans le désespoir, l'abandon et la misère où elle se trouva, après avoir versé des torrents de larmes, elle ne vit d'autre ressource, que de se pendre aux branches de l'arbre, au pied duquel on avait enterré Icare. D'autres disent, qu'elle se jeta dans le puits, où il était; puits, qu'on nommait Anigrus, et dont personne ne but plus dans la suite. Zeus, touché par leur sort, les plaça aux cieux. D'autres disent que ce fut Dionysos. Icare devint le Bouvier, Erigone la Vierge, et leur chien Moera, la Canicule ou Procyon (la constellation du Petit Chien), qui se lève avant le Grand Chien. Cependant une foule de filles Athéniennes se pendaient tous les jours, parce qu'Erigone en mourant avait demandé aux dieux, qu'elles mourussent de la même mort, dont elle était morte elle-même, si l'on ne vengeait sa mort. Ce fut en conséquence de cela, que, guidés par l'oracle d'Apollon, ils instituèrent des fêtes, ou l'on se balançoit dans l'air comme avait fait le corps d'Erigone. Ce sacrifice solennel, adopté par les particuliers et par l'Etat, se nomma Alêtis parce qu'Erigone, cherchant dans la solitude avec son chien le père qu'elle avait perdu, ressemblait aux mendiants que les Grecs nomment Alétides. On donna a Erigone les noms d'Aiora et d'Alêtis (Eratosthène). On la faisait quelquefois fille d'Egisthe, et mère de Penthilus (Pausanias), et l'on célébrait en son honneur les fêtes Aiora. On ajoute que la Canicule par son lever brûlait les campagnes et les fruits de l'Attique, et produisait des maladies contagieuses. Aristée, fils d'Apollon et de Cyrène, placé dans le Verseau, avec lequel se lève le Bouvier Icare (Ovide, Fastes), et qui monte le soir au solstice d'été, au lever du matin de la canicule, consulta les dieux, pour connaître le moyen d'appaiser ces fléaux. Il lui fut répondu qu'il devait chercher à apaiser les mânes d'Icare, du Bouvier ou de la constellation, qui ramène le frais de l'automne, et demander à Zeus que les vents étésiens soufflassent au lever de la Canicule, pendant quarante jours. C'est à peu près le temps que les calendriers anciens mettent, entre le lever de Procyon et celui du Bouvier (Germanicus). Aristée obéit a l'oracle, et obtint l'effet de sa demande. Plutarque raconte l'histoire du Bouvier, sous le nom d'Icare, à quelques circonstances près de différence. C'est Cronos / Saturne, qui a son exaltation dans la Balance, près du Bouvier, et son domicile dans le Capricorne et le Verseau, qu'il fait arriver chez Icare. Celui-ci avait une fille d'une rare beauté, nommée Entoria, dont il eut pour fils Janus, Hymnus, Faustus et Félix. Le reste de l'histoire est à peu près tel que nous l'avons raconté, à l'exception de ce qu'il dit des fils de la fille d'Icare, qui se pendirent aussi. Cronos les plaça tous aux cieux. Les uns devinrent la Vendangeuse, ou l'étoile de la Vierge connue sous ce nom; et Janus est une étoile, près des pieds de la Vierge, qui les précède dans son lever. ... Ou bien le
fils de Déméter?
Les étoiles du BouvierArcturus.On distingue principalement, dans la constellation du Bouvier, une étoile rougeâtre, de magnitude 0, connue, dans tous les calendriers anciens, sous le nom d'Arcturus, étoile aussi observée des laboureurs, qu'elle l'était des navigateurs (Virgile, Géorgiques). Cette étoile est placée sur le prolongement de la queue de la Grande Ourse, à peu près au milieu de l'intervalle qui sépare l'extrémité de l'Ourse, de l'Epi de la Vierge (Alpha Virginis). Elle se lève aux approches de l'automne (Isidore de séville, Origines); elle semble appartenir à la partie inférieure de la Ceinture du Bouvier (Hyginus, Aratus), Arcturi Oura; elle est placée entre ses cuisses (Germanicus, Eratosthène, Proclus, Théon). On donna aussi à la belle étoile Arcturus le nom d'Eosphoros, ou de Lucifer. On donne aussi à Arcturus les noms de Pugio, Gladius; d'Azimech, d'Azimeth; nom qui convient mieux à l'Epi de la Vierge; d'Al-Kameluz, de Kolanza (Riccioli, Alphonse X), d'Azemer, et d'Aramer. On a étendu quelquefois cette dénomination d'Arcturus (Théon) à toute la constellation. Les autres étoiles
de la constellation.
L'étoile double Dzêta, située tout aa bas de cette constellation, était Janus, le dieu du temps chez les Romains. La plus boréale des étoiles de la jambe gauche (Ulugh-Beg) se nomme Muphrid al-Râmih; celle d'entre les cuisses, Simâk-al-Rami. Les astronomes arabes, traduisant par Clamans le mot Bootès, l'ont appelé Auwa, Vociferator. Ils y placent une étoile brillante, appelée Al-Simâk al-Râmih, Efferens Hastiferum; dans la partie australe est la brillante Al-Simâk, Al-Azal, Efferens Inermem. Simâk-al-Râmih, appelée mal-à-propos Huzmè, est celle qu'on nomme habituellement Arcture ou Arcturus. Dans les Tables Persiques, on le nomme Kontartos, Contifer, Hastili Armatus; d'autres tables le nomment Alnekkar, Fossor, Pastinator. L'étoile, qui près de la ceinture, se nomme Mezer, Merer, Mirach; celle de l'épaule gauche, Ceginus; à la main droite sont trois étoiles, appelées les trois Anes, le premier, le second et le troisième. Celle de la lance, Calauropon , Clava , Hastile Cavum, Venabulum, Incalurum. Al-Kalaurops, Colorrobon. Celle de la Faux, Marra, Merga, Falx Italica (Bayer, Riccioli). L'année du Bouvier et ses présagesLe Bouvier, tels qu'on se le représentait dans l'Antiquité, descend les pieds les premiers. Il se lève, avant la Balance; son coucher coïncide avec celui de quatre signes, dit Théon. Au temps de Numa, le lever de l'étoile de Janus (un lever qui précéde celui de la Vierge) annonçait une nouvelle année. Au lever du Cancer, la plus grande partie du Bouvier est couchée. Il commence a descendre sous l'horizon, au lever du Taureau; il se lève tout entier avec les Chèles (Scorpion), ou avec la Balance (Théon); il commence à se coucher, lorsque la queue de la Baleine monte.Son coucher d'hiver est fort redouté. Le Bouvier est classé, comme Orion et comme les Chevreaux, parmi les astres appelés Horrida (Germanicus, Pline). Columelle marque un lever du matin d'Arcturus en février, vers le six ou le cinq avant les calendes de mars; et un autre, cinquante jours après celui de la Canicule. Il dit, que le lever de l'Arcturus, qui annonce le retour de l'hirondelle, présage une température plus douce. Le même auteur marque, au neuf des
calendes de mars, un lever du soir d'Arcturus , avec annonce de froid,
du souffle des vents aquilon, et corus, et avec pluie. Il fixe, au onze
et dix des calendes de juin, le coucher du matin d'Arcturus, avec annonce
de tempête.
Hésiode lie le lever du matin d'Arcturus, avec le passage au méridien d'Orion et de Sirius, et il en fait l'indication des vendanges. Ovide, dans son calendrier des Fastes, fixe le commencement du printemps ou du primum ver, à la veille du lever du Bouvier et de la fête de Faunus. Il marque, au quatre des nones de mars, le coucher du Bouvier le matin, et du Vindemiator, dans lequel fut placé le jeune la Vigne ou Ampelus, aimé de Bacchus. Le même Ovide annonce un coucher du Bouvier, pour le sept des calendes de juin, et un autre au sept des ides. Il était une indication de beaucoup de phénomènes, et un grand signe (Aratus). On peut voir dans Germanicus plusieurs de ces indications météorologiques. La durée de son séjour sur l'horizon et sa marche lente, le firent appeler Opsédyon (Hyginus), Tardus, et Senior (Martianus Capella). (Ch. Dupuis / L. Barré). |
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