| Amenemhat Ier (Amen-em-hâ Ier). - Roi d'Égypte entre 1991 et 1962 av. J.-C. Ce souverain, qui fut le fondateur de la XIle dynastie (Moyen Empire), porte le prénom de Râ-sehotep-ab. Il avait été, à Thèbes, le vizir de son prédécesseur, Montouhotep (2061-2010), denier roi de la XIe dynastie, et qu'il a probablement renversé. En tout cas, l'avènement d'Amen-em-hâ Ier et la réunion de tous les nomes égyptiens en un seul empire ne se firent pas sans grandes luttes intestines. Une oeuvre littéraire de cette époque, connue sous le nom d'Instructions d'Amen-em-hâ à son fils Ousourt-sen (Sésostris Ier ), nous apprend que le fondateur de la XIIe dynastie dut combattre vigoureusement les petits princes locaux, qui ne se résignaient pas facilement à voir leurs principautés placées sous la suzeraineté d'un roi de toute l'Égypte. La lutte se concentra au Sud de Memphis, et ce fut près du bourg de Itaoui ou Ithet-Taoui (El-Licht), dont il fera sa capitale, qu'Amen-em-hâ remporta la victoire définitive qui le fit roi des Égyptiens. La constitution intérieure du pays n'en fut pas pour autant changée. Au lieu de princes indépendants, ennemis naturels de l'unité de l'Égypte, les nomes eurent à leur tête des princes féodaux, grands vassaux de la couronne. Amen-em-hâ récompensa les principaux chefs qui lui avaient prêté aide et assistance en les nommant princes de nomes, en remplacement de ses anciens adversaires. Les grands vassaux étaient maîtres absolus de leurs territoires et ne devaient au roi que quelques tributs et un certain nombre d'hommes pour le service militaire. Ces apanages se transmettaient par héritages, se soudaient les uns aux autres par mariages, à tel point que les descendants d'un personnage qui, sous Amen-em-hâ, n'était que prince de Menaït-Khoufou, la Minieh moderne, finirent par posséder, à eux seuls, une grande partie de la Haute-Égypte. Ces guerres intérieures terminées et le trône définitivement consolidé, le roi Amen-em-hâ ler, eut à refouler les ennemis extérieurs de l'Égypte. il combattit successivement les Libyens à l'Ouest et les Asiatiques à l'Est, et fit construire, vers l'isthme de Suez, une grande muraille protégée par des tours de garde, destinée à mettre de ce côté l'Égypte à l'abri des incursions des nomades syriens ou arabes. Son royaume défendu de ce côté, il dut marcher contre les Éthiopiens qui inquiétaient l'Égypte au Sud. Le pays d'Ouaoua s'étendait, d'après les découvertes de Brugsch (Zeitsch. für ägypt. Sprache, 1882, p. 30), depuis Korosko jusqu'à Assouan, sur la rive droite du Nil. Les souverains de l'Ancien Empire avaient eu à soutenir des luttes continuelles contre les peuplades d'Ouaoua, et n'étaient jamais parvenus à les soumettre. Amen-em-hâ Ier semble avoir réussi à les mettre pour longtemps à la raison. Mais, au déclin de sa vie, ces éternels ennemis de l'Égypte secouèrent le joug, et le vieux roi fut encore obligé d'aller batailler contre eux. Une inscription trouvée près de Korosko, à l'entrée de la vallée de Girgaoui, nous apprend, en effet, qu'en l'an XXIX de son règne Amen-em-hâ battit les habitants d'Ouaoua. Malgré ces quelques guerres, le règne d'Amen-em-hâ Ier, qui dura trente ans, fut relativement calme et paisible. Le roi se plaît, dans ses Instructions, à nous décrire l'état de prospérité auquel il sut amener l'Égypte : « J'ai fait que l'endeuillé ne fût plus en deuil, et ses lamentations n'ont plus été entendues; les batailles perpétuelles, on ne les a plus vues, tandis qu'avant moi, chacun s'était battu comme un taureau en démence et que la tranquillité n'était assurée ni au savant ni à l'ignorant. » Amen-em-hâ couvrit l'Égypte de constructions. Ce fut lui qui fonda le sanctuaire d'Amon à Thèbes, sanctuaire dont les agrandissements successifs finirent par former les édifices immenses de Karnak. A Abydos, il construisit un temple d'Osiris, et à Memphis, un temple de Ptah. On trouve des traces de son activité à Tanis et à Crocodilopolis. Cette dernière ville était située au centre du Fayoum; Amen-em-hâ visita donc cette région et il y fit probablement commencer les études préparatoires qui aboutirent, sous le règne d'Amen-em-hâ Ill, à des grands travaux autour du Birket Kânoun (Lac Moeris). Dans la XVIe nome de la Haute-Égypte, il fonda une ville dont le nom était le prénom même du roi, Rà-sehotep-ab. Enfin, il ouvrit de nouvelles carrières à Tourah, en face de Memphis, et fit continuer les exploitations de la vallée d'Hammamât. Amen-em-hâ Ier n'était plus jeune quand il monta sur le trône. Au bout d'un peu plus de dix-neuf années de règne, il s'adjoignit son fis Sésostris Ier, qu'il nomma régent du royaume. Dix ans plus tard, après un dernier succès remporté sur les Éthiopiens, le vieux roi mourut et son fils lui succéda. | |
| Amenemhat II (Amen-em-hâ II). - Roi d'Égypte entre 1929 et 1892 av. J.-C. Ce souverain, petit-fils du précédent, porte le prénom de Râ-noub-kaou. Il fut nommé régent et associé au trône en l'an XLII du règne de son père Sésostris Ier. Trois ans après, celui-ci mourut et Amen-em-hâ II devint seul roi. Le règne de ce pharaon fut essentiellement calme; aucun des monuments qui nous sont parvenus de son époque ne fait mention d'une guerre quelconque. Les victoires de ses deux ancêtres avaient assuré à l'Égypte de longues années de repos. Le pays d'Ouaoua, réduit en province égyptienne sous le règne précédent, se laissait docilement gouverner par un fonctionnaire égyptien. Ces gouverneurs d'Éthiopie prirent peu à peu une importance plus considérable et bientôt nous les voyons porter le titre officiel de prince royal d'Éthiopie. La longue muraille construite par Amen-em-hâ Ier, soigneusement gardée par des postes militaires, suffisait à défendre l'Égypte contre les invasions des nomades asiatiques. D'autre part, les Libyens, après avoir subi défaites sur défaites, se trouvaient guéris de l'idée de voyager en Basse-Égypte et restaient tranquilles dans leurs déserts. Amen-em-hâ II ne fit pas construire de monuments importants. Il se contenta d'entretenir les exploitations mises en activité sous ses prédécesseurs et qui ajoutaient à la richesse de l'Égypte. On continua d'extraire des turquoises et du cuivre dans les mines du Sinaï, comme l'indique une stèle trouvée à Sarbout-el-Khadem, endroit où, près de l'entrée d'une mine, Amen-em-hâ fit construire un petit temple à l'Hathor Sinaïtique. Dans la vallée d'Hammamât, les carriers travaillèrent assidûment à tirer la pierre, brèche ou granit. Le roi envoya par toute l'Égypte des ingénieurs qui devaient lui adresser des rapports détaillés sur l'état des monuments. C'est ainsi qu'il fit rebâtir pyramide funèbre d'un de ses prédécesseurs, le roi Aménou. Des missionnaires égyptiens parcoururent les régions éthiopiennes situées au Sud d'Ouaoua. Ce pays, riche en or, fut régulièrement mis en exploitation, et des puits y furent creusés pour la commodité des mineurs. Une flotte commerciale alla même visiter l'Arabie, escortée par quelques troupes, et le chef qui la commanda a laissé à Ouadi-Gasous, près de Coceyr, une stèle datée de l'an XXVIII du roi, dans laquelle il se félicite de son heureux retour. L'épouse d'Amen-em-hâ II, dont une jolie statue en granit gris nous est parvenue, se nommait Nofri-t. Après un règne de trente-cinq ans, sous lequel la fraction nantie de la population de l'Égypte ne vécut que des jours heureux et prospères, le roi associa au trône son fils Ousourt-sen II (Sésostris II). Trois ans après il mourait, assassiné par ses eunuques, selon le rapport de Manéthon, et son fils restait seul roi. |
| Amenemhat III (Amen-em-hâ III). - Roi d'Égypte entre 1844 et 1797 av. J.-C. Ce souverain, arrière-petit-fils du précédent, succéda à son père Sésostris III; il porte le prénom de Râ-n-mâ. Amen-em-hâ III n'eut pas de guerres importantes à soutenir et put s'occuper, pendant son long règne, des grands travaux de l'intérieur. Sésostris III avait annexé à l'empire égyptien le grand pays de Heh, qui s'étendait de Korosko jusqu'à la deuxième cataracte. De puissantes forteresses édifiées à Semneh et à Kummeh, de chaque côté du Nil, défendaient la frontière méridionale de l'Égypte. Pourtant, les Éthiopiens se révoltèrent et Amen-em-hâ dut les mettre à la raison; il fit bâtir en face de Pselchis, en plein pays de Heh, une nouvelle forteresse où il laissa des garnisons égyptiennes qui tinrent facilement les rebelles en respect. Libre de ce côté, le roi s'occupa activement des constructions considérables qui devaient illustrer son règne à tout jamais. On trouve, dans les mines du Sinaï, beaucoup de traces de son passage sur le trône : à Sarbout-el-Khadem, il fit creuser dans le roc un spéos précédé d'une assez vaste salle; à Ouadi-Maghara, une stèle nous apprend qu'en l'an un de son règne le roi y envoya une compagnie de 734 mineurs chargés d'exploiter de nouvelles veines de cuivre et de turquoise. A Abydos, à Memphis, il fit agrandir les temples construits par ses prédécesseurs; les propylées qui s'élèvent au Nord du temple de Ptah, dans cette dernière localité, sont également dus à l'initiative d'Amen-em-hâ III. Ce fut surtout dans le Fayoum qu'Amen-em-hâ porta tous ses efforts de constructeur, et les documents égyptiens nous montrent qu'il y consacra toute sa vie. Son nom y est attaché à ceux du Labyrinthe et surtout du lac légendaire Moeris (qui renvoie aux travaux, eux bien réels, réalisés autour du lac Kanoun). Il semble que l'idée de transformer la région marécageuse du Fayoum en région agricole viable ait remonté au règne d'Amen-emhâ Ier . Sésostris Ier, avait continué l'oeuvre de son père en faisant construire des digues le long de la rive occidentale du Nil. Sésostris III avait également bâti à Crocodilopolis, capitale du Fayoum. Mais ce fut donc Amen-em-hâ III qui mena cette oeuvre à bonne fin. En l'an XIX de son règne, il prit personnellement la direction d'une vaste expédition envoyée aux carrières de la vallée d'Hammamât. Deux mille hommes de troupes accompagnaient les ouvriers. Bientôt, les blocs de granit furent régulièrement et abondamment transportés aux rives du Nil, et les travaux commencèrent au Fayoum. En même temps qu'il faisait organisait les aménagements autour du lac Karoun, ainsi que les canaux qui devaient y transporter l'eau du Nil, Amen-em-hâ III faisait bâtir un immense temple à Sebek, dieu principal du Fayoum, à l'entrée même de l'oasis. Une stèle de la vallée d'Hammamât nous apprend qu'une statue assise de ce pharaon, mesurant cinq coudées de haut et destinée à orner le temple de Sebek, devait être sculptée dans ces carrières. Auprès de ce temple, qui ne fut terminé que par ses successeurs, le roi se fit édifier la pyramide funèbre où il voulait être enseveli, désireux de reposer auprès de ses plus chères constructions, Le grand temple de Sebek et la pyramide royale furent désignés par les voyageurs grecs sous le nom de Labyrinthe, mot dont le thème original, purement égyptien, Lapé-ro-hount, signifie « le temple de l'entrée du Fayoum-». Les ruines de ces édifices se retrouvent aujourd'hui auprès des villages d'Illabounet de Howara. Vers la fin de son règne, à une date que les monuments ne nous permettent pas de préciser, Amen-em-hâ III nomma régent son fils Amen-em-hâ IV. Il mourut après avoir régné au moins quarante-quatre ans. Après sa mort, il fut divinisé et des prêtres spéciaux adorèrent son image dans les temples. Le musée de Berlin possède une belle statue d'Amen-em-hâ III, usurpée plus tard par Séti-Merenptah. |