| Francesco Stabili, dit Cecco d'Ascoli est un poète et savant italien, né à Ascoli dans la Marche d'Ancône, vers 1257, brûlé à Florence le 16 septembre 1327. Etudiant, puis professeur à l'université de Bologne, il se livra plus particulièrement à l'enseignement de l'astrologie. La croyance à l'influence des astres, dans les limites où Cecco d'Ascoli la contenait, était alors à peu près générale et ne passait pas pour une hérésie; pourtant il fut inquiété par l'inquisiteur de Bologne, fra Lamberto de Cingoli, condamné à une dure pénitence et obligé de quitter la ville en 1324. Trois ans après, on le retrouve à Florence, attaché comme astrologue à Charles de Calabre, fils du roi de Naples, Robert; l'inquisiteur fra Accursio la cite devant son tribunal et le condamne au bûcher comme coupable d'être retombé dans le crime d'hérésie. La sentence fut immédiatement exécutée devant la porte dite alla croce. On a cherché à expliquer cette sévérité de l'Inquisition envers Cecco d'Ascoli par des raisons étrangères à la foi : Villani attribue sa mort à de puissantes inimitiés que la malheureux astrologue s'était attirées à Florence, notamment celle du médecin Dino del Garbo; on a dit aussi que ses attaques contre Dante et Guido Cavalcanti, les deux poètes florentins dont la gloire était alors dans tout son éclat, indisposèrent l'opinion publique contre lui et que le bûcher ne parut pas une peine trop sévère pour lui faire expier cette hérésie d'un nouveau genre. A vrai dire, il fallait peu de chose aux inquisiteurs pour brûler un homme; les écrits de Cecco sentaient quelque peu le fagot, et son malheureux sort ne s'explique que trop, même s'il n'avait encouru aucune inimitié publique ou privée, par le manque d'un puissant protecteur. Les ouvrages, visés par la sentence de fra Accursio sont un commentaire latin sur Ie Traité de la sphère de John Holywood (Joannes de Sacrobosco) et un poème italien, l'Acerba. Ce dernier a échappé à la destruction à laquelle l'avait voué le tribunal de l'Inquisition. Il a été composé en 1326. C'est un traité en cinq livres qui, dans des proportions moins vastes, rappelle le Trésor de Brunetto Latini. Le premier livre traite du ciel, des éléments, et des phénomènes célestes; le second, des vertus et des vices; le troisième, de l'amours et ensuite de la nature des animaux et de celle des pierres précieuses; le quatrième contient des questions on problèmes sur divers points d'histoire naturelle; enfin le cinquième, qui n'a qu'un seul chapitre, traite de la religion et de la foi. Bien qu'écrite en sixains, cette oeuvre ne brille pas par le mérite poétique ou littéraire. Il y a beaucoup d'obscurités dans l'Acerba, à commencer par le titre : Quadrillo pense que Acerba est une mauvaise lecture, pour Acerbo, monceau, amas de connaissances, encyclopédie; mais il n'en est rien. Par ce titre d'Acerba (sous-entendu opera ou doctrine) l'auteur a voulu indiquer qu'il entendait présenter la science au public dans toute son amertume, sans avoir recours aux fictions poétiques ou aux ornements littéraires. De là sans doute ses attaques réitérées contre Dante, le poète par excellence : entre Cecco et lui, il y a opposition radicale de tempérament. On peut du moins relever dans l'Acerba, à côté de nombreuses erreurs et superstitions que l'auteur partageait avec son siècle, quelques vérités scientifiques. Malgré tout, c'est plutôt comme victime de l'inquisition que comme savant que Cecco d'Ascoli se recommande au souvenir de la postérité. Ajoutons que c'est au même titre qu'il est devenu populaire en Italie et qu'il figure comme un puissant magicien dans différents récits légendaires. L'Acerba a été fréquemment imprimée à la fin du XVe et au XVIe siècle. (Ant. Thomas). | |