| Alphonse Ier d'Este, duc de Ferrare, né en 1476, mort en 1534. Il était le fils d'Hercule Ier duc de Ferrare. Son père voulut faire de lui un prince accompli. Alphonse eut pour maîtres les plus célèbres érudits de la Renaissance. Il fit des voyages d'études en France, en Angleterre et aux Pays-Bas pour connaître le gouvernement et les ressources de ces différents pays. Il savait jouer de la lyre aussi bien que Léonard de Vinci : il connaissait l'art de fondre des canons et s'amusait pour se distraire à tourner des ouvrages en bois. Sa principale étude fut l'art de la guerre. Les chefs d'Etat italiens de cette époque étaient sans cesse menacés par l'ambition de leurs voisins, sans cesse obligés de défendre leur dynastie. Alphonse prit une grande part aux guerres d'Italie. Devenu en 1505 duc de Ferrare, à la mort de son père, il entra dans la ligue de Cambrai contre Venise, et, à la tête des troupes pontificales que Jules Il avait placées sous ses ordres, il s'empara de Rovigo de Montagnana, d'Este, et s'avança jusque sous les murs de Padoue. Mais bientôt le pape se rapprocha de Venise et se tourna contre les Français. Alphonse Ier, qui n'avait pas voulu abandonner ses alliés, fut attaqué par les troupes pontificales : il perdit Modène et Reggio; cependant il sauva Ferrare et contribua peu de temps après à la victoire des Français à Ravenne (1512). Voulant se réconcilier avec le pape, il se rendit à Rome où Jules II voulut le faire arrêter. Léon X le rétablit dans ses anciennes dignités, mais sans lui rendre Modène, ni Reggio. Alphonse se brouilla encore avec le pape à cause de sa fidélité à la cause française. Léon X songeait à former pour son neveu Laurent de Médicis un royaume de la haute Italie qui aurait compris le duché de Ferrare; mais ses projets échouèrent et Alphonse recouvra même, grâce à Charles-Quint, Modène et Reggio (1527-1531). Il mourut à cinquante-huit ans (31 octobre 1534). A sa cour, vécut l'Arioste, qu'il protégea, sans toutefois pourvoir toujours assez complètement à ses besoins. La cour de Ferrare était relativement pauvre malgré ses prétentions à égaler la magnificence des plus grands princes italiens. Les poètes se ressentaient de cette gêne. Toutes les ressources disponibles étaient réservées pour les fêtes qui devaient attirer un grand concours d'étrangers et par suite augmenter la réputation de la maison d'Este. Lors du premier mariage d'Alphonse avec Anne Sforza (1491), une représentation des Ménechnnes de Plaute fut donnée à Ferrare. Les fêtes destinées à célébrer le second mariage du duc avec Lucrèce Borgia, fille du pape Alexandre VI (1502), éclipsèrent tout ce qu'on avait vu jusque-là à Ferrare. Le duc Hercule montra aux invités 110 costumes destinés à la représentation de cinq pièces de Plaute afin de prouver qu'aucun ne servirait deux fois. Le mystère de l'Annonciation de la Vierge alterna avec les pièces païennes. D'ingénieuses machines qui permettaient à des personnages symboliques de voler dans les airs et des feux d'artifice enthousiasmèrent les spectateurs. Les intermèdes où apparaissaient dans de somptueux ballets Apollon et Bacchus, Hercule et Amphitryon étaient d'ailleurs les principaux attraits de ces fêtes. Alphonse eut plusieurs enfants légitimes et naturels. Les seuls qui aient joué un rôle historique sont Hercule Il son successeur, et Hippolyte, cardinal d'Este, le second du nom. (H. Vast). | |