| Aménophis Ier (ou Amen-hotep = « Paix d'Amon » Ier). - Roi d'Égypte entre 1525 et 1504 av. J.-C. Il fut le second souverain de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire), fils d'Ahmès (Ahmôsis) Ier et de la reine Ahmès-nofrit-ari. Cette princesse, dont le cercueil, retrouvé dans la cachette de Deir-el-Bahari (Thèbes Ouest), se trouve aujourd'hui exposé au musée du Caire, était fille de Kamès, le dernier roi de la XVIIe dynastie (Deuxième période intermédiaire Moyen Empire), et de la reine Aah-Hotep Ire. Ahmès Ier, nommé roi après avoir chassé les Hyksos légitima donc son pouvoir en épousant la fille d'un roi. A la mort d'Ahmès, Aménophis étant probablement trop jeune pour régner seul, sa mère Ahmès-nofrit-ari devint reine et le nomma régent. Plusieurs monuments les représentent tous deux faisant ensemble des offrandes à différents dieux, tandis que d'autres documents, postérieurs à leur mort, nous les montrent recevant les adorations de quelques-uns de leurs successeurs. A la mort de sa mère, ou lorsqu'il eut atteint l'âge de régner, Aménophis ler devint seul roi. On sait qu'à la XIIe dynastie Sésostris III avait réussi à conquérir une grande partie de l'Éthiopie. Les deux pays nubiens de Heh et d'Ouaoua ayant été réduits en provinces égyptiennes, les frontières officielles de l'Égypte étaient fixées à Semneh et l'on peut y voir encore les stèles qui bornaient le royaume à cette époque. Mais les successeurs des Sésostris et des Amen-em-hâ ne surent pas garder ces conquêtes. De plus, la prise de possession du pays par les Hyksos, dont les armées victorieuses occupèrent l'Égypte pendant plusieurs siècles, fut cause que les provinces autrefois acquises regagnèrent peu à peu leur indépendance. Ahmès ler s'était surtout occupé de chasser les Hyksos et de leur refermer à tout jamais l'entrée de l'Égypte. Le pays bien tranquille au Nord-Est, Aménophis Ier eut à reconquérir l'Éthiopie. Les souverains de la XIIe dynastie avaient envoyé au Sud de leurs provinces éthiopiennes plusieurs missions pour y exploiter les terrains aurifères. Aménophis s'empara de ces riches régions et, pillant et tuant sur son chemin, porta ses armes jusqu'à Napata où l'on a retrouvé une planchette en bois exposée au musée de Turin, portant ses cartouches ainsi que ses titres royaux. Comme le roi était ainsi occupé dans le Midi, un nouvel ennemi menaça l'Égypte au Nord-Ouest et il fut obligé de revenir à marche forcée pour défendre son territoire. Des Libyens nomades avaient, en effet, profité de l'éloignement du roi pour pénétrer dans le Delta. L'amiral Ahmès, natif d'Eilithyia et fils d'Abana, qui avait déjà rendu tant de services à Raskenen et à Ahmès ler, du temps de l'expulsion des Hyksos, accompagnait Aménophis en Éthiopie et dirigeait les opérations de la flotte égyptienne. Il se chargea de ramener les troupes en quelques jours et arriva à temps pour arrêter les progrès des Libyens. Un autre Ahmès, fils de Pen-nekheb, était à la tête des troupes de terre. Sous les ordres du roi, tous deux vinrent rapidement à bout de l'ennemi et, après quelques combats, le Delta fut complètement évacué. En récompense de leurs services, les deux Ahmès reçurent des colliers d'or et se virent conférer des titres plus élevés que ceux qu'ils possédaient déjà. Pendant toute la fin de son règne, qui dura plus de trente ans, Aménophis n'eut plus à s'occuper des ennemis et put réédifier partout les temples détruits par les Hyksos, temples dont Ahmès Ier avait déjà relevé quelques-uns. C'est surtout à Thèbes que l'on trouve des traces de son activité. L'ancienne capitale de l'Égypte avait, en effet, bien besoin qu'on s'occupât d'elle; fort négligée depuis plusieurs siècles et abandonnée pour des capitales situées dans le Delta, elle était presque tombée au rang de ville de province. Aménophis agrandit le temple d'Amon, commencé à la Xlle dynastie et se fit construire, à Deir-el-Bahari, un temple funèbre qui demeura inachevé et sur les fondations duquel ses successeurs édifièrent plus tard un vaste et original monument encore visible de nos jours. A Silsilis, à Ombos, on trouve des édifices datés de son règne. Enfin, ses nouvelles provinces éthiopiennes furent dotées de temples consacrés aux divinités de la première cataracte. Une des quatre grottes d'Ibrim, en Nubie, nous montre le pharaon adorant la déesse Sati, dame d'Éléphantine. On a retrouvé beaucoup de tombeaux appartenant à des contemporains d'Aménophis Ier, ceux, entre autres, des deux Ahmès, l'amiral et le général. Plusieurs statues du roi sont conservées dans différents musées d'Europe; une gracieuse statue de calcaire, trouvée à Medinet-Abou, est exposée au Caire. Des sceaux, des vases, des scarabées portant son nom ont été découverts en grand nombre. Enfin, fait à remarquer, c'est sur un monument de l'époque d'Aménophis ler que l'on trouve le cheval dessiné pour la première fois par les artistes égyptiens; le nom hiéroglyphique de cet animal ne se trouve d'ailleurs cité pour la première fois qu'à l'époque d'Ahmès Ier. On peut en conclure que ce furent les Hyksos qui amenèrent le cheval d'Asie en Égypte. Aménophis Ier avait épousé une de ses soeurs, Aah-hotep, qu'il ne faut pas confondre avec une autre Aah-hotep, première du nom, laquelle était, comme nous l'avons vu, grand-mère maternelle du roi. De son mariage avec cette princesse il eut plusieurs enfants dont l'aîné, Thoutmès ou Thoutmôsis, lui succéda au trône. La tombe d'Aménophis, dont l'emplacement nous est connu par un procès en violation de tombes intenté à des personnages de la XXe dynastie, était située à Drah-abou-lnega, au milieu des pyramides funèbres des Antef et d'autres souverains de la XVIIe dynastie. On a retrouvé la momie (Religion égyptienne) du roi, ainsi que celle de sa femme. Elles sont exposées au Caire. Le corps d'Aménophis reposait dans trois cercueils de forme humaine emboîtés l'un dans l'autre. Ces cercueils sont peints en blanc et conservent quelques traces d'ornements dorés. La momie du roi, dont la longueur est de 1,69 m, est entourée de bandelelettes de mousseline rose-orange, maintenues par des écharpes de couleur crème. Elle est couchée au milieu des fleurs; une couronne et des guirlandes de lotus ornent sa tête et son cou, lesquels sont recouverts d'un joli masque en carton colorié, représentant Aménophis avec un gracieux sourire sur les lèvres. Une abeille, qui s'était posée sur les fleurs pendant la cérémonie funéraire, se trouva prise lorsqu'on referma le cercueil et son frêle cadavre a été retrouvé quand on le rouvrit. La momie d'Aah-hotep, qui ne mesure que 1,56 m, est semblable à celle de son mari, sauf qu'elle n'a pas de masque; elle est d'une fraîcheur et d'une coquetterie extraordinaires. Elle était étendue dans un immense cercueil mesurant près de quatre mètres de long. Ce cercueil formé de toiles collées les unes sur les autres et recouvertes d'un épais enduit de stuc, a la forme humaine. Le fond en est blanc; la perruque, quelques, parties du visage et divers détails du collier sont relevés de bleu. La tête et la poitrine, modelées à part, forment couvercle. (V. L.). | |