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Honorius Augustodunensis

Honorius Augustodunensis est un théologien et philosophe du commencement du XIIe s. On ignore la date et le lieu de sa naissance. Sur la foi d'un manuscrit qui porte cette mention Augustodunensis, on a répété qu'il était prêtre de l'église d'Autun, et il a été longtemps désigné sous le nom d'Honoré d'Autun; mais d'autres ont soutenu, non sans vraisemblance, qu'il était né en Allemagne; il est au moins certain qu'il y a résidé, comme le prouvent plusieurs passages de ses oeuvres. Il florissait dans les premières années du XIIe siècle, et a dû mourir vers 1130. 

Ses ouvrages sont nombreux et la plupart ont été imprimés dans les trois bibliothèques des Pères ; celles de Paris, de Lyon et de Cologne. Bernard Pez en a reproduit aussi quelques-uns dans son Thesaurus anecdotorum. La plupart traitent de matières purement théologiques, et l'on doit les négliger ici bien qu'ils aient eu assez d'autorité pour que quelques-uns fussent attribués à saint Augustin et d'autres à saint Anselme ou à Abélard

Le peu de philosophie que l'on découvre dans ses écrits permet à peine de le ranger avec sûreté dans l'une des écoles qui, dès lors, divisent la scolastique. On inclinerait pourtant à le mettre parmi les réalistes.

Son principal ouvrage est l'Imago mundide dispositione orbis, abrégé de cosmographie et d'histoire qui a été longtemps classique; ce n'est pas une simple compilation; l'auteur avait beaucoup lu, et il a su disposer en bon ordre les fruits de ses lectures. Il y expose que Dieu, en créant le monde, commence par concevoir en son intelligence les idées de toutes choses qui constituent le modèle de la création, " le monde archétype ", puis la matière universelle, puis encore les espèces et les formes et enfin les individus. Les exemplaires manuscrits de cet ouvrage sont très nombreux. On en compte sept éditions. On conserve une traduction italienne de cet ouvrage parmi les manuscrits de la Bibliothèque Nationale, à Paris. Il a aussi été imprimé plusieurs fois aux XVe et XVIe siècles et inséré dans la Bibliothèque des Pères

Dans un autre traité, Scala coeli major, l'esprit mystique se reconnaît au langage et aux idées : c'est comme un prélude à l'Itinerarium de saint Bonaventure. L'âme s'élève à Dieu par douze degrés qui sont comme les moments successifs de la Visio spiritualis; au dernier, elle est hors des sens et perçoit spirituellement jusqu'à l'image des choses matérielles. Son spiritualisme le porte même à avancer des propositions dont l'orthodoxie ne s'accommoderait pas. Les enfers et le ciel ne sont pas pour lui des réalités extérieures et n'ont pas leur place dans l'espace, non sunt corporalia loca; car tout lieu a les trois dimensions, et l'âme qui n'en a aucune ne peut être enfermée dans un lieu (Thesaurus Anecdotorum, t. II, p. 169). Il y a du reste une échelle plus petite pour s'élever au ciel : c'est l'amour et la charité. 

Le mysticisme chez Honoré semble indécis entre les deux directions où il s'engagera plus tard, la spéculation et la pratique; toutefois, il semble pencher vers la spéculation. Son opuscule de Animae exilio et patria (ibid., p. 228) est une allégorie ingénieuse et subtile, tout à l'honneur de la science. L'exil de l'âme c'est l'ignorance, et la science c'est sa patrie. Pour entrer dans cette terre promise, il faut passer par dix villes, qui sont les dix arts libéraux et les livres qui en traitent. Au premier rang on rencontre : la dialectique, où on est reçu par cinq ports, les cinq universaux; qui a une citadelle, la substance, et neuf tours détachées, les neuf accidents; puis viennent la grammaire, la rhétorique, l'arithmétique, la musique, la géométrie, l'astronomie la physique, la mécanique et l'économique. Enfin, dans deux opuscules, l'lnevitabilis (imprimé dans les bibliothèques des Pères, et à part à Anvers en 1620 et 1624) et le de Libero arbitrio (Thesaurus anecdotorum, t. II), il maintient la liberté de l'humain et essaye de la concilier d'une part avec l'influence de la grâce, et de l'autre avec celle des causes physiques qui pour lui se résument dans des influences planétaires. 

Citons encore, parmi les oeuvres de cet auteur :

1° Une somme liturgique, la Gemma animae, imprimée pour la première fois à Leipzig (1514) et souvent réimprimée dans divers recueils. C'est une somme liturgique; elle renferme des détails curieux sur les usages et les cérémonies de l'Église au Moyen Âge.

2° Le De Luminaribus ecelesiae liber, compilation bibliographique. Ce n'est guère qu'un extrait des catalogues des auteurs ecclésiastiques, par Saint Jérôme, Gennade, Isidore de Séville et Bède le Vénérable. Cet écrit, imprimé pour la première fois avec d'autres ouvrages d'Honorius à Bâle (1544), a été inséré dans la Bibliothèque des Pères.

3° Le De Apostolico et Augusto, traité de la puissance du pape comparée à celle des rois. 

Le De Philosophia mundi, publié sous le nom d'Honorius dans la Maxima Bibliotheca patrum, est un livre de Guillaume de Conches. Quant à l'Elucidarium, résumé de théologie qui a joui aussi d'une grande vogue, il n'est pas de saint Anselme, auquel on l'a attribué, mais il n'est pas non plus d'Honorius, sous le nom duquel on l'a imprimé au t. CLXXII de la Patrologie de Migne; c'est un livre anonyme, dont l'auteur a pris la précaution de dire : Nomen meum volui silencio contegi. (E.C. / L.).
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