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Bocage (biographies)

Pierre-Martinien Tousez, dit Bocage, est un célèbre acteur français, né à Rouen en 1797 et mort à Paris le 30 août 1863. Bocage est un des grands artistes de la période romantique. Le romantisme lui doit des succès, et il dut ses plus grands triomphes à quelques-uns des principaux drames d'Alexandre Dumas.

Bocage était ouvrier cardeur dans une fabrique de Rouen, et il n'y gagnait que 3 francs par semaine. Il vint à Paris et tenta dix métiers. Tour à tour, il se fit garçon épicier, commis à la guerre, clerc d'huissier, etc. Il ne réussit dans aucun. Il parvint à faire partie d'une mauvaise troupe ambulante qui exploitait la province, Ces débuts furent pour lui un dur apprentissage de son nouveau métier qu'il ignorait totalement. Il revint à Paris en 1821. Grâce à la protection du duc de Duras, gentilhomme de la Chambre, qu'il connut on ne sait trop comment, mais qu'il parvint à attendrir et à séduire, il fut admis à se présenter à la Comédie-Française le 24 juin 1821, et il y joua à titre d'essai le rôle de Saint-Alme de l'Abbé de l'Epée de Bouilly. Refusé, il regagna la province dans le but d'y gagner, à force de pratique, les qualités de maintien et de diction qui lui faisaient encore défaut. Il ne revint à Paris que cinq ans plus tard, en 1826, et fut admis à l'Odéon. Il y joua Tartufe, mais sans grand éclat; il y créa peu de temps après un rôle important dans l'Homme du monde, d'Ancelot. Son succès fut considérable. Après deux nouvelles créations, l'une dans l'Homme habile, comédie de d'Epagny, l'autre dans le Dernier jour de Missolonghi, drame d'Ozaneaux, Bocage quitta l'Odéon et passa au théâtre de la Gaîté où, le 24 octobre 1829, il débuta dans un mélodrame de Ch. Desnoyers, Alice ou les Fossoyeurs écossais. A ce moment, Bocage avait trouvé sa vraie voie. Il avait de la grâce, mais encore davantage de la force. Le drame lui convenait donc mieux que la comédie, trop fine généralement et un peu grêle pour les emportements de sa voix et les élans de son jeu. Il chercha à jouer surtout la drame, et à la Gaîté, il créa le rôle de Wilfrid dans un mélodrame de Thomas Sauvage, Newgate ou les Voleurs de Londres, où il obtint un nouveau et légitime succès. En 1830, il passait à la Porte-Saint-Martin où il reprenait l'Homme du monde. Quelques mois après, au même théâtre, il contribuait puissamment à deux nouveaux succès, dans un drame intitulé Napoléon ou Schoenbrunn et Sainte-Hélène, et dans le rôle de vieux curé d'un drame  audacieux et à grand effet : l'Incendiaire ou la Cure et l'Archevêché.

Mais ce fut bien autre chose avec les drames de la nouvelle école. Ce fut Bocage qui créa le principal rôle d'Antony et de la Tour de Nesles, se mouvant à merveille dans ces personnages à panaches et faisant admirablement ressortir le contraste de ces natures passionnées dans le bien comme dans le mal. Bocage fut dès lors salué comme l'interprète indiqué des drames nouveaux. Son nom fut jeté dans la mêlée de la critique, et s'il reçut les horions des classiques, il fut par les jeunes élevé sur le pavois. On conspua l'acteur pour mieux nier l'école qu'il personnifiait sur la scène, mais les romantiques ne se tinrent pas pour battus, et Bocage fut proclamé le plus intelligent et le plus chaleureux des amoureux de théâtre.

Bocage fut engagé à la Comédie-Française; il ne fut que médiocre dans le rôle de Danville de l'Ecole des Vieillards, mais réussit mieux dans un drame de Frédéric Soulié, Clotilde. Il fut moins heureux dans le Misanthrope et dans Nicomède; aussi après avoir créé le rôle de Lovelace dans Clarisse Harlowe, de Dinaux, il céda à l'hostilité persistante de ses camarades, et revint à la Porte-Saint-Martin.

Il y remporta de nouveaux et brillants succès dans Angèle, d'Alexandre Dumas; dans les Sept enfants de Lara, de Félicien Mallefille, et dans huit ou dix autres drames. En 1840, Bocage passa au Gymnase, mais là il ne pouvait ni bondir, ni rugir à son aise; les habitudes du Gymnase lui interdisaient de grossir la voix; il y remporta cependant quelques succès, mais il revint, en 1843, à l'Odéon, où il ramena la foule en jouant la Lucrèce, de Ponsard, et l'Antigone, de Paul Meurice et Auguste Vacquerie.

Le 1er juin 1845, Bocage devenait directeur de l'Odéon avec une subvention de 60.000 francs qui fut bientôt portée à 100.000 francs. Agnès de Méranie, de Ponsard, lui valut notamment un nouveau succès. Abandonnant bientôt la direction de l'Odéon, il faisait sa rentrée au Théâtre-Français, et le 2 novembre 1848 créait le rôle de Richelieu dans la Vieillesse de Richelieu, comédie en cinq actes, d'Octave Feuillet et Paul Bocage. Ce rôle ne convenait que médiocrement à son talent, aussi le succès fut-il assez éphémère. L'année suivante, il renonçait définitivement à la Comédie-Française et reprenait la direction de l'Odéon. Celle-ci fut marquée par le triomphe éclatant de François le Champi que Bocage avait conseillé à George Sand de porter à la scène. Peu après, Bocage revenait à la Porte-Saint-Martin et s'y faisait applaudir dans le père Rémy de la Claudia de G. Sand. En 1854, il entrait au Vaudeville où il jouait le Marbrier, d'Alexandre Dumas, et revenait aussitôt au théâtre de la Porte-Saint-Martin. En 1860, il prenait la direction du théâtre Saint-Marcel, où, sur une scène bien insuffisante et cadrant mal à ses allures, il remportait un grand succès dans le Barde gaulois, et il allait finir sa carrière à l'Ambigu. Sa dernière création - et l'une des plus belles - fut, en 1862, celle des Beaux Messieurs de Bois-Doré. Il expirait en 1863, en pleine réputation. 

Les jours de lutte du romantisme constituent néanmoins la belle époque de la vie de Bocage. Il n'avait pas le génie de Frédérick-Lemaître, il lui manquait ce je ne sais quoi de nerveusement chevaleresque, de magiquement idéal, qui est la marque des très grands artistes. Mais il apportait dans ses rôles un soin de composition et une perfection rares. Son physique, qui n'avait rien gardé de l'ancien ouvrier cardeur, était grand, élancé. Sa beauté sombre dans Antony avait frappé tous les regards. Henri Heine écrivait : " Bocage, beau comme Apollon". Sous la mélancolie de son regard se cachaient, d'ailleurs, une ardente passion, une sensibilité extrême qui éclataient sur la scène. (Ch. De Larivière).

Paul Tousez, dit Paul Bocage est un écrivain français, neveu du célèbre acteur (ci-dessus), né à Paris en 1824, mort dans la même ville le 25 septembre 1887. Condisciple d'Octave Feuillet au lycée Louis-le-Grand, il écrivit avec lui et Albert Aubert, dans le National, sous le pseudonyme de Désiré Hazard; un feuilleton intitulé le Grand Vieillard, qui parodiait les interminables affabulations alors en vogue. Puis les deux amis firent successivement représenter : Echec et Mat, comédie en cinq actes (Odéon, 1846); Palma ou la Nuit du vendredi saint, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 1847); la Vieillesse de Richelieu, comédie en cinq actes (Théâtre-Français, novembre 1848), et enfin York, comédie vaudeville en un acte (Palais-Royal, 1852). Toutes ces pièces ont été, imprimées sous les noms des deux auteurs. 

Paul Bocage fut aussi le collaborateur de Méry et Gérard de Nerval pour le Chariot d'enfant (Odéon, 1850), d'Alexandre Dumas pour le Marbrier (1854), Romulus (1855) et l'Invitation à la valse (1857), de Th. Cogniard pour Janot chez les sauvages, vaudeville en un acte (1856), d'Aurélien Scholl pour la Question d'amour (1864). Rédacteur du Mousquetaire, journal d'Alexandre Dumas, il a fourni durant plusieurs années une part considérable aux ouvrages publiés sous la seule signature de son chef; de ce nombre furent : le Bric-à-brac, recueil de causeries et de fantaisies (1861, 2 volumes), et surtout les Mohicans de Paris d'où les auteurs, tirèrent un drame joué sous le même titre. Paul Bocage avait également écrit et signé un autre grand roman; les Puritains de Paris (1860-1862, 20 volumes). (M. Tx.).

Henri Bocage est un auteur dramatique français, né à Paris en 1835. Ingénieur de profession, Bocage s'est fait un nom dans la littérature dramatique. On lui doit un grand nombre de pièces de théâtre dont quelques-unes ont obtenu un franc succès et quelques romans. Nous citerons : L'Architecte de ces dames, comédie vaudeville (1869); la Canne de Damoclès, comédie (1871); une Fille d'Eve, comédie (1875), en collaboration avec R. Deslandes; le Tour du cadran, folie vaudeville (1873), avec H. Crémieux, les Trois Margot, opéra bouffe (1877), avec H. Chabrillat; le Jeu de l'amour et du houzard, vaudeville (1877), avec J. Moinaux; la Poudre d'escampette, vaudeville (1878), avec Hennequin; la Girouette, opéra-comique (1880), avec Hémery; les Trois Bougies, comédie (1880), avec L. Leroy; les Poupées de l'Infante, opéra-comique tiré d'une nouvelle de Roger de Beauvoir (1881), avec Armand Liorat; En partie fine, comédie (1885); la Doctoresse, comédie (1885), avec H. Ferrier; Contes baroques, l'Homme aux cinq cervelles, le Prince Mystère (Paris, 1873); le Bel Armand (Paris, 1879). 
Michel-Joseph de Bocage de Bléville est un voyageur français, né au Havre en 1676, mort en 1728. Lieutenant de vaisseau, il fut chargé d'une mission sur les côtes du Pérou en octobre 1707. Il ne revint en France qu'en 1716, après avoir trafiqué pour son compte en Chine et aux Indes, et avoir découvert, chemin faisant, plusieurs îles, entre autres celle de la Passion (I. Clipperton).

Son fils, Michel-Joseph B., né au Havre le 5 mai 1707, mort le 9 juin 1756, fut armateur. Il a publié les ouvrages suivants : Mémoires sur le port; la navigation et le commerce du Havre (Le Havre, 1753); Observations d'histoire naturelle sur quelques particularités des environs du Havre (Le Havre; 1753); Traité des eaux minérales et ferrugineuses de Bléville, etc. Sous le pseudonyme d'Egacobud, il a écrit aussi un roman : la Princesse Coque d'oeuf et le prince Bonbon (La Haye, 1745). (GE).

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Dictionnaire biographique
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