| Louis-Félix Amiel est un peintre, né à Castelnaudary (Aude) le 3 mars 1802, mort à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) en 1864. Elève de Gros et de l'Ecole des beaux-arts où il fut admis le 18 octobre 1823, il obtint une médaille de deuxième classe, au Salon de 1833, pour un tableau intitulé le Vieillard et ses enfants. Amiel exposait pour la première fois. C'était là, assurément, un début plein de promesses. Mais il s'en faut que ces promesses se soient réalisées. L'artiste n'avait pas fait d'études assez sérieuses, ou n'était pas animé de la foi nécessaire, pour se maintenir au point où il s'était élevé d'abord, à plus forte raison pour le dépasser. Il continua à travailler sans que son talent se soit manifesté avec éclat. Il exposa des portraits aux Salons de 1834, 1835, 1836, 1837, 1839; un Intérieur d'écurie en 1842; un portrait en 1843; l'année suivante, Mazeppa poursuivi par des loups et Trois têtes de chevaux en 1844; des Chevaux en 1845 et 1849. Pour les Galeries historiques de Versailles Amiel a peint aussi un certain nombre d'effigies historiques, visages de fantaisie décorés de noms fameux : Charlemagne, Pépin le Bref, Louis le Gros, Philippe-Auguste, etc., et d'autres portraits exécutés peut-être d'après des documents authentiques : Bernadotte, lieutenant au 36e en 1792; Pérignon, lieutenant-colonel dans la légion des Pyrénées en 1792. (O. M.). |
| Henri-Frédéric Amiel est un écrivain et professeur suisse, né à Genève, le 27 septembre 1821, mort dans la même ville le 11 mars 1881. Fils dun négociant d'origine française, il fit dans sa ville natale des études plus solides que brillantes, parcourut l'Italie (1842), visita Paris (1843), séjourna dix mois à Heidelberg et quatre ans à Berlin et revint à Genève, après avoir traversé l'Autriche et l'Allemagne du Sud. Nommé professeur d'esthétique à l'Académie, en remplacement d'A. Pictet (1849), puis de philosophie, il ne réussit d'abord qu'à demi auprès du public et des étudiants; il conserva néanmoins sa chaire jusqu'au dernier jour, malgré d'assez fréquentes absences motivées par des soins minutieux de santé et par la maladie de coeur à laquelle il succomba. - Un paysage est un état d'âme « Promenade d'une demi-heure au jardin par une fine pluie. Paysage d'automne. Ciel tendu de gris et plissé de diverses nuances, brouillards traînant sur les montagnes de l'horizon; nature mélancolique. Les feuilles tombaient de tous côtés comme les dernières illusions de la jeunesse sous les larmes de chagrins incurables. Nichée d'oiseaux babillards s'effarouchant dans les bosquets et s'ébattant sous les branchages, comme des écoliers entassés et cachés dans quelque pavillon. Le sol jonché de feuilles brunes, jaunes et rougeâtres; les arbres à demi dépouillés, les uns plus, les autres moins, fripés de roux, de citron, d'amarante; les massifs et les buissons rougissants; quelques fleurs encore roses, capucines, dahlias, égouttant leurs pétales ; les champs nus, les haies appauvries; le sapin, seul vigoureux, vert, stoïque, éternelle jeunesse bravant le déclin; - tous ces innombrables et merveilleux symboles que les formes, les couleurs, les végétaux, les êtres vivants, la terre et le ciel fournissent à toute heure à l'oeil qui sait les voir, m'apparaissaient charmants et saisissants. Je tenais la baguette poétique et n'avais qu'à toucher un phénomène pour qu'il me racontât sa signification morale. Un paysage quelconque est un état de l'âme, et qui lit dans tous deux est émerveillé de retrouver la similitude dans chaque détail. » (H. Amiel, Journal intime). | De son vivant, Amiel n'avait publié, outre quelques articles ou notices dans la Bibliothèque universelle et dans la Galerie suisse de Secrétan, que divers recueils de poésies : Grains de mil (Genève, 1854); Il Penseroso (Genève 1858); la Part du rêve (Genève, 1863); les Etrangères (Genève, 1876); Charles le Téméraire, Romancero historique (Neuchâtel, 1877); Jour à jour (Paris, 1880); mais après sa mort, ses amis recueillirent dans de volumineux cahiers de notes les éléments de son Journal intime, précédé d'une étude par Edmond Scherer (Genève et Paris, 1883-1884), qui attira l'attention sur ce nom, alors inconnu du plus grand nombre, et qui fit de l'auteur l'un des pères du pessimisme moderne. (M. Tx.). |