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Agricola (Cnéius Julius), général romain, né le 13 juin 38 ap. J.-C. à Fréjus, en Gaule; mort le 27 août 93. Son père, Julius Grécinus, fut mis à mort, sous le règne de Caligula, pour avoir répondu par un refus à l'ordre, venu de l'empereur, d'accuser Silanus. C'est sous l'oeil de sa mère, Julia Procilla, que grandit Agricola; dès son enfance, il fut élevé à Marseille, ville où règnent, dans une heureuse harmonie, dit Tacite, la politesse grecque et la frugalité provinciale. Dans les écoles de la cité phocéenne, il prit un goût très vif pour la philosophie; mais il négligea bientôt ses études de jeunesse pour entrer dans la carrière des armes. Il fit l'apprentissage de la guerre en Bretagne dans les légions de Suetonius Paullinus, sous le règne de Néron; il y acquit une profonde connaissance du pays et des moeurs des habitants dont il fit son profit quand il retourna dans cette île, comme chef d'armée. Après ses débuts militaires, Agricola revint à Rome et se maria avec Domitia Decidiana. De ce mariage devait naître une fille, qui fut la femme de Tacite. II commença la carrière des honneurs par l'exercice de la questure en Asie et se fit remarquer par son intégrité. Ensuite tribun, puis préteur, il garda un rôle assez effacé pour ne pas irriter, dit Tacite, les jalousies de Néron. Galba, lors de son court passage sur le trône, en 68, chargea Agricola, de faire rentrer dans les temples tous les dons qui avaient été dérobés. Dans les guerres civiles du règne d'Othon, Agricola perdit sa mère, victime de la cupidité des soldats (L'histoire du haut-Empire). Avec le règne de Vespasien, Agricola commence à jouer un rôle plus important. Il avait embrassé l'un des premiers le parti du nouvel empereur : il en fut récompensé par le commandement de la vingtième légion, cantonnée en Bretagne. II prit part aux différentes expéditions du légat consulaire, Pétilius Cérialis, et se signala par ses succès. Au retour de ce commandement, Vespasien lui donna le gouvernement de l'Aquitaine. C'était une charge importante qui menait au consulat. En effet, moins de trois ans après, il fut rappelé de sa province pour être nommé consul (77). C'est alors que sa fille fut fiancée à Tacite; le mariage se fit après son consulat. En même temps, Agricola recevait de Vespasien la dignité de pontife et le gouvernement de la Bretagne (78). A peine arrivé dans sa province, le nouveau gouverneur se signala par une attaque heureuse contre les Ordovices, au centre du pays de Galles, et par la prise de l'île de Mona (Anglesey); ce dernier succès frappa les Bretons de stupeur, car les légionnaires franchirent à la nage le petit bras de mer qui les séparait de l'ennemi et pénétrèrent ainsi dans cette île dont les habitants se croyaient insaisissables. La douceur et l'habileté du gouvernement d'Agricola ne firent pas moins que ses victoires; peu à peu, les habitudes romaines s'introduisirent, la toge même devint à la mode (L'histoire de l'Angleterre antique). Agricola (38-93). Cette statue, oeuvre du ferronnier d'art fréjusien Lucerini a été réalisée vers le milieu du XXe siècle. Elle a été élevée sur la place qui porte le nom de l'illustre romain de Fréjus et qui est une des plus belles de la ville. Photo Alfred Bertini, © 2010, reproduction interdite. La quatrième année de son commandement, Agricola fit une reconnaissance militaire au nord de l'île et il établit une série de postes fortifiés sur l'isthme, large de 30 milles, qui s'étend entre les deux mers, du golfe de la Clyde à celui du Forth, là même où devait s'élever plus tard le mur d'Antonin. Puis il entreprit une attaque contre la Calédonie, l'Ecosse actuelle, en s'avançant par terre jusqu'aux monts Grampians, tandis que la flotte romaine longeait la côte. Les Calédoniens et leur chef Galgac vinrent au-devant de lui lui livrer bataille. Ils furent vaincus, malgré leur courage héroïque; les insulaires auraient perdu dix mille hommes et les Romains seulement trois cent soixante. Agricola cependant ne voulut pas pousser plus loin sa marche en avant, les légions rentrèrent dans leurs retranchements. Quant à la flotte, elle alla reconnaître la pointe septentrionale de l'île et rejoignit ensuite l'armée de terre. La légation de Bretagne ne durait d'ordinaire que trois ans. Agricola eut la faveur d'y rester sept ans, jusqu'en 85. Cela ôte de la vraisemblance à ce qu'avance Tacite, que Domitien ait conçu de l'ombrage pour ces victoires, alors surtout qu'une statue couronnée de laurier et les décorations triomphales furent votées au vainqueur par le Sénat sur la proposition du prince. Quoi qu"il en soit, Agricola, de retour à Rome, resta assez longtemps dans la retraite; il n'en sortit que pour refuser de participer au tirage au sort des provinces d'Afrique et d'Asie, pour ne pas provoquer la jalousie impériale. II mourut à l'âge de cinquante-six ans; sa mort fut entourée de mystère, on l'attribuait au poison, mais Tacite ajoute qu'il ne peut rien affirmer avec certitude. Agricola, dans son testament, donna Domitien pour cohéritier à sa femme et à sa fille. Tacite a écrit, en 97, la biographie de son beau-père sous le titre de Vie de Cn. Julius Agricola; c'est plus une oraison funèbre et un panégyrique qu'une biographie : Tacite a surfait son héros qui était aussi son parent. Cependant, malgré ces réserves, cette biographie n'en demeure pas moins une source historique de premier ordre. (G. L.-G.). | ||
Agricola (Rudolf), professeur de philosophie à Heidelberg, né près de Groningue, en 1443, mort en 1485, fut un des restaurateurs des sciences et des lettres en Europe, et combattit la scolastique. Il s'était formé en France et en Italie. Parmi ses écrits, qui ont été réunis sous le titre Lucubrationes, Cologne, 1539, les plus importants sont le discours In laudem hilosophia et le traité De inventione dialectica, Cologne, 1527, où il a le premier exprimé la possibilité d'instruire les sourds-muets. - Rudolf Agricola, par Lucas Cranach l'Ancien. | ||
Agricola (Jean), surnommé Magister Islebius, parce qu'il était d'Eisleben en Saxe, né en 1492. mort en 1566, fut un des principaux coopérateurs de Luther. Il soutenait que la foi évangélique est inutile pour être sauvé, et par là il donna naissance à la secte des Antinomiens (c'est-à-dire adversaires de la loi). A la suite de démêlés qu'il eut avec Mélanchthon au sujet de cette doctrine, il se retira à Berlin où il devint prédicateur de la Cour. Il prit part à l'Intérim d'Augsbourg, au colloque de Leipzig (1519), et signa les articles de Smalkalde (1537). Il a laissé, outre des ouvrages de controverse, un Recueil de proverbes allemands, accompagné d'un Commentaire estimé, Haguenau, 1529. | ||
Agricola (Georg. A.) (Bauer), minéralogiste allemand né à Glaucha (Glogau), en Misnie, le 24 mars 1490, mort à Chemnitz le 21 novembre 1555. Il se livre d'abord à des études de philologie, puis il se rend à Leipzig où il étudie la médecine, la physique et la chimie. Il part ensuite pour l'Italie, où il reste deux ans et où il obtient le grade de docteur. Après son retour, il s'établit médecin à Joachimsthal; là il étudie les minerais et les procédés métallurgiques, il compare ce qu'il voit avec ce qu'il a lu, et il se forme ainsi au système personnel. En 1528, il publie Bermannus, sive de re melallica dialogus. C'est le premier ouvrage traitant de minéralogie, qui ait été publié depuis l'Antiquité. En 1530, nommé historiographe du prince électeur Moritz, il se rend à Chemnitz, où il compose divers écrits historiques, notamment Dominatores Saxonici a prima origine ad hanc aetatem; Freiberg. En 1544, il fait paraître De ortu et causis subterraneorum. En 1545 Agricola donne De natura eorum quae effluunt e terra, et en 1546 De nature fossilium. Ces deux ouvrages contiennent la première description systématique qui ait été faite des minéraux. Il les divise, d'après leurs propriétés extérieures (couleur, transparence, saveur, odeur, dureté, poids, forme extérieure) et leurs propriétés chimiques et physiques, en minéraux simples et composés, puis il divise les minéraux simples, en terres, concrétions, serres et métaux; de plus, il traite de l'usage économique des divers minéraux et il indique les gisements. Le système fondé par Agricola se maintint longtemps, et jusqu'au XVIIe siècle il servit de base à un grand nombre de descriptions de minéraux. Il fut suivi par Kentmann, par Gessner et Casalpien. En 1546, Agricola publia De veteribus et noves metallis; en 1548, De animantibus subterraneis. De 1549 à 1550 parurent plusieurs petits écrits sur les métaux. Quoique fort savant, Agricola n'était pas exempt des préjugés du temps : il croyait aux esprits et à la pierre philosophale; on a ainsi de lui un traité De lapide philosophico, Cologne, 1531. Son ouvrage principal, De re metallica libri XII, était terminé en 1550, mais il ne fut publié qu'en 1556. Ce traité est décoré d'excellentes gravures sur bois, dues à Basilius Wehring, de Joachimsthal. Il a opéré une révolution dans l'exploitation des mines et le traitement des minerais. Une édition complète des oeuvres d'Agricola parut, en 1550 et en 1558, en deux parties, à Bâle. E. Lehmann a donné une édition des oeuvres minéralogiques d'Agricola en allemand; Freiberg, 1806-1813, 4 vol. in-8. |
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