| Peter Anich naquit en 1723, près d'Oberperfues, village situé dans les montagnes du Tyrol, de parents pauvres qui vivaient du travail de leurs mains. Il aidait son père soit à cultiver son champ, soit à tourner ces menus ouvrages pour la confection desquels les habitants de ces contrées ont acquis tant d'habileté. Après la mort de son père, en 1742, il passa encore presque dix années livré aux mêmes occupations. Un jour que le P. Weinhart, professeur de mathématiques pures et appliquées à l'université d'Oetting, sortait du collège des Jésuites, il fut abordé par un individu qui lui dit : - N'est-ce pas vous qui êtes chargé, par profession d'observer le ciel et les astres? - Oui, mais pourquoi cette question ? - C'est que je voudrais bien connaître les lois des mouvements célestes que j'ai observés souvent lorsque, dans mon enfance, je menais des troupeaux aux champs. Pierre Anich, car c'était lui, s'était bien adressé. Le P. Weinhart, frappé de ce désir, et après s'être assuré de l'intelligence du paysan, qui avait déjà vingt-huit ans, lui donna ses leçons et ses soins. Les dimanches et jours de fête, Anich descendait de la montagne et faisait une longue course pour venir apprendre successivement les principes de l'arithmétique, de la géométrie pratique et de la mécanique. Il ne tarda pas à confectionner lui-même des instruments semblables à ceux qu'on lui montrait. Au bout de quatre ans, il était en état de fabriquer pour le Musée académique un grand globe céleste très remarquable par certaines dispositions particulières. Sa réussite fut si complète que le P. Weinhart se prit à regretter que, ne sachant pas bien écrire, Anich ne pût pas se charger de faire un globe terrestre semblable à la sphère astronomique. Ce mot suffit au jeune homme, qui s'exerça à la calligraphie, et qui, à l'insu de son professeur, s'adonna avec tant d'ardeur à cette étude mécanique, qu'en neuf mois il excellait dans l'art de monter toutes sortes de caractères. Voulant prouver qu'on pourrait lui confier, sans courir aucun risque, la confection du globe terrestre, il commença par faire en dix-sept jours une carte géographique de cinq pieds de long sur trois pieds de haut, et d'une exécution si parfaite qu'on la pouvait croire gravée. Après cette épreuve, on ne fit plus de difficulté de le charger complètement de la confection du globe terrestre. Ce globe, de trois pieds de diamètre, comme la sphère céleste, est d'une exécution parfaite. Les recommandations du P. Weinhart auprès de certains personnages, décidèrent le gouvernement autrichien à utiliser le savoir-faire d'Anich, qui fut chargé de dresser une carte du Tyrol de très grande échelle. Ce travail était déjà presque entièrement achevé; il n'avait plus qu'un petit nombre de détails à porter sur la carte en neuf feuilles, lorsque survint de Vienne l'ordre de réduire tout le travail du levé à une si petite échelle, que les neuf feuilles se concentraient en une seule. C'était un coup douloureux pour Anich; mais il ne se laissa pas abattre, et en peu de temps il parvint à achever la réduction qui lui était demandée. Ces travaux de géographie ne furent pas les seuls par lesquels il se distingua. Muni d'instruments d'astronomie en partie confectionnés par lui, il fut le premier à découvrir des comètes, et il fit diverses observations importantes. Cependant des travaux si assidus et qui exigeaient une si forte contention d'esprit l'avaient épuisé. Vers le milieu de 1765, ayant à mesurer une base sur un terrain marécageux, il resta des journées entières exposé au Soleil brûlant du mois d'août, avec les pieds constamment plongés dans l'eau. Sous ces funestes influences, il fut atteint de la fièvre des marais, des suites de laquelle il mourut au bout d'un an, âgé de quarante-trois ans et demi. La cour de Vienne lui avait accordé une pension de deux-cents florins, dont le quart fut réversible sur la tête d'une de ses soeurs. Son buste en marbre fut placé dans le musée physico-mathématique du collège académique des jésuites; à Oetting. On lui éleva un tombeau, et son éloge fut inséré par Hell, dans les Éphémérides pour l'année 1767, publiées en latin à Vienne en 1766. (M. P., 1852). | |