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Baltard (L. Pierre). - Architecte et graveur, né en 1764 à Paris, mort en 1846, manifesta de bonne heure d'heureuses dispositions pour le dessin, fut remarqué par le baron de Breteuil, ministre de la maison du roi, qui lui procura les moyens de visiter l'Italie, fut rappelé en France par la Révolution, s'enrôla, fut adjoint au génie militaire, et devint successivement professeur d'architecture à l'École polytechnique à École des beaux-arts, architecte du Panthéon et des prisons, membre des conseils des bâtiments et des travaux publics. On doit à Pierre Baltard plusieurs constructions monumentales (Palais de justice à Lyon, Chapelles de Saint-Lazare et de Sainte-Pélagie à Paris, etc.). En outre, il a gravé, avec un talent qui l'égale à Piranesi, une foule de planches soit au burin, soit à l'eau-forte ou à l'aqua-tinta, notamment des Vues des monuments de Rome (1801); les planches du Voyage en Égyptede Denon (1802); Paris et ses monuments (1803); la Colonne de la Grande armée (1810), les planches du Voyage en Espagne d'Al. de La Borde, du Voyage à Thèbes de Cailliaud, des Antiquités de la Nubie de Gau, et les Grands prix d'architecture, collection continuée par son fils. | ||
Baltard (Victor). - Architecte né à Paris le 19 juin 1805, mort à Paris le 13 janvier 1874. Fils du précédent, Victor Baltard fit de très bonnes études classiques au lycée Henri IV où il se prépara pour l'École polytechnique; mais, obéissant aux désirs de son père, il se présenta, en 1824, à l'École royale des beaux-arts où il fut reçu le premier dans la section d'architecture et, de plus, élève du peintre Guillon Lethière, il se fit admettre, en 1828, dans la section de peinture de l'École et poursuivit pendant cinq ans ses études dans ces deux sections, tout en commençant, dès 1827, sa carrière administrative. Nommé d'abord conducteur surnuméraire, puis titulaire des travaux de l'église Notre-Dame-de-Lorette, il participa, en 1831, comme inspecteur, aux premières fêtes anniversaires de la Révolution de juillet et fut nommé, en 1832, sous-inspecteur des travaux de la colonne de la Bastille, des Archives et du Conservatoire des arts et métiers. Pendant cette période, il obtint plusieurs médailles à l'École des beaux-arts, la grande médaille, d'émulation ou prix départemental en 1832 et le premier grand prix de Rome en 1833, sur un projet d'École militaire, projet consciencieux et bien dessiné, mais quelque peu semblable comme style à tous ceux de cette époque et ne décelant nullement (peut-être à dessein) tout ce que Baltard devait prodiguer un jour d'imagination et d'ingénieuses recherches dans ses conceptions monumentales ou ornementales. A Rome ou en Italie et en Sicile, de 1834 à 1839, Victor Baltard remplit ses obligations de pensionnaire avec un zèle qui lui valut plus d'une fois les éloges de l'Académie, et il faut citer, parmi les relevés, études ou dessins qu'il fit à cette époque : le Panthéon d'Agrippa, de nombreux tombeaux de l'Antiquité ou du Moyen âge, les temples grecs de Sélinonte et d'Agrigente; son envoi de quatrième année, la restauration du théâtre de Pompée à Rome (dix feuilles de dessins et un mémoire); des aquarelles d'après plusieurs basiliques de la Renaissance italienne; son projet de cinquième année, un Conservatoire de musique pour Paris et enfin une série de dessins commandés par le duc de Luynes pour illustrer l'histoire de la Maison de Souabe et des princes normands en Italie. Revenu à Paris en 1839, Victor Baltard fut, peu après et suivant une tradition constante, nommé auditeur au conseil des bâtiments civils et, après avoir remplacé pendant un an son beau-frère Lequeux comme architecte de l'arrondissement de Saint Denis, il rentra dans l'administration municipale, où il fut d'abord placé comme sous-inspecteur des travaux de la balle aux vins, puis nommé inspecteur des fêtes d'inauguration de la colonne de Juillet, des travaux de construction de l'École normale supérieure et de l'achèvement des colonnes de la barrière du Trône. En 1841, Victor Baltard remporta un succès qui eut un grand retentissement, mais qui fut pour lui l'objet d'une grande déception : dans le concours ouvert pour la construction du tombeau de Napoléon Ier, sous le dôme des Invalides, il fut classé en première ligne avec Visconti; mais ce dernier, plus âgé, lui fut préféré pour l'exécution. En revanche, en 1842, Victor Baltard fut, sur la présentation de Gatteaux, graveur illustre et membre du conseil municipal de la ville de Paris, nommé par le préfet de la Seine, Rambuteau, inspecteur ces beaux-arts de la ville de Paris et du département, et c'est à partir de cette époque, grâce surtout à l'influence de Victor Baltard, que fut entrepris un nouveau système de décoration murale des églises de Paris par la substitution de fresques des jeunes maîtres de l'école française de son temps (parmi lesquels Hippolyte Flandrin, Heim, Hesse et Signol, etc.) aux tableaux de toute école et de toute forme qui, jusque-là, garnissaient les murs des édifices religieux de Paris En 1845, comme prélude à la construction des halles centrales de Paris, Victor Baltard reçut mission, avec Husson et Auger, de visiter les principaux marchés couverts de l'Europe, puis construisit le corps de garde (aujourd'hui démoli) du boulevard Bonne-Nouvelle; il fut chargé en 1846, après la mort de Paul Lelong, de l'achèvement de l'hôtel du Timbre dont il dessina la porte monumentale et enfin, en 1846, nommé architecte en chef de la première section des travaux de la ville de Paris et, en 1860, directeur du service d'architecture, des beaux-arts et des fêtes de la ville de Paris et du département de la Seine, triple fonction créée pour lui et qu'il remplit pendant les dix dernières années du second Empire, de façon à en faire vivement apprécier l'importance et l'utilité. En dehors de nombreuses parties ou même d'ensembles de décorations murales que plusieurs églises de Paris, et parmi elles l'église Saint-Germain-des-Prés durent à Victor Baltard, il faut citer plus particulièrement les importants travaux d'architecture qu'il fit exécuter dans quelques-uns de ces édifices. C'est ainsi que les églises Saint-Philippe-du-Roule, Saint-Jacques-du-Haut Pas et Saint-Etienne-du-Mont furent complétées par l'adjonction de chapelles de catéchismes; Saint-Etienne-du-Mont vit, en outre, restaurer son élégant portail de la Renaissance et construire un presbytère attenant à l'église; à Saint-Eustache, après la restauration et le complément de décoration picturale des chapelles, Victor Baltard dessina le magnifique buffet d'orgues, le maître-autel, l'entourage du choeur et la chaire à prêcher; l'église Saint-Leu, atteinte par le percement du boulevard Sébastopol, vit reconstruire entièrement et avec grande habileté son abside mise à l'alignement de la voie publique et trouva un agrandissement considérable dans une nouvelle chapelle de la Vierge érigée en façade sur la rue de la Grande-Truanderie et dont la construction offre, à divers points de vue, la réalisation d'intéressants problèmes relevant à la fois de la science de la construction et de la décoration architecturale. Entre-temps, Victor Baltard qui, en 1861, avait obtenu au concours l'édification du temple protestant de Nérac, et qui, tout en appartenant à la religion réformée, avait toujours su faire grande place dans ses études aux représentations symboliques du catholicisme, choisit, parmi les nouvelles églises à construire dans Paris, celle qui devait être consacrée à saint Augustin et, dans l'érection de cette église sur un terrain trapézoïdal, il s'efforça de marier la construction en fer à la construction en pierre, d'obtenir, malgré l'exiguïté de l'espace mis à sa disposition, un dôme monumental élargissant une vaste nef et accompagné d'absides formant les bras de la croix, et enfin de rappeler, dans le portail servant de frontispice au nouveau temple, les données fondamentales du culte catholique. Chargé pendant vingt années, de 1850 à 1870, des travaux de décoration et d'entretien de l'Hôtel de ville de Paris que venait de construire Lesueur, Victor Baltard signala son passage dans ce charmant palais, détruit en 1871 et que reconstruisit depuis Théodore Ballu, par la décoration de plusieurs grands salons de réception, la construction en façade, sur la place de l'Hôtel-de-Ville et sur l'avenue Victoria, de bâtiments annexes destinés à décharger l'administration centrale d'une partie de ses services multiples, l'érection d'un élégant campanile et surtout l'édification de ce gracieux escalier de pierre, dit, on ne sait pourquoi, l'escalier de marbre, faisant communiquer la cour Louis XIV avec les salles du premier étage et ajoutant ainsi un grand charme aux fêtes données dans l'ancien hôtel de ville. On doit aussi à Baltard le dessin du berceau offert par la ville de Paris au prince Louis-Eugène Napoléon, la composition du fameux surtout en orfèvrerie Christofle qui émerveilla les visiteurs de l'Exposition de 1867 et enfin le bijou porté dans les fêtes municipales par les dames appartenant à l'édilité parisienne. Mais, de toutes les oeuvres de Victor Baltard, celle qui eut le plus grand retentissement à cause de la grande influence qu'elle exerça sur l'architecture de son temps, celle qui fut le plus imitée, parce qu'elle marqua réellement un progrès dans l'art de bâtir, est le vaste ensemble des halles centrales de Paris. Après un essai incomplet et jugé prématurément, essai reposant sur la répartition des services des nouvelles halles en pavillons isolés construits en pierre et où fer, Victor Baltard se décida avec une certaine hardiesse à reconstruire tout en métal l'ossature de ce vaste marché couvert, devant, sur une surface de près de 40 000 m², s'étendre depuis la rue Saint-Denis jusqu'à la rotonde de la halle aux blés, et imposant au fer, malgré sa légèreté apparente, un aspect monumental. Le succès obtenu par cette remarquable conception architecturale la fit imiter, à Paris, dans les marchés de quartier; en France, dans presque toutes les grandes villes; à l'étranger, dans de nombreuses capitales; mais, à Paris même, Victor Baltard donna aux halles centrales comme un pendant grandiose, en composant le vaste ensemble (exécuté sous sa direction par Janvier) des abattoirs et du marché aux bestiaux de la Villette. Il est difficile d'énumérer les nombreuses oeuvres moins importantes projetées ou exécutées par Victor Baltard plusieurs tombeaux dont une remarquable étude avec modèle pour la sépulture de Mgr Affre, des projets d'hôtel de ville pour Amiens et d'entrepôts pour Callao (Pérou), les restaurations de la chapelle de la Vierge de l'église Notre-Dame à Troyes et du château de Cestas (Gironde), enfin un projet de reconstruction de l'hôtel de ville de Paris; il faut encore mentionner la composition de médailles commémoratives en collaboration avec le graveur Oudiné. Malgré tous ces travaux et la direction assidue de plusieurs grands chantiers; la haute situation administrative et artistique de Victor Baltard, qui était entré, en 1863, à l'Institut (Académie des beaux-arts, section d'architecture) en remplacement de Caristie, le fit appeler dans plusieurs commissions administratives et dans de nombreux jurys : c'est ainsi qu'il fut vice-président de la commission des beaux-arts, et président de la commission de l'enseignement du dessin du département de la Seine, inspecteur général du conseil des bâtiments civils, membre du jury de la classe d'architecture des Expositions universelles de Paris en 1867 et en 1878 et des Salons annuels, ainsi que du jury d'architecture de l'École des beaux-arts, école où, en 1842, Victor Baltard avait suppléé son père comme professeur de théorie d'architecture, où, quelques-uns de ses rares élèves remportèrent de brillants succès et où enfin le programme du concours d'architecture du grand prix de 1874, un Palais des Facultés, avait été tracé de sa main mourante. L'un des fondateurs, en 1840, de la Société centrale des architectes, Victor Baltard ne cessa pas, pendant plus de trente années, de prendre la part la plus active à ses travaux comme membre du conseil, puis comme secrétaire principal, vice-président, censeur et président pendant deux périodes triennales (1863-1867) et (1871-1873); Il eut l'honneur, en 1867, de présider à Paris le premier congrès international des architectes ouvert par cette société et c'est encore lui qui, en 1873, présida le premier des congrès annuels qui, à partir de cette époque, réunirent, au mois de juin, à Paris, les délégués des sociétés régionales d'architectes. On doit à Victor Baltard, outre de nombreux rapports 1° la continuation de la publication des Grands prix d'architecture, in-fol.; 2° la Villa Médicis à Rome (1547, monographie in-4 et pl.); 3° la Galerie de la Reine, dite de Diane à Fontainebleau, peinte par Ambr. Dubois en 1600, publiée par E. Gatteaux et V. Baltard, d'après les dessins de L.- P. Baltard et Ch. Percier (1858, 16 pl., in-fol.); 4° les Halles centrales de Paris, par V. Baltard et feu Callet (gr., in-fol.) dont la 2° édition est complétée par un Parallèle des principaux marchés, halles, abattoirs, etc., français et étrangers, anciens et modernes (1873, gr., in-fol., texte et 40 pl.). Enfin, Victor Baltard donna à l'Académie des beaux-arts l'éloge de Caristie (1870), l'École de Percier (1873) et de nombreux articles illustrés pour la partie architectonique de la lettre C du Dictionnaire de cette Académie. Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1854 et décoré de plusieurs ordres étrangers, Baltard avait été promu officier de la Légion d'honneur en 1863 et était membre honoraire de la Société libre des beaux-arts, de l'Institut royal des architectes britanniques et de nombreuses sociétés françaises et étrangères d'architecture et de beaux-arts. (Charles Lucas). |
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