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Le
climat de l'Asie est essentiellement continental : en effet, d'immenses
surfaces s'y trouvent à plusieurs milliers de kilomètres de la mer,
et sont presque soustraites à son influence climatique. Les phénomènes
atmosphériques s'y succèdent plus régulièrement; ils atteignent leurs
conséquences extrêmes; les mois secs, les mois humides, le sont complètement;
les étés sont plus chauds, et les hivers
plus froids. Il y a cependant entre les diverses régions des différences
assez notables : les différences de latitude créent un contraste absolu
entre les régions arctiques, qui commencent dès le 63° degré, et la
zone tropicale (au Sud du 30°); de même, les différences d'altitude.
De plus, la structure orographique accentue ces contrastes. Dans l'immense
plaine septentrionale, l'air froid des régions polaires circule librement;
au centre l'altitude des plateaux compense presque la distance plus grande
du pôle; les hautes montagnes qui bordent le
massif central arrêtent les vents chauds et humides de l'océan
Pacifique; c'est au Sud-Est et au Sud que ceux-ci exercent toute leur
influence. En hiver, les fortes pressions barométriques pesant sur le
bassin de la Léna y maintiennent un ciel pur, un
climat froid et sec; le temps est également beau à l'Est et au Sud. En
été, au contraire, l'échauffement des toundras,
des déserts (de Gobi, d'Iran,
d'Arabie), et de l'Inde,
crée de puissants foyers d'appel vers lesquels se précipite l'air des
régions océaniques; des pluies terribles inondent
le pied des montagnes méridionales et orientales. En hiver domine le vent
du Nord-Est froid et sec; en été, la mousson
du Sud-Ouest ou du Sud-Est, chaude et saturée d'eau. Quoiqu'on puisse
résumer ainsi à grands traits le climat de l'Asie, les divergences régionales
nous obligent à la diviser en cinq zones au moins : 1° La zone sibérienne;
2° la zone intérieure tout à fait continentale comme la précédente;
3° la zone tempérée du Pacifique à l'Est du massif central; 4° la
zone intertropicale de la mer de Chine et de l'océan Indien, maritime;
5° la zone de l'Asie antérieure.
La zone sibérienne
La zone sibérienne
comprend, outre la plaine sibérienne, une partie du plateau mongol et
la Mandchourie. A vrai dire, il y aurait presque lieu de distinguer une
zone de la Sibérie occidentale qui fait la transition
entre la Sibérie orientale et l'Europe; à Tobolsk,
par exemple, le mois le plus chaud a une température moyenne de le plus
froid de -20°C, les précipitations sont de 0,46 cm. En hiver, au Nord
du massif d'Asie centrale, le vent vient du Sud-Ouest; dans la steppe kirghize,
il vient du Nord. Le climat sibérien proprement dit est celui de la Sibérie
orientale, dont le centre se trouve vers Yakoutsk.
Pendant les deux
tiers de l'année la température reste au-dessous de zéro (de septembre
à la fin d'avril); la moyenne atteint -40°C en janvier avec un minimum
de -62°C; en revanche, la moyenne de juillet est de +17°C, et le maximum
de +38°C (juin 2020), soit une amplitude de 100°C et ordinairement de
90°C entre les températures extrêmes; cet écart est le plus fort que
l'on connaisse et le climat sibérien est non seulement un des plus durs
climats arctiques, mais aussi le type des climats extrêmes ou continentaux.
Le ciel est d'une clarté inaltérable en hiver, et l'air tellement sec,
que parfois il ne tombe presque pas de neige. La
terre est gelée à plus de 30 m de profondeur; en certains points à plus
de 160 m. Les montagnes sont plus chaudes que la plaine, car dans cette
atmosphère tranquille l'air chaud monte
et reste dans les couches supérieures. Vers le 20 mai, commence brusquement
un printemps délicieux; puis l'été torride et intolérable dans les
toundras; du 10 au 20 août, les feuilles des arbres tombent et l'hiver
recommence.
En Mandchourie, les
courants océaniques étant arrêtés par les îles du Japon, le climat
est tout à fait continental, les vents froids d'hiver et les vents chauds
d'été aggravent le contraste. Dans le bassin de l'Amour,
les températures varient de 80°C en un an (de -45°C à +36°C). Nous
avons dit qu'en hiver le pôle du froid (bassin de la Léna) reste calme
et sans le moindre vent; plus à l'Est, le vent du Nord-Ouest souffle de
l'océan Glacial Arctique vers l'océan Pacifique, et de la zone des hautes
montagnes vers les dépressions océaniques. En été, l'air chauffé au
contact des toundras s'élève, le vide est comblé par des couches atmosphériques
venues de l'océan Pacifique : de là le vent du Sud-Est ou de l'Est. Le
vent du Nord-Ouest, très égal dans la Sibérie,
souffle en tempête sur la mer d'Okhotsk et en Mongolie.
Au changement et au renversement des moussons se produisent les terribles
bourans qui soulèvent la neige en tourbillons, aussi redoutables que le
simoun des déserts de sable. Le vent polaire du Nord-Ouest (Nord-Est sur
le haut Amour) est très sec; celui du Sud-Est, au contraire (Sud-Ouest
sur le haut Amour), arrive chargé d'humidité, mais il la dépose le long
des montagnes riveraines; sur la côte d'Okhotsk, il tombe 1 m d'eau; 0,25
m seulement à Yakoutsk; 0,20 m à Kiachta; le contraste est extrême de
l'été à l'hiver : à Vladivostok, les pluies
d'été représentent plus de 800 fois le volume des neiges d'hiver; les
pluies apportées par la mousson du Sud-Est tombent pendant des mois entiers
en Mandchourie.
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Isothermes
de janvier
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Isothermes
de juillet
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Précipitations
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Zones
de végétation
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Cliquez
sur les cartes pour les agrandir.
La zone intérieure
La zone intérieure
comprend la plaine du Turan et les hautes terres d'Asie centrale; le caractère
continental du climat est aussi accentué que dans la Sibérie orientale.
Les variations de température y sont encore plus brusques : la plus grande
altitude du Tibet empêche que sa latitude relativement méridionale n'adoucisse
le froid. En Mongolie et dans le désert de Gobi, la température varie
en un jour de 40°C, les écarts extrêmes sont de 80°C; dans la région
de la mer d'Aral, la moyenne de juillet atteint
+25°C comme au cap Vert; en janvier elle tombe
à -15° C; c'est celle du Groenland méridional.
La sécheresse de l'air n'est pas moins frappante au Nord du désert de
Gobi, Ã Oulan-Bator,
il ne tombe que 0,24 m de pluie par an; la limpidité de l'air est extraordinaire;
dans la dépression centrale (désert de Takla-Makan), où les sables obscurcissent
l'air, les ruines se conservent inaltérées; dans le désert du Karakoum
(près de la mer d'Aral) il peut ne pleuvoir que queles heures par an;
la sécheresse de l'air du Pamir est connue. Toutes
ces régions se dessèchent : la mer intérieure a disparu, les grands
lacs se sont résorbés en partie, les petits ont disparu; les rivières
n'arrivent plus aux fleuves; même dans les montagnes,
les vallées se changent en steppes.
La zone tempérée du
Pacifique
La zone tempérée de
l'océan Pacifique s'étend sur les îles
du Japon et de la Chine.
Le Japon, à latitude égale, a une température de 4° à 6° plus froide
que celle de l'Europe, mais très supérieure encore à celle de la Mandchourie
et de la zone sibérienne dont il subit l'influence. A Hokkaïdo, la moyenne
annuelle est de - 8°C, elle atteint +13°C ou +16°C dans le Japon central,
+ 22 °C dans les îles Ryukyu. L'archipel japonais est réchauffé par
un courant comparable au Gulf-stream, le Kuro-Shivo
ou Courant-Noir du Pacifique septentrional dont la température varie de
23°C à 27°C; il. détache un bras dans la mer du Japon; mais à partir
de l'île de Hokkaïdo, le courant polaire de Yoa-Shivo refroidit les côtes.
En hiver, le vent du Nord-Ouest souffle très régulièrement; en été,
la mousson du Sud-Est domine, mais les courants aériens sont moins réguliers,
et les tourbillons fréquents. Les pluies tombent surtout au début de
la mousson d'été; les précipitations sont de 1 m à 1,50 m; on a vu
à Yokohama une averse de 0,17 m.
La Chine a, sous
une latitude bien plus méridionale, le climat de l'Europe occidentale
: la température moyenne de Pékin est celle de la France
septentrionale (+10°C) ; la température moyenne de Shanghaï est celle
de l'Andalousie mais le climat est plus excessif, les hivers sont plus
froids, les étés plus chauds; à Pékin, sous la latitude de l'ltalie
méridionale, les rivières gèlent l'hiver, mais les chaleurs estivales
dépassent celles de Naples. En revanche, les saisons sont très régulières.
Plus on avance vers l'intérieur, plus le climat devient continental; il
est très tempéré dans les régions élevées du Sichuan. Les vents du
venus de Sibérie, dominent en hiver, ceux du Sud-Ouest en été; au renversement
des moussons se produisent les typhons si redoutés. La chute d'eau est
d'un mètre en moyenne (0,6 à Pékin, 0,12 à Shanghai).
La zone intertropicale
de la mer de Chine et de l'océan Indien
La zone intertropicale
de la mer de Chine et de l'océan Indien
comprend la Chine méridionale et les trois presqu'îles de l'Indochine,
de l'Inde (plateau et Dekkan) et d'Arabie.
Le climat est celui des pays tropicaux, caractérisé par la saison des
pluies (été) et la saison sèche (hiver) avec les chaleurs excessives
et l'alternance des moussons les diverses régions
présentent des différences considérables. Sur les rivages de la Chine
méridionale (la flore est déjà celle de
l'Indochine) règne un été tropical comme à Calcutta (Kolkata) ou La
Havane, mais l'hiver, relativement froid, abaisse la moyenne; la température
en août est la même qu'à Calcutta; en février, elle est plus froide
de 6°C. Ce contraste est dû à l'influence du vent; la mousson du Sud-Ouest
ou du Sud-Est apporte la chaleur et les pluies comme dans les autres régions
tropicales; le vent du Nord-Est descend du plateau central, plus froid
et plus sec qu'ailleurs.
Dans la péninsule
indochinoise, si l'on excepte le plateau de l'intérieur, le climat maritime
est très égal; à Ho-Chi-Minh-Ville (Saïgon) l'écart entre la température
moyenne du mois la plus chaud et du mois le plus froid atteint à peine
2°C; les oscillations sont de 8°C à 9°C, c'est-à -dire dix fois moins
étendues que dans la Sibérie orientale. Des cyclones se produisent aux
changements de moussons, quand la mousson sèche du Nord-Est remplace la
mousson pluvieuse du Sud-Ouest (en octobre et novembre). Les pluies sont
abondantes surtout en avril au retour de la mousson du Sud-Ouest ; il tombe
1,80 m à Hanoï, 1,74 m à Ho-Chi-Minh-Ville, 3 m sur la côte de Ténassérim
et jusqu'à 6 m sur la côte d'Arakan. Dans l'intérieur, plus froid, surtout
en hiver, il ne tombe guère qu'un mètre d'eau par an.
Le sub-continent
indien offre toutes les températures, des neiges éternelles de l'Himalaya
aux sables brûlants du désert du Thar et des côtes de Sri
Lanka; mais les changements d'altitude seuls créent ces différences,
Dans toute l'étendue de la péninsule (3000 km du Sud au Nord) les différences,
à hauteur égale, sont très faibles, Le climat est très égal : à Sri
Lanka, la variation entre les températures d'été et et hiver est de
2°C. Dans le Dekkan elles sont de moins de 10°C; mais au Sud du Pendjab,
climat presque continental, elles atteignent 26°C de janvier (+ 9° C)
à juillet (+35°C), avec des différences extrêmes de 50°C. L'Inde a
trois saisons; chaude, pluvieuse et froide. La mousson du Sud-Ouest souffle
de juin à septembre, quand la chaleur de la première saison a échauffé
le sol de l'Inde, et apporte les pluies diluviennes sur la côte occidentale,
au pied des Ghats; partout les précipitations dépassent deux mètres
et demi; elles arrivent à sept sur certains points, voire davantage. Au
delà des montagnes riveraines, sur le plateau du Dekkan, il tombe moins
d'un mètre d'eau.
L'alizé
du Nord-Est, venu du Tibet et de l'Asie centrale,
n'apporte aucune humidité. Dans la plaine septentrionale les conditions
sont un peu différentes, les vents infléchis par les côtes et les hauteurs
sont déviés de leur direction normale; en général ils sont perpendiculaires
aux côtes. Au fond du golfe de Bengale les cyclones développent souvent
Ieurs spirales. Dans la même région les nuages
s'accumulent au fond d'une sorte d'entonnoir de montagnes et l'Assam est
la région la plus humide du globe; à Cherrapunji, au pied des monts Khasi,
il tombe, chaque année, 16 m d'eau; une seule averse peut en jeter 0,76
m, autant que la France en reçoit pendant une année entière. A mesure
que, dans la plaine septentrionale, on avance vers l'Ouest l'humidité
décroît; à Calcutta, les pluies représentent encore une hauteur de
deux mètres, dans l'Aoudh, un mètre; 0,25 m à peine dans le bassin inférieur
de l'Indus.
L'Arabie est une
des régions les plus chaudes du monde; sur les côtes du Yémen
et du Hedjaz, les chaleurs de + 50°C ne pont pas rares; elles sont dépassées
dans le foyer constitué par le désert de Dahna. La température moyenne
est de + 30°C. La direction générale des moussons est modifiée par
les particularités locales; la mousson du Sud-Ouest se déploie dans le
sens du Sud-Est pour remonter le golfe Persique
et la mer Rouge entre deux couloirs de montagnes.
La saison des pluies varie selon les lieux; il en tombe peu, car les vents
du Sud-Ouest, qui ont traversé l'Afrique sont
desséchés; à peine les monts du Nedjed peuvent-ils arrêter quelque
humidité, A Aden il y a eu des années sans pluies.
La zone de l'Asie antérieure
La zone de l'Asie antérieure
offre une grande variété de climats selon le relief da sol. Le climat
du plateau de l'Iran est extrême; des hivers très
froids, des étés torrides. On a vu en Iran, en quelques heures, la température
varier de +13°C à +62°C. Que les vents viennent du Sud-Est (Afrique
et Arabie) ou du Nord-Est. (Sibérie et Turkestan), ils ne peuvent apporter
d'humidité; les ouragans sont si terribles que dans le Séistan les arbres
ne peuvent prendre racine. Les précipitations n'atteignent pas une moyenne
de 0,15 m dans le Béloutchistan et dans l'Iran central elle est à peine
de 0,10 m; le désert de Lut est l'un des endroits les plus secs de la
surface du globe. Nul vent n'est plus redouté que le simoun empoisonné
qui en vient.
Ce que nous venons
de dire de l'Iran s'applique à la Mésopotamie (Irak)
qui, sans les eaux venues du plateau arménien, ne se distinguerait guère
des déserts de Syrie et d'Arabie. Les déserts de Syrie et de l'Arabie
Pétrée ont le climat de l'Arabie; de même la
côte Sud du golfe Persique est desséchée et brûlante.
L'Arménie
a un climat modéré au bord de la mer, extrême sur les hauts plateaux,
à Erevan la chaleur varie de -32°C à +43°C; la moyenne est de 8°C
à 10°C, II pleut plus qu'en Iran, mais encore assez peu (0,50 m); sur
les bords de la mer Caspienne, il ne tombe
même que 0,25 m d'eau; tandis qu'au pied du Caucase
occidental, dans le bassin de Rion, la chute d'eau atteint deux mètres.
Le climat de l'Anatolie
est plus froid et plus extrême que celui des presqu'îles méditerranéennes
de l'Europe; elle n'est pas abritée du vent du Nord, qui y domine : l'hiver
est très froid et sec; les pluies tombent au printemps. Les côtes de
Cilicie et de Syrie, bien abritées au Nord, sont
chaudes, humides et malsaines. La différence est énorme entre la température
de la Cilicie et celle, des rivages de la mer Noire.
La Syrie n'a que deux saisons, l'été et l'hiver; il pleut en hiver, La
région au Liban jouit d'un climat tempéré et
sec. (GE). |
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