| Botta (Moïse), littérateur de langue roumaine né à Arad (Hongrie) vers la fin du XVIIIe siècle, mort en 1872. Cet homme actif et laborieux n'a peut-être pas produit des oeuvres d'une valeur hors ligne, mais il a le mérite incontestable d'avoir écrit en roumain à une époque où le nombre des écrivains roumains, tant en deçà qu'au delà des Carpates, était excessivement restreint. Simple enfant du peuple il eut peu de moyens d'acquérir une instruction supérieure; il sut cultiver surtout son talent naturel que l'on ne peut lui contester. Contemporain et même ami du célèbre fabuliste Cichindeal, il profita des connaissances de ce dernier, et tout en remplissant pendant plusieurs années les fonctions de simple professeur dans plusieurs communes du Banat, il travailla au perfectionnement de la langue et au réveil de la conscience nationale à cette époque où la langue roumaine, chassée de l'église et de l'école par suite de l'introduction de la langue serbe, avait le plus grand besoin de culture et de protection. Moïse Botta poussa la hardiesse, car c'en était une à ce moment, à imprimer en 1820 un petit abécédaire avec des lettres latines, qui est le premier ouvrage de ce genre dans la littérature roumaine et pour lequel le pauvre professeur fut chassé du territoire du Banat, et obligé de se réfugier à Sibiiu, où il fut accueilli par l'évêque Moga. Là, dans le cours de deux ans, il édita deux calendriers fort précieux pour ce temps. Il dirigea une longue polémique contre le patriarche serbe de Carlovitz et écrivit une quantité de satires contre l'introduction de la langue serbe dans les églises et les écoles roumaines. Plus tard, il retourna dans le Banat, puis dans son pays natal où nous le voyons pour la dernière fois publier quelques poésies dans l'almanach Mugurii, édité à Arad en 1858. Vers 1860, Moïse Botta, chargé d'ans, mais ayant l'âme encore jeune et pleine du feu patriotique le plus pur, se fixa à Baia-de-Crisu, chef-lieu du district de Zarand, où, grâce à la protection de M. Hodos, il obtint un poste de copiste dans la chancellerie de la préfecture de ce district, jusqu'en 1872. (J. Monnier). | |
| Botta (Carlo). - Historien, né en 1766 à Saint-Georges en Piémont, mort à Paris en 1837, étudia d'abord la médecine et fut employé comme médecin à l'armée d'Italie. Envoyé à Paris en 1806 à la tête d'une députation piémontaise, il se fixa en France et fut élu membre du Corps législatif par le département de la Doire. Pendant les Cent jours, Carlo Botta fut nommé recteur de l'Académie de Nancy. Il remplit les mêmes fonctions à Rouen jusqu'en 1822. Ses principaux ouvrages sont: Histoire de la guerre de l'indépendance des États-Unis; Histoire de l'Italie depuis 1789 jusqu'en 1814; Histoire de l'Italie continuée depuis la fin de l'Histoire de Guichardin jusqu'en 1789, 10 vol. in-8 ce dernier est son principal titre. Ses ouvrages, écrits en italien, ont été traduits en français. Comme historien, Botta est l'émule de Guichardin, dont il a complété l'oeuvre. |
| Botta (Paul-Emile), archéologue, fils de l'historien Carlo Botta (ci-dessus), né à Turin le 6 décembre 1802 et décédé le 29 mars 1870. Il fut successivement consul de France à Alexandrie, à Mossoul et à Tripoli. Vers 1840, le savant Jules Mohl eut l'idée de faire entreprendre dans la vallée du Tigre et de l'Euphrate une exploration archéologique analogue à celle dont l'Égypte était le théâtre depuis un demi-siècle : il fut le promoteur d'une proposition qui amena le gouvernement français à créer le vice-consulat de Mossoul. On conflit ce poste presque exclusivement archéologique à Paul-Emile Botta, alors consul à Alexandrie, avec la mission secrète de rechercher les ruines de Ninive : Botta entra en fonctions le 22 mai 1842, et se mit immédiatement à explorer les monticules des bords du Tigre. Il commença des fouilles sur le tertre, de Koyoundjik et trouva des briques couvertes d'inscriptions cunéiformes, mais rien ne faisait prévoir des découvertes importantes; alors guidé par les renseignements que lui fournirent les habitants du pays, Botta transporta, le 20 mars 1843, son chantier de fouilles au village de Khorsabad, à 16 kilomètres au Nord-Est de Mossoul. Un monde inconnu ne tarda pas à surgir sous la pioche des explorateurs comme sous la baguette d'une fée; c'était un immense palais avec des portiques ornés de taureaux ailés gigantesques, des salles dont les parois étaient couvertes de bas-reliefs et d'inscriptions cunéiformes. Le 7 juillet 1843, MohI communiquait à l'Académie des inscriptions le premier rapport de Botta sur les heureux résultats de ses fouilles : il excita, comme les suivants, un vif enthousiasme et on envoya à Botta un auxiliaire, le dessinateur Flandin, qui arriva à Mossoul le 4 mai 1844. L'ensemble des sculptures et des bas-reliefs découverts par Botta, mis bout à bout, couvriraient une étendue de 2 kilomètres : la plupart de ces monuments forment le fond essentiel du musée assyrien du Louvre. Botta crut avoir rendu Ninive à l'histoire : il se trompait. Le monticule de Khorsabad, si vaste qu'il fut, ne représentait que les ruines du palais qu'un roi d'Assyrie, Saryukin ou Sargon, s'était fait construire à quelque distance de sa capitale vers l'an 700 avant notre ère. Plus tard, Victor Place, le successeur de Botta au poste de Mossoul, poursuivit les fouilles, et le palais de Sargon entièrement déblayé ne comprenait pas moins de 209 chambres, couvrant avec les terrasses qui en formaient le soubassement une superficie de 40 hectares. Botta se proposait de poursuivre ses fouilles de Koyoundjik, lorsque survint la révolution de 1848 : il fut envoyé en disgrâce à Tripoli (Syrie). Pendant ce temps, les archéologues anglais, mettaient, on peut le dire, la main sur la Mésopotamie. Sir Austen H. Layard, témoin émerveillé des fouilles de Botta, commença, dès 1845, des excavations dans les flancs des collines de Nimroud et de Kalah-Chergat, puis il reprit pour le compte de l'Angleterre les fouilles de Koyoundjik abandonnées par la France : ce fut lui qui sut découvrir le véritable emplacement de Ninive, et les splendides galeries dites de Nimroud et de Koyoundjik, au British Museum, témoignent de la richesse et de l'intérêt des monuments qu'il eut la bonne fortune de déterrer. Les découvertes de Botta ont eu une immense influence sur les études archéologiques et sur la connaissance des anciennes civilisations orientales. Elles provoquèrent le déchiffrement scientifique des écritures cunéiformes; elles fournirent à la linguistique et à l'histoire des documents essentiels et nombreux à l'infini; elles révélèrent un art singulièrement original, aussi puissant que celui de l'Égypte et qui ne fut pas sans influence sur les débuts de l'art hellénique; elles attirèrent enfin les regards des savants sur les antiquités de l'Asie occidentale. Botta a publié outre ses Rapports sur ses fouilles : Inscriptions découvertes à Khorsabad (1848); Monument de Ninive découvert et décrit par P.-E. Botta (1849-1850, 5 vol. in-fol.) : ce grand et somptueux ouvrage est la description et la reproduction des monuments découverts à Khorsabad. On lui doit aussi : Relation d'un voyage dans l'Yémen (1841). (E. Babelon). |