| Agnosticisme, agnostique sont des mots employés par certains philosophes pour qualifier les doctrines qui déclarent l'absolu inconnaissable, inaccessible à l'esprit humain. Ce scepticisme partiel peut être commun à des doctrines d'ailleurs fort différentes. Le criticisme kantien (Kant), qui tient pour impossible la connaissance des « choses en soi » et ne voit dans l'absolu qu'une idée de la raison, sans réalité objective; la philosophie de sir William Hamilton, dont le principe fondamental est la relativité de toute connaissance, et l'impossibilité pour la pensée de saisir l'incondilionné, puisque par sa nature elle conditionne tous ses objets; le positivisme d'Auguste Comte, qui proscrit comme vaine toute recherche métaphysique, réduisant aux faits et à leurs rapports tout le savoir possible; l'évolutionisme de Herbert Spencer, qui admet l'absolu comme objet de croyance («seule base sur laquelle puisse s'établir la réconciliation de la religion et de la science »), mais qui le déclare en même temps « inconnaissable-», mieux encore, « inconcevable » à l'intelligence humaine. Ce sont là les principales doctrines auxquelles soit appliquée l'épithète d'agnostiques. Cette épithète ne l'est guère que par des philosophes qui, continuant à admettre la perception plus ou moins directe de l'absolu par la raison, ne peuvent s'empêcher de tenir pour sceptiques ceux qui ne l'admettent pas, quel que soit d'ailleurs leur dogmatisme scientifique ou moral. (H. M.).
| En bibliothèque - Leslie Stephen, An agnostic's apology, 1893; Georges Michelet, Dieu et l'agnosticisme contemporain, 1908. | | |