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En
considérant les conditions de l'existence des plantes, qui
dépendent du climat, du relief et de la nature du sol, on peut diviser
l'Asie en quatre grandes zones de végétation. En subdivisant
ces zones, on arrive à huit régions, caractérisées
chacune par des conditions climatiques, orographiques
et géologiques qui leur sont particulières,
et concourent à donner une physionomie spéciale à
la végétation.
1° La
zone boréale comprend le littoral de l'océan
Arctique et les hautes montagnes de l'Asie: les chaînes Jablonovyj
et Stanovoj, les Sajan, l'Altaï, le Tian-Chan,
le Pamir, le plateau du Tibet,
l'Himalaya, etc.
2° La zone à
hiver rigoureux est caractérisée
par sa richesse en espèces ligneuses, surtout en Conifères;
la végétation y dure de trois à sept mois suivant
les régions, mais elle atteint son maximum de développement
toujours en juillet, Cette zone se subdivise en deux régions :
a. La région
des forêts, des marais
et des prairies comprend presque toute la Sibérie,
la Mandchourie, les montagnes du Nord-Ouest de la Chine,
de l'Arménie, du Kurdistan et toutes les
montagnes moyennes qui entourent les grandes chaînes asiatiques.
Les genres ligneux qui s'avancent le plus au Nord, dans cette région,
sont le Melèze (Larix), le Bouleau (Betula), le Pin (Pinus silvestris,
P. australis), le Sapin (Abies), l'Aune (Alnus), etc.
b. La région
des prairies et des steppes comprend le Mongolie
septentrionale, le Sud-Ouest de la Sibérie (steppes de Baraba et
autres), les hautes vallées des grands fleuves, Huanghe,
Yangzi Jiang, Mékong
et Tsangpo, les pourtours des grands déserts de l'Asie centrale,
l'Ouest de l'Iran, etc. L'été
relativement court, mais très chaud (22°C en moyenne), favorise
dans cette région une riche végétation; mais l'hiver,
presque aussi froid que dans la région précédente,
est un obstacle au développement de certaines espèces mal
adaptées à des brusques variations de température.
3° La zone de la
sécheresse estivale. Les arbres, les arbustes,
les buissons et les herbes y sont également
représentés; l'hiver est court, mais la végétation
cesse presque complètement en janvier. Cette zone se subdivise en
deux régions :
a. La région
des plantes ligneuses; elle comprend la Chine, la péninsule coréenne
et le Japon (sauf les montagnes de ces pays), les
hauts plateaux de l'Indochine septentrionale,
les contreforts méridionaux de l'Himalaya, les pourtours du golfe
Persique, de la mer Méditerranée
et de la mer Noire. Les forêts et les
bosquets y sont assez nombreux et les espèces des Conifères
s'y rencontrent encore en grand nombre.
b. La région
des déserts et des steppes. Cette région
Comprend les grands déserts de l'Arabie,
de l'Iran, de l'Inde, de la dépression aralo-caspienne
et enfin le Gobi avec ses dépendances (la
Dzoungarie, l'Ordos, etc.). Les herbes, les buissons épineux aux
branches et feuilles desséchées, couverts d'efflorescences
salines, sont des plantes caractéristiques de cette région.
4° La zone tropicale
est caractérisée par des plantes
qui fleurissent toute l'année ou qui se couvrent de feuilles périodiquement
après les saisons pluvieuses; les forêts sont riches en espèces
variées d'arbres et d'arbustes; on peut distinguer trois régions
d'inégale étendue dans cette zone :
a. La région
à saison sèche prolongée, qui dure ordinairement plus
de trois mois ; elle comprend le littoral Sud et Ouest de Arabie, l'Indochine
(sauf la région du Nord et la presqu'île de Malacca) et toute
l'Inde, sauf l'extrémité méridionale de la presqu'île
et le Sud de Sri Lanka. Les plantes dicotylédones
de cette région se couvrent de feuilles périodiquement après
la saison des pluies.
b. La région
à saison sèche courte, qui dure deux ou trois mois à
peine. Cette région, caractérisée surtout par l'abondance
des pluies en toute saison, couvre toute l'Insulinde,
la presqu'île de Malacca, la côte de Coromandel (à l'extrémité
Sud-Est de l'Inde) et le Sud de Sri Lanka. C'est la région des vastes
et épaisses forêts tropicales où les monocotylédones
et les dicotylédones fleurissent durant toute l'année.
c. Les montagnes
des grandes îles de l'archipel indonésien,
celles de l'intérieur de Sri Lanka, de même que les monts
Cardamomes et Animaléh à l'extrémité de la
Péninsule cisgangétique constituent : la région tropicale
alpestre, au climat modéré et à végétation
spéciale.
Si la distribution géographique
des plantes ne dépendait que du climat, du relief et de la nature
du sol, les flores naturelles de l'Asie correspondraient aux huit régions
que nous venons d'esquisser brièvement. Mais l'on sait que dans
la constitution des flores l'élément géologique, ou
le développement des plantes dans le temps, joue un rôle important,
et qu'il y a, en outre, nombre de conditions secondaires : la configuration
des côtes, les cours
d'eau, les modifications apportées par l'humain, etc., qui influent
sur la constitution d'une flore. Nulle part, excepté l'Amérique
peut-être, on ne peut mieux observer les différences dans
la flore dues à la diversité des origines géologiques.
Ainsi, la ressemblance de la flore tertiaire de Sakhaline
avec la flore actuelle du Japon et de la Chine indique un climat beaucoup
plus doux dans le Nord-Ouest de l'Asie à cette époque, et
explique en même temps la présence de quelques espèces
de la flore tropicale dans le Nord-Ouest de l'extrême Orient, espèces
qui tendent d'ailleurs à disparaître par suite de conditions
difficiles de la lutte pour l'existence. Un autre fait, La communauté
de certains genres et espèces de l'Asie et de l'Europe
s'explique par la facilité qu'avaient les plantes pendant la période
glaciaire à migrer le long des grandes chaînes de montagnes
asiatiques. La voie était tout indiquée par une série
humide des bords des glaciers fondants, qui s'étendait depuis la
vallée de l'Amour, tout le long des
monts Yablonovyï, des Sajan, du Tian-Chan jusqu'au Pamir, et de là,
par l'Hindou-Kouch, les Paropamisades (rédion
de Kapoul) et les montagnes de l'Anatolie jusqu'en
Europe. Mais le soulèvement lent de l'Himalaya
et l'exhaussement général de l'Asie centrale, suivis par
l'assèchement progressif des steppes du Gobi et de la dépression
aralo-caspienne, ont profondément modifié les conditions
de l'existence des plantes et entravé leur migration. Une barrière
infranchissable se dressa peu à peu entre l'Europe et l'Asie orientale,
et les flores de ces deux régions se développèrent
de deux façons différentes; en même temps certains
genres de la région intermédiaire, exhaussée, comme
l'Acantholimon, l'Astragalus, le Centaurea, etc. se sont adaptés
à de nouvelles conditions d'existence et ont fini par constituer,
avec d'autres plantes, une flore nouvelle, celle de l'Asie centrale, aussi
distincte de la flore méditerranéenne que de celle de l'Asie
orientale, ces anciennes congénères.
En tenant compte
de toutes les circonstances, de tous les agents modificateurs, on arrive
à délimiter en Asie six régions florales comprenant
chacune un certain nombre de flores naturelles. Ces régions sont
: L'Asie septentrionale, l'Asie centrale, l'extrême Orient, l'Inde
et l'lndochine, l'Asie du Sud-Ouest, l'Arabie méridionale.
Asie septentrionale
L'Asie septentrionale
fait partie de la grande région florale du Nord qui s'étend
autour du pôle à travers l'Europe, l'Asie et l'Amérique.
Ses flores doivent nécessairement avoir des caractères communs
avec les flores de l'Amérique et de l'Europe septentrionales. On
peut y distinguer trois flores : arctique, sibérienne et mandchoue.
Flore arctique.
La flore arctique
occupe la Sibérie au delà du cercle polaire. Elle rappelle
le flore polaire en général , avec ses Mousses
nombreuses qui tapissent les toundras et ses
Lichens qui couvrent les rochers et les montagnes.
La végétation arborescente n'est représentée
que par quelques échantillons rabougris du Mélèze
rampant (Larix sibirica) et du Pinus (Cembra) pumila. Plusieurs représentants
de cette flore se retrouvent dans les hautes régions de l'Altaï,
de l'Himalaya, etc.; certains genres, comme le Saxifraga, vont même
jusqu'aux montagnes de l'Arabie, par 24° de latitude Nord.
Flore sibérienne.
La flore sibérienne
s'étend sur toute la Sibérie (sauf
le bassin de l'Amour et le littoral de la mer d'Okhotsk), et se prolonge
en Russie, dans les bassins de la Petchora et
de la Dvina. Elle est caractérisée surtout par des immenses
forêts, formées d'espèces endémiques de Sapin
(Abies sibirica), de Pin (Picea obovata, Pinus Cembra), et de Mélèze
(Larix sibirica, L. Ledebourii, etc.). Tout en présentant des affinités
avec la flore forestière de l'Europe centrale, la flore sibérienne
contient des genres que l'on ne trouve pas en Europe (Patronia, Themnopsis,
etc.), et des espèces qui ne se rencontrent en Europe que sur les
montagnes, où manquent complètement (Rosa altaïca, Pedicularis
uliginosa, Spiraea hypericifolia, Oxytropis sulphurea, Vicia multicaulis,
Berberis sibirica, Viola altaica, V. uniflora, Corydalis bracteata, Gentiana
altaica, Trollius asiaticus, etc.). Il est presque inutile d'ajouter que
plusieurs espèces de la flore sibérienne se retrouvent dans
les montagnes de l'Asie, jusque dans l'Himalaya.
Flore mandchoue.
La flore mandchoue
comprend le bassin de l'Amour, le littoral de la mer d'Okhotsk, la côte
Sud-Est du Kamtchatka, Sakhaline et la Mandchourie
chinoise. C'est un passage entre la flore septentrionale et celle de l'extrême
Orient. Elle est caractérisée par des espèces d'arbres
endémiques comme la Betula daurica, l'Evonymus Maackii, le Corylus
heterophylla, et surtout le Quercus mongolica. Tous ces arbres se trouvent
sur le versant oriental du Grand Khingan, tandis qu'on ne les rencontre
plus sur son versant occidental; cette chaîne forme donc à
l'Ouest la limite naturelle de la flore mandchoue. Dans le bassin de l'Amour,
il se joint au Quercus mongolica un autre arbre caractéristique
de la région, le Pinus (Cembra) mandshurica, de même que le
Juglans mandshurica qui devient commun plus au Sud, dans le bassin de la
Songhua( Sungari), et se rencontre jusqu'au Sud de Pékin. Le Larix
sibirica à fait place, dans la flore mandchoue, au Larix daurica,
abondant dans la haute vallée de l'Amour. C'est en Mandchourie que
l'on trouve exclusivement, à l'état sauvage, le fameux Ginseng
(Panax ginseng ou P. quinquefolium, plante médicinale par excellence
des Chinois. Le littoral de la mer d'Okhotsk, de même que la côte
Sud-Est du Kamtchatka, et le Nord de Sakhaline forment une région
ayant pour espèce commune et caractéristique la Betula Ermannii.
La flore du Sud de Sakhaline se rapproche de la flore japonaise.
Asie centrale
Cette région
florale, qui ne touche par aucun point à la mer, et forme, à
l'exception des hautes vallées des grands fleuves de la Chine et
de l'Indochine, un bassin fermé sans écoulement vers les
océans, présente une flore spéciale, caractérisée
par les plantes salines, pour la plupart endémiques, des familles
des Chenopodiacées, des Zygophyllées, des Salsolacées,
etc. Certaines Calligonées, les genres Atraphaxis et Haloxylon et
même certaines espèces, comme le Lasiagrostis splendens (Dérissoun)
et la Nitraria Schoberi, sont communs à toute cette région.
Malgré son homogénéité apparente, on peut cependant
diviser la région florale de l'Asie centrale en quatre flores :
aralo-caspienne, mongole, tibétaine et la flore du Tian-Chan.
-
Un
verger au Kirghiztan. Source : The World Factbook.
La flore aralo-caspienne.
La flore aralo-caspienne
comprend non seulement la dépression aralo-caspienne, mais encore
les steppes de Stavropol (en Europe) et les steppes du Sud-Ouest de la
Sibérie (Baraba et autres); par le premier annexe, elle passe insensiblement
à la flore des steppes de l'Europe orientale, tandis que par le
second elle forme le passage à la région forestière
de la Sibérie. Le Saxaoul (Haloxylon ammodendron) qui se rencontre
partout, excepté dans l'Ouest de Stavropolet dans le Baraba, les
diverses Anabasis, que l'on rencontre également dans la flore du
Tian-Chan, sont des plantes caractéristiques; mais la plante endémique
par excellence est la Borszowia aralo-caspica; on la rencontre partout,
sauf dans le Nord du Baraba, où elle est remplacée par une
autre espèce caractéristique, l'Heracleum sibiricum. D'ailleurs,
la flore de la dépression aralo-caspienne, et plus spécialement
celle du Turkestan russe, présente une grande quantité d'espèces
endémiques; cette région paraît avoir été
le centre du développement et de la dispersion des genres Tulipia,
Allium, Eremurus et des Salsola asiatiques. Par contre , on n'y rencontre
aucun représentant des genres Rhododendron, Erica et Lilium, si
communs dans l'Altaï et dans toute l'Asie orientale. Les genres les
plus communs dans les steppes sont : le Carex (41 espèces), I'Astragalus,
l'Oxytropus, l'Allium (90 espèces), le Tulipia et les grandes Ombellifères
(Ferula). Le seul arbuste que l'on rencontre dans le Sud est le Populus
euphratica.
Flore du Tian-Chan.
Sous ce titre, nous
comprenons non seulement la flore de la chaîne du Tian-Chan,
mais encore celles de la Dzoungarie, du Turkestan oriental et du Pamir.
Il faut avouer que, sauf quelques genres comme l'Anabasis, l'Acantholimon,
l'Haloxylon, il y a peu de plantes communes à toutes ces flores.
Les hautes montagnes ont une flore alpine spéciale, analogue à
celle de l'Himalaya et qui diffère de la flore alpine, à
l'aspect européen, de l'Altaï, des Sajan, et des montagnes
Baïkaliennes. Les prairies immenses, formées par les divers
Stipa et la présence de l'Astragalus Tragacantha, venu de l'Afghanistan,
sont caractéristiques pour le Pamir, tandis que les forêts,
formées surtout de Picea Schrenkiana et d'une variété
de Larix sibirica, donnent une physionomie spéciale à la
flore des montagnes qui entourent la chaîne principale du Tian-Chan
(montagnes du Turkestan russe, l'Alatau, le Tarbagataï, etc.). Les
steppes de la Dzoungarie, de la Mongolie nord-occidentale, du Turkestan
oriental et du Takla-Makan, constituent la vraie patrie de l'Haloxylon
ammodendron, qui, par contre, devient beaucoup plus rare dans la flore
mongole.
Flore mongole.
La flore mongole
comprenant toute la Mongolie orientale (désert
du Gobi mongol), l'Ordos, l'Ala-Chan et le bassin
du cours supérieur du Fleuve Jaune. Une
autre Salsolacée, le « Soulkir » (Agriophyllum gobicum),
devient ici la plante endémique caractéristique; on ne le
trouve pas au delà du 48e degré
de latitude Nord. Il faut y joindre une Crucifère ligneuse, le Pugionum,
spécial à l'Ordos et à l'Ala-Chan, et dont il existe
deux espèces. L'absence d'arbres et d'arbustes est aussi caractéristique
pour la flore mongole.
Flore tibétaine.
La flore tibétaine
diffère suivant les régions. Le plateau
tibétain compris entre le Kuenlun et l'Himalaya, de même
que son premier gradin septentrional, le Zaidam, sont très pauvres
en végétation. Certaines Cypéracées
du genre Kobresia (K. robusta, K. tibetica) et quelques Composées
(Anaphalis, Werneria, Saussurea), paraissent être des plantes caractéristiques.
Les hautes régions du Nan-chan dans le Nord; celles de l'Himalaya,
du Karakoram et du Gangri dans le Sud, ont la flore alpine asiatique, tandis
que les régions moyennes de ces montagnes et leurs contreforts ont
une flore spéciale, caractérisée surtout par la Myricaria
prostrata et par le genre Acantholimon. On peut rattacher à la flore
de l'Asie centrale la flore de la région du loess,
qui s'étend sur tout le pourtour Est et Sud-Est du grand bassin
sans écoulement de l'Asie centrale, et comprend les hautes vallées
du Huange, du Yangzi, du Mékong, du Salouen
et de leurs affluents. C'est une région intermédiaire entre
les steppes et les déserts des hauts plateaux de l'Asie centrale
et les vallées cultivées de la Chine et de l'lndochine. Quelques
espèces arborescentes, comme l'Ostryopsis Davidiana et le Corylus
heterophylla, semblent cependant lui donner une physionomie spéciale.
L'Extrême-Orient
Cette région
florale s'étend sur toute la Chine (sauf
le Guangdong et la région Nord-Ouest), sur la Corée et le
Japon avec les îles Ryukyu. On peut la subdiviser
en deux flores : japonaise et chinoise.
Flore japonaise.
La flore japonaise
domine dans tout l'archipel japonais, depuis les îles Ryukyu jusque
dans le Sud de Sakhaline; elle se propage en outre sur la côte Est
de la Corée et sur le littoral de la Chine.
La flore du Japon
proprement dit ne compte plus de 2400 espèces de plantes vasculaires.
Les 44 genres endémiques se répartissent entre les familles
suivantes : Rosacées, Saxifragacées,
Ombellifères, Hamamélidées, Sapindacées, Juglandées,
Célastracées, Silénées, Tiliacées, Papavéracées,
Berbéridées, Renonculacées,
Magnoliacées, Urticacées, Ericacées, Primulacées,
Diapensiacées, Rubiacées, Composées, Cyrtandrées,
Scrophularinées, Orobanchées, Labiées,
Borraginées; Hydrophyllées, Orchidées,
Liliacées, Conifères.
Les genres endémiques
appartiennent principalement à des régions basses et moyennes
des îles (jusqu'à 1000 m d'altitude), caractérisées
par l'abondance des Cryptomeria japonica, des Pinus densiflora, des Juniperus
littoralis, des Taxeus cuspidata. Dans les hautes montagnes on retrouve
de nombreux genres de la flore septentrionale et même arctique, à
côté des genres endémiques comme Glaucidium (Renonculacées)
et Tanakea (Saxifragacées). Cette flore des hautes régions
est surtout caractérisée par de nombreuses Ericacées,
pour la plupart buissons rampants dispersés au milieu des bouquets
de bois formés par les Pins, les sapins, les Mélèzes
et les Hêtres d'espèces locales (Abies firma, A. bicolor,
Pinus parviflora, Larix leptolepis, Fagus Sieboldii, etc.). Jusque sur
les plus hautes cimes (3000 m) on rencontre encore quelques arbrisseaux
(Alnus viridis, Salix glabra, etc.).
En général,
on peut considérer que la flore du Japon est un mélange d'un
fond tertiaire avec les genres arctiques-alpines et les genres des tropiques,
qui y sont immigrés, et qui continuent à immigrer encore
de nos jours. Sur le littoral de la Chine et de l'Ouest de la Corée
la plupart des genres sont communs avec le Japon; certains sont tropicaux
et sont venus de l'Indochine.
Flore de la Chine.
Il y a dans ce vaste
pays deux flores secondaires bien différentes : une orientale, caractérisée
surtout par le Thea et le Celtis chinensis et présentant des analogies
avec la flore japonaise, et une occidentale, dans laquelle se font sentir
les influences de la flore du loess dont nous avons parlé à
propos de l'Asie centrale. La Rhubarbe (Rheum palmatum) et d'autres plantes
paraissent croître dans les montagnes des pays du loess (Gansu) aussi
bien que dans l'Ouest de la Chine (Sichuan). La flore du bassin inférieur
du Huanghe diffère de celle du bas Yangzi et des pays situés
plus au Sud.
Les flores de l'Inde
et de l'Indochine
Les flores de l'Inde
et de l'Indochine appartiennent à cette
vaste région florale que l'on pourrait appeler indo-océanienne,
et qui comprend, outre les deux grandes péninsules, encore la Malaisie,
la Polynésie et le Nord de Australie.
A l'exception de cette dernière partie, c'est la région florale
« des moussons » de Griesbach. Sur le continent asiatique elle
se décompose en cinq flores : la flore du Dekkan, la flore du Sud-Ouest
de l'Inde, la flore népalo-birmane, la flore siamo-annamite, la
flore de la presqu'île de Malacca.
Flore du Dekkan.
La flore du Dekkan
s'étend surtout le plateau péninsulaire de l'Inde; elle est
caractérisée par l'abondance de Butea frondosa et par les
forêts de Tek (Tektona grandis). Elle présente des affinités
avec les flores de l'Asie antérieure, de l'Arabie et de l'Afrique
orientale. D'autre part, elle rappelle la flore birmane (le Tek est commun
dans les deux) et même la flore de l'Insulinde : le beau palmier
malais, Borassus flabelliformis, s'y rencontre en quantité, et le
genre Corypha, éminemment malais, a son représentant, le
C. umbraculifera, sur la côte de Malabar.
Flore du Sud-Est
de l'Inde.
La flore du Sud-Ouest
de l'Inde, c'est-àdire de la côte de Coromandel et de Sri
Lanka présente encore plus de rapprochements avec la flore de
l'Insulinde; ainsi, les Népenthées qu'on y trouve sont presque
exclusivement cantonnées en Insulinde. Les montagnes du centre de
Sri Lanka présentent vers leur sommet la même florule des
hautes savanes, formée d'Ericacées, de Graminées,
de Rhododendrées, de Gaultheria, d'Acacia, etc., que l'on rencontre
sur les hauteurs de l'intérieur de Sumatra,
de Java, de Bornéo,
etc. Mais la flore de l'île de Sri Lanka en général
présente un caractère spécial; c'est une des plus
riches en espèces endémiques. Sur 3000 espèces de
Phanérogames elle en compte environ
800 qui lui sont propres.
Flore de l'Insulinde.
On trouve, dans
les régions basses et moyennes de la presqu'île de Malacca
de l'archipel Indonésien, la Corypha umbraculifera, la C. macropoda
(commune aussi dans les îles Andaman),
l'Areca Catechu, etc.; et, sur les montagnes, la végétation
des régions moyennes de l'archipel indonésien, le Dryobalanops,
le Liquidambar Altingiana, etc.
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Orchidées
du jardin botanique de Singapour.
Source
: World Factbook.
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Flore népalo-birmane.
La flore népalo-birmane,
qui comprend la vallée du Gange (Hindoustan),
le versant sud de l'Himalaya et la Birmanie,
a un tout autre aspect. Ce qu'on y trouve de plus remarquable, c'est que
la plupart des plantes des régions basses de la Birmanie ne se rencontrent
pas dans l'Hindoustan; pour les retrouver il faut aller dans l'Himalaya
jusqu'à des hauteurs considérables; tels sont le Quercus
fenestrata, la Garcinia pictoria, l'Ardisia humilis, que l'on retrouve
aussi dans les jungles des Nîlgîri, etc. Ce fait a probablement
pour cause la grande humidité qui règne dans toute la Birmanie.
Les magnifiques forêts de la Birmanie se composent pour les 2/3 de
Tek, de Xylia dolabriformis, de Bombax insignis, de diverses Sterculiacées
et Pterospermées, de Palmiers (Wallichia
et Caryota), etc. Le Dipterocarpus turbinatus et le Ficus elastica sont
les deux plantes caractéristiques de la Birmanie et des contreforts
de l'Himalaya. La haute région sub-alpine du versant méridional
de l'Himalaya au delà de la limite nord du Calamus est caractérisée
par le Cedrus deodora et le Quercus incana. Quant aux vallées du
Gange et du Brahmapoutre, leur flore ne
présente pas une physionomie bien nette; cependant on y trouve encore
des plantes caractéristiques, comme le Phoenix silvestris et le
Ficus religiosa.
Flore siamo-annamite.
La flore siamo-annamite
occupe la Thaïlande, le Vietnam
et la côte Sud-Est de la Chine jusqu'au delà du tropique du
Cancer. Le Guttier (Garcinia Cochinchinensis), le Cardamome (Amomum), l'Ailanthus
Pongelion, le benjoin (Styrax benjoin), la Gleditschia fera, la Morinda
citrifolia, etc., sont les plantes caractéristiques de cette flore.
Mais c'est surtout par sa richesse en espèces forestières
qu'elle est remarquable. Le Manguier (Mangifera indica), le Litchi sauvage
(Nephelium crinitum ou Dimocarpus crinita), plusieurs ébéniers
(Diospyros, 25 espèces), les arbres à résine (Dipterocarpus),
les Xilia, les Dalbergia, la Mesua ferrea, le Pinus massoniana (sur les
montagnes), plusieurs Méliacées, Rubiacées, Burseracées,
Morées, Sapindacées, etc., sont ses représentants
principaux.
La flore siamo-annamite
s'étend jusqu'aux îles de Taïwan
et Haïnan, de même que dans l'archipel
des Philippines, mais seulement dans les
régions côtières et basses. Les montagnes de l'intérieur
de Taïwan et de Haïnan ont la flore de la Chine orientale, tandis
que celles des Philippines abritent la flore des régions moyennes
des îles de la Sonde à Dryobalanops et à Liquidambar.
La flore du Sud-Ouest
de l'Asie
La flore du Sud-Ouest
de l'Asie appartient à la grande région florale méditerranéenne,
qui comprend aussi le Sud de l'Europe et le Nord de l'Afrique. On peut
la subdiviser en deux flores distinctes : la flore de l'Asie antérieure
et celle da l'Arabie septentrionale.
Flore de l'Asie
antérieure.
La flore de l'Asie
antérieure s'étend sur toute l'Anatolie, le Kurdistan,
l'Iran, l'Afghanistan,
le Pendjab et les déserts de l'Inde (Thar), de même que sur
la Mésopotamie et le pourtour du golfe
Persique. Cette flore a été englobée par Griesbach
dans sa flore des steppes, et en effet elle présente avec cette
dernière beaucoup d'analogies : les Callygonées, les genres
Atraphaxis, Anabasis, etc., sont presque endémiques dans les deux.
Néanmoins, par la richesse et l'abondance des formes et par ses
affinités avec les flores du pourtour de la Méditerranée,
la flore de l'Asie antérieure doit être considérée
à part. Les familles prédominantes sont : les Légumineuses
(et surtout le genre Astragalus dont on compte 757 espèces), les
Composées, les Crucifères (surtout les Brassicacées),
les Labiées, les Silenées, etc..
Les côtes de
la mer Méditerranée et de la mer Noire ont une flore presque
identique à celle de la Grèce et
de l'Italie. Mais en pénétrant dans
les montagnes du Liban, du Taurus et de l'Anatolie
on rencontre une flore spéciale, caractérisée par
certaines espèces arborescentes comme le Platanus orientalis, Ie
Ficus carica, et par la présence, sur les hauts plateaux, d'Acantholimon,
d'Astragalus tragacantha, etc.
En allant plus à
l'Est, vers le Caucase, l'Iran et l'Afghanistan,
on retrouve la même flore, sauf que le Ficus carica manque sur le
haut plateau de l'Iran. La flore des hautes régions alpines présente
ici les mêmes caractères que la flore du haut Himalaya, mais
les montagnes du Caucase ont une végétation se rapprochant
de celle des Alpes. La Mésopotamie, le littoral
de la mer Rouge et le Pendjab ont dans leur flore, outre les espèces
déjà énumérées, encore le Phoenix dactylifera
et l'Artemisia scoparia, qui manquent dans la région précédente.
La flore du grand désert de l'Inde, très pauvre d'ailleurs,
rappelle déjà la flore suivante :
Flore de l'Arabie
septentrionale.
Cette flore se rattache
directement à celle du Sahara septentrional (au Nord de 18°
de latitude Nord) et est caractérisée, comme elle, par la
présence de l'Acacia arabica et de plusieurs espèces du genre
Artemisia.
La flore de l'Arabie
méridionale
La flore de l'Arabie
méridionale fait partie de la flore
tropicale africaine. Elle se subdivise en deux flores secondaires :
Flore du Hadramaut.
La flore du Hadramaut
(région du Yémen riveraine du golfe d'Aden), présentant
des analogies avec la flore du Soudan et du Sahara
méridional.
Flore du Yémen.
La flore du Yémen
(région riveraine de la mer Rouge), ayant de grandes affinités
avec la flore de l'Afrique orientale (Abyssine, pays des Somalis, des Gallas,
etc.).
Les plantes cultivées
Les plantes cultivées
de l'Asie sont très nombreuses. Il serait oiseux d'en faire ici
l'énumération complète. Rappelons seulement le riz,
qui sert traditionnellement de nourriture à la moitié, sinon
aux deux tiers de la population asiatique; le maïs,
le blé, le sorgho,
le millet, l'orge, le sarrasin
(Polygonun, tartaricum), l'avoine; l'arbre à
thé et le caféier; le pavot, dont le
trafic nourrit la guerre en Afghanistan;
le cocotier (Cocos nucifera), le ricin; la
patate douce (Batatas edulis), l'igname (Dioscorea alate); le dattier,
le bambou; les nombreux arbres fruitiers : le
litchi, le kaki (Dyospiros kaki), le manguier (Mangifera indica), le pommier,
le pêcher, l'abricotier,
l'oranger, le bananier (Musa paradisiaca), etc..; la vigne,
la canne à sucre; les nombreux légumes,
pois, haricots, etc.; la rhubarbe, la réglisse, les divers quinquinas;
le bétel, le poivre, la cannelle; le cotonnier, le Chamoerops, le
lin, le chanvre, le rami (Boehmeria nivea), le mûrier; l'indigotier,
le rocouyer (Bixa orellana), etc.
Plusieurs des plantes
cultivées sont originaires de l'Asie et surtout de l'Asie antérieure.
Ainsi, le froment est originaire de la vallée de l'Euphrate;
l'orge, l'avoine, du Levant; le figuier, l'olivier, de la Syrie;
le grenadier, le dattier, de la Mésopotamie (Irak);
le pommier, le poirier, le prunier, le cerisier, la vigne, l'amandier,
le lin, le radis, de l'Anatolie et de la Transcaucasie; l'oignon et le
pistachier de l'Iran, etc. Le sarrasin viendrait de la Mandchourie; l'oranger,
de l'Inde et de la Chine; l'aile, des steppes Kirghizes; l'abricotier,
de la Chine, etc. (J. Deniker). |
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