| Ballu (Théodore). - Architecte né à Paris le 8 juin 1817, mort à Paris le 22 mai 1885. Fils d'un entrepreneur de charpente expert dans l'art du trait, Théodore Ballu entra en 1835 dans l'atelier de Lebas et à l'Ecole des beaux-arts d'où, après de nombreux succès, il sortit à l'âge de vingt-trois ans, remportant le grand prix de Rome sur un projet de Palais pour la Chambre des pairs. Ses envois de pensionnaire, datés de Rome d'abord et ensuite d'Athènes, montrèrent en lui un habile dessinateur doublé d'un coloriste plus habile encore et ses études de restauration du temple d'Athéné Poliade, à Athènes, en six feuilles de dessin dans lesquelles il faisait large part à la polychromie antique, lui valurent au Salon de 1846 une médaille dans la section de peinture. Revenu à Paris, sa carrière d'architecte, presque tout entière consacrée à l'administration municipale, fut des plus rapides et des plus brillantes. Architecte-adjoint des travaux de la Fourrière et sous-inspecteur attaché à la construction de l'église Sainte-Clotilde, il eut l'honneur de terminer cet édifice après la mort de son auteur, Gau, survenue en 1854. Peu après, Théodore Ballu fut chargé de la restauration de la Tour Saint-Jacques-la-Boucherie à laquelle il sut redonner une si charmante jeunesse au milieu du gracieux square qui l'environne, fut nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1857 et architecte en chef de la première division des travaux de Paris en 1860. Cette division comprenait les édifices religieux; aussi Théodore Ballu eut-il à construire - outre le beffroi destiné à réunir la façade de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à celle de la mairie voisine conçue par feu Hittorff dans les mêmes lignes architecturales - le temple protestant de la rue Roquépine, édifice d'une belle ordonnance ionique rappelant l'antique; l'église de la Trinité, brillant ressouvenir des églises et aussi des salles de fêtes de la Renaissance française; l'église Saint-Joseph, rue Saint-Maur, édifice inspiré du style roman primitif, et, en même temps qu'il construisait l'église Notre-Dame d'Argenteuil (Seine-Saint-Denis), elle aussi inspirée du style roman, la vaste église Saint-Ambroise qui, si elle rappelle les mêmes tendances architectoniques, prouve peut-être plus que tous les autres édifices religieux dus à Théodore Ballu, sa grande facilité d'assimilation des formes du passé jointe à une grande liberté d'interprétation et aussi son goût toujours sûr mis au service d'une réelle ampleur de composition. La publication des monographies de ces deux églises de la Trinité et de Saint-Ambroise permet au reste parfaitement apprécier cette flexibilité poussée jusque dans les moindres détails du talent de Théodore Ballu. Promu officier de la Légion d'honneur, presque au lendemain de l'inauguration de l'église Saint-Ambroise, Théodore Ballu devint inspecteur général des travaux d'architecture de la ville de Paris et fut appelé en 1872 à occuper à l'Institut (Académie des beaux-arts) la place laissée vacante par la mort de Léon Vaudoyer, de même qu'il devait en 1874 remplacer Viollet-le-Duc comme inspecteur général du service des édifices diocésains. Appelé deux fois au conseil général des bâtiments civils, membre du conseil d'architecture et de la commission des beaux-arts de la ville de Paris, membre honoraire de l'Académie des beaux-arts de Vienne et de l'Institut royal des architectes britanniques, Théodore Ballu pouvait déjà s'enorgueillir de sa carrière d'architecte, belle entre toutes lorsque le concours ouvert en 1872 pour la reconstruction de l'hôtel de ville de Paris le fit, à l'âge de cinquante-cinq ans, tenter de nouveaux efforts et mériter de nouveaux honneurs. Sorti vainqueur de ce concours célèbre, pour lequel il s'était associé Edouard Deperthes, qui fut pendant treize ans son collaborateur et qui termina, après la mort de ballu, les aménagements intérieurs suivant les données du projet primitif, Théodore Ballu passa les dernières années de sa vie dans un labeur incessant qui mina sa santé et épuisa ses forces au fur et à mesure que, recréant l'oeuvre de Boccador (Dominique de Cortone) et l'amplifiant comme autrefois Lesueur, pour la mettre en harmonie avec les exigences du programme d'un palais municipal moderne, il donnait à là ville de Paris un de ses plus beaux édifices et assurait à sa mémoire une place spéciale dans l'histoire de l'art. Promu commandeur de la Légion d'honneur le 14 juillet. 1882, lors de l'inauguration un peu hâtive de cet édifice commencé moins de dix ans auparavant et dans lequel il y aura lieu d'étudier, à l'article Hôtel de Ville, les heureuses dispositions et de remarquables problèmes de construction résolus. Théodore Ballu lutta encore trois ans contre le mal qui devait l'emporter et aussi contre le chagrin que lui causa la mort d'un gendre aimé, sculpteur de grand talent, Idrac. Quelques constructions privées, parmi lesquelles il faut surtout citer le petit hôtel que Théodore Ballu s'était construit pour abriter son existence toute de travail et de vie de famille, et le tombeau, dans lequel il repose au cimetière du Père Lachaise, montrent bien comme son talent savait à merveille se plier aux programmes les plus simples et leur donner avec un petit nombre de motifs choisis le charme dont ils sont suscepibles d'être parés. | |
| Ballu (Roger), critique d'art né à Paris en 1852. Second fils du précédent, il commença par étudier le droit, et fut ensuite attaché au cabinet du préfet de la Seine. Pendant les loisirs que lui laissait cette fonction, il écrivit un petit poème antique, Clytemnestre, pour un concours ouvert par l'Académie des beaux-arts et destiné à servir de thème au grand concours de composition musicale du Conservatoire (1875). Lorsque Guillaume fut nommé directeur général des beaux-arts (1878), il choisit comme chef de cabinet Roger Ballu, son cousin; en même temps, celui-ci était attaché pour les beaux-arts à la direction des sections étrangères de l'Exposition universelle par Georges Berger. En 1879, il fut nommé inspecteur-adjoint des beaux-arts par Turquet, et chargé d'un cours d'esthétique et d'histoire de l'art à l'Ecole nationale de dessin pour les jeunes filles. En 1883 il fut nommé inspecteur des beaux-arts. Roger Ballu a collaboré à la Gazette des beaux-arts, à l'Art, à la Nouvelle Revue, au Temps, à l'illustration, etc. Il a publié en 1880 un volume pour le Salon, dans lequel a paru pour la première fois la distinction des artistes en deux catégories : les émus et les habiles formule qui a fait fortune. C'est lui encore qui organisa l'exposition des oeuvres de Couture, de Tassaert, de Paul Baudry, et l'exposition des Dessins du siècle à l'École des beaux-arts; il publia un magnifique ouvrage, contenant les notices et les reproductions d'un grand nombre de ces dessins (1884, in-4). Le service le plus éminent que Roger Ballu ait rendu à l'art, c'est la fondation en 1885 de la Société des pastellistes français, dont il est devenu le président. Roger Ballu a aussi écrit un roman intitulé Une vie d'artiste (1885), et fondé un journal, la Vie artistique. (Ad Thiers). |