| Amatus Lusitanus, médecin, né au Portugal, à Castel Branco, province de Beira, en 1511 (La Renaissance). Il était d'une de ces familles juives qui avaient été forcées d'embrasser le christianisme et il porta, aussi longtemps qu'il fut chrétien, le nom de Joannes Rodricus de Castelli Albi. II étudia la médecine à l'université de Salamanque, et déjà, à l'âge de quinze ans, il écrivit un commentaire de Dioscoride. Ses études terminées, il s'établit à Lisbonne. L'introduction de l'Inquisition au Portugal, en 1532, et les craintes justifiées que ce tribunal inspirait même aux juifs baptisés, paraissent avoir été cause du départ d'Amatus (La diaspora juive). Il voyagea en France, en Belgique (son commentaire de Dioscoride fut imprimé par lui à Anvers en 1536), en Allemagne, et vint ensuite en Italie. On le trouve successivement à Venise, à Ferrare (où il demeura six ans, entre autres en 1547), à Ancône en 1549 et jusqu'en 1555. A Ferrare, il exerça la médecine et enseigna publiquement l'anatomie et la science des simples (La botanique à la Renaissance). Il fut quelque temps à Rome, comme médecin du pape Jules II, et c'est dans cette ville qu'il finit un de ses ouvrages le 1er avril 1551. Après la mort de Jules III, le siège pontifical fut occupé, en 1555, par Paul III, qui est connu, entre autres, pour le fanatisme avec lequel il persécuta les juifs et tout particulièrement, dès son avènement, les juifs baptisés qui demeuraient à Ancône. Amatus fut obligé de fuir à la hâte, abandonnant ses biens et sa précieuse bibliothèque. II alla demeurer à Pesaro, puis à Raguse (Dubrovnik), et enfin à Salonique, où on le trouve en 1559. Dans cette ville, il put pratiquer librement le judaïsme, auquel sa famille était, sans doute, restée secrètement attachée, et il prit le nom hébreu de Habib (dont Amatus est la traduction). II fut en relations avec le célèbre Joseph Naci, à qui il avait dédié, entre autres, sa traduction espagnole de l'Histoire de Rome, d'Eutrope. Un de ses écrits est daté d'août 1561. On dit qu'il aurait été appelé comme médecin à la cour du roi de Pologne, mais qu'il refusa cet honneur. Son principal ouvrage, ce sont les Sept Centuries (Curationum medicinalium centuriae septem), qui eurent une grande réputation et qui furent imprimées successivement à Venise, Lyon, Barcelone, Bordeaux, Paris, Francfort. Il s'occupa aussi, comme beaucoup de monde à cette époque, de philosophie; il était lié avec Jacob Mantino, qui traduisait des ouvrages arabes en hébreu, et l'une de ces traductions (un fragment d'Avicenne) fut traduite par Amatus de l'hébreu en latin. (I. L.). | |