 |
Aménophis III.
- Roi d'Égypte
entre 1391 et 1353 av. J.-C ( Nouvel
Empire ).
Petit-fils d'Aménophis II, fils de Thoutmôsis
IV et de la reine Maut-em-oua. Aménophis III était l'aîné de six
frères. Il passa sa jeunesse, comme il nous l'apprend lui-même, dans
le palais de Louqsor; les noms mêmes de
ses deux gouverneurs sont parvenus jusqu'Ã nous : Haq-er-beh et Haq-reshou.
Aménophis III hérita d'un immense empire, à l'affermissement duquel
avaient contribué son aïeul et son bisaïeul. Aussi pouvait-il se proclamer,
le jour même où il monta sur le trône
« souverain
puissant dont les frontières s'étendent au Sud jusqu'à Karou (le pays
des Gallas), et au Nord jusqu'à Naharina (la Mésopotamie) ».
Les nations du Nord ne se révoltèrent pas
à son avènement, comme elles en avaient la coutume à chaque nouveau
règne. Les nations du Sud, sans organiser une grande révolte d'ensemble,
l'obligèrent pourtant à aller pacifier quelques rébellions partielles.
En l'an V de son règne, il alla massacrer quelques populations voisines
de l'Égypte, au Sud d'Eléphantine,
et, après avoir mis tout à feu et à sang, il revint, laissant près
de Syène deux stèles commémoratives de
ses victoires. Un peu plus lard, il dut s'aventurer un peu plus loin sur
le Nil. Le pays d'Abha, placé au Sud de Semneh, s'était révolté. Aidé
d'un gouverneur égyptien local, Méri-mès, qu'il nomma en récompense
prince d'Éthiopie ,
Aménophis vint facilement à bout des rebelles. Il rentra à Thèbes,
amenant avec lui 740 prisonniers vivants et 312 mains coupées pendant
la bataille, ainsi que nous l'apprend une stèle gravée à Semneh. Telles
sont les seules campagnes d'Aménophis III dont les monuments fassent mention;
comme on le voit, le roi eut plutôt à sévir qu'à conquérir. D'ailleurs,
il sut prendre du bon côté ses voyages forcés en Éthiopie. Un scarabée
tiré à un grand nombre d'exemplaires nous apprend, en effet, que pendant
les dix premières années de son règne, Aménophis tua de sa main 102
lions africains. Ce roi ayant été si passionné chasseur, on peut se
demander si ce furent les révoltes qui lui donnèrent l'occasion de chasser
le lion, ou si plutôt ce ne furent pas ses chasses qui devinrent le motif
de razzias, opérées en passant.
Le règne d'Aménophis III fut très long;
aussi est-il, après Ramsès II, le souverain
dont l'Égypte
et la Nubie
nous ont conservé le plus de monuments. Certes, Thoutmôsis
III règna bien plus longtemps qu'Aménophis III, mais il passa sa
vie à se battre et n'eut guère les loisirs de bâtir. Aménophis, au
contraire, passa à construire toute une existence qui ne fut troublée
que par quelques courtes et peu dangereuses expéditions. Dans son ardeur
à édifier des temples, il finit presque par épuiser la série des dieux
( Religion égyptienne )
à qui les consacrer et des villes où les placer. Il construisit alors
un temple à son père, un à sa mère, un à sa femme, un enfin à sa
propre image, qu'il adorait lui-même et qu'il faisait adorer par ses sujets.
Bien des rois avaient été divinisés après leur mort; Aménophis III
est le seul qui se soit fait décréter, de son vivant, les honneurs divins.
-
La marque
d'Aménophis III
Voici,
en partant du Nord au Sud, la liste des localités où Aménophis III laissa
sa marque :
Sinaï.
- Sarbout-el-Khadem : petit temple consacré à l'Hathor
Sinaïtique. -
Basse-Égypte.
Bubastis
: temple à Sekhet. Athribis
: temple à Horus .
Tell-el-Iahoudi
: construction dont la destination est inconnue.
Héliopolis
: grand temple à Horus, précédé d'obélisques et décoré d'une colonnade
en granit gris. Memphis : tombeau
du premier Apis
connu.
Haute
Égypte. - El-Haouarteh : monument ruiné. Médineh :
monument ruiné. Antéapolis : restes des murailles d'un temple.
Tentyris
: sanctuaire à Hapi
dans le temple d'Hathor .
Méshekh
: temple à Sekhet .
Thèbes
: temple de Louqsor ,
avenue de béliers
de plusieurs kilomètres de long reliant ce temple à celui de Karnak ,
grand pylone au fond de la salle hypostyle, petit temple spécial à Amon ,
temple de Mout ;
sur la rive gauche, immense temple funéraire ( Amenophium ).
Eilithyia : temple consacré à la déesse Nekheb ,
ainsi qu'à la mémoire de son père Thoutmôsis IV. Silsilis :
temple à Amon-Râ .
Eléphantine
: joli petit temple hypèthre consacré à Khnoum .
Éthiopie .
- Semneh : temple en souvenir des campagnes africaines. Soleb
: temple consacré à sa propre image et décoré des noms de tous les
pays tributaires de l'Égypte. Sédeïnga : temple en l'honneur
de sa femme. Ge'bet-Barkal : temple à Amon, précédé d'une avenue
de béliers colossaux.
La
plupart de ces temples, celui de Louqsor surtout, sont remarquables par
leur élégance et leur originalité; quelques autres, ceux de Soleb, de
Gébel-Barkal et I'Aménophium, sont les plus grands qui existent de tous
ceux bâtis par un seul pharaon. Parmi les monuments de moindre importance,
nous possédons quelques statues du roi, sa canne, ornée tout le long
d'une bande d'or roulée en spirale, des étuis à collyres provenant de
cabinet de toilette de sa femme, etc. Quelques papyrus du musée de Turin
et deux traités de médecine du British Museum sont datés de son règne. |
Aménophis III épousa Tii (Tiyi), fille
de simples bourgeois égyptiens ( avec peut-être une ascendance nublienne);
son père, en effet, ne porte aucun titre et se nomme Iouaa, sa mère s'appelle
Touaa. Aménophis devait pouvoir facilement trouver parmi ses cousines
ou ses soeurs quelque princesse de sang royal à épouser; sans tenir compte
des usages en honneur à la cour pharaonique, il fit un mariage d'amour
et éleva au trône une simple particulière. Ce fait est unique dans toute
l'histoire d'Égypte. Même, pour braver l'opinion, le roi donna à son
mariage une importance que jamais ses prédécesseurs n'avaient accordée
à pareil acte, en faisant graver à un grand nombre d'exemplaires des
grands scarabées de faire-part que l'on retrouve de nos jours un peu par
toute l'Égypte. Tii paraît être native d'Abydos
et devait être extrêmement jolie si l'on peut la juger par les portraits
qui nous en restent. Le roi l'aima toute sa vie, lui fit construire un
temple où elle était adorée comme une divinité et la fit représenter
partout à ses côtés, la nommant « son épouse chérie Tii ».
En l'an XI de son règne, il lui donna
la ville de Djarou, dans le Delta, et y fit creuser un vaste lac mesurant
plus d'une demi-lieue de long sur 300 m de large. Le jour de l'inauguration,
qui eut lieu le 16 hathor, le roi, accompagné de la reine, fit le tour
du lac sur une barque resplendissante. Tii était presque enfant quand
il l'épousa, aussi lui survécut-elle de longues années. Elle fit jeter
dans la tombe de son mari, avant de la laisser murer, une quantité de
statuettes funéraires portant leurs deux noms réunis. De son mariage,
Aménophis eut six enfants : Aménophis IV
qui lui succéda, Tout-ankh-amon (Toutankhamon), qui succéda à son frère,
Ptah-mès, qui eut la plus haute dignité sacerdotale de Memphis,
et les princesses lsis, Hont-mer-heb, et Amensat qui épouse plus tard
un roi de la famille des Ramessides.
La tombe d'Aménophis III, une des plus
grandes qui existent, se trouve dans la solitaire vallée de l'Ouest, au
Nord de la vallée de Biban-eI-Molouk (Vallée des Rois). Elle renferme,
peint sur les parois en la forme d'un immense papyrus déroulé, le plus
ancien exemplaire connu du Livre de l'hémisphère inférieur. Le
cercueil du roi fut déposé dans un trou rectangulaire formé d'un couvercle
ordinaire de sarcophage, en granit rose.
On a retrouvé dans cette tombe diverses statuettes funéraires, des fragments
de coffrets et les restes de plusieurs momies
dont probablement aucune n'appartient au roi, lequel, comme son ancêtre
Aménophis
Ier, dut
être extrait de sa tombe, à la XXIe dynastie,
et déposé dans une cachette encore ignorée.
Un scarabée, faisant partie d'une collection
privée du Caire, nous apprend qu'en l'an X de son règne, Aménophis reçut
la visite de Kirgipa, fille de Satarna, prince de Mésopotamie; cette princesse
était escortée de 317 de ses femmes. Le personnage le plus important
du règne fut certainement Méri-mès, prince d'Éthiopie ,
lequel était allié à la famille royale. Il aida le roi, comme on l'a
vu, dans ses campagnes au Sud de Semneh. Le tombeau de Méri-mès existe
à Gournet-Mourraï et son sarcophage de basalte,
brisé en mille morceaux, est exposé au British Museum. A Méri-mès succéda
Houi comme prince d'Éthiopie .
On possède une stèle qui repré sente Houi, du vivant de Méri-mès,
avec le titre de secrétaire intime. (V. L.). |
|