|
. |
|
![]() |
Louis Jean Rodolphe
Agassiz est l'un des plus éminents naturalistes du XIXe
siècle, né à Mottier, dans le canton de Fribourg (Suisse),
le 28 mai 1807, mort à Cambridge (Massachusetts)
le 14 décembre 1873. Le père d'Agassiz était pasteur protestant, d'une
famille de pasteurs de père en fils. Le jeune Agassiz commença ses études
en 1818 au collège de Bienne; dès cette
époque, ses goûts le portaient vers l'étude de la nature; il consacrait
ses loisirs à aller à la pêche et à collectionner des insectes; son
père s'étant sur ces entrefaites fixé à Orbe, il se livra à l'étude
systématique des plantes qui venaient dans les environs de cette localité.
Après avoir passé quelque temps à Lausanne,
où il commença l'étude de la médecine, Agassiz se rendit en 1824 Ã
Zurich, puis en 1826 à Heidelberg où il eut pour professeur d'anatomie
Tiedemann et pour professeurs d'histoire naturelle
Bischoff et Leuckart; enfin, en 1827, il passa
à Munich où il se créa d'excellentes relations; Döllinger, qui le reçut
sous son toit, développa en lui le goût de l'embryologie;
pendant quatre ans il suivit le cours de philosophie
de l'esprit de Schelling; il se lia avec Oken,
Martius, Schimper, Vogler, etc. A la mort de Spix, le compagnon de voyage
de Martius, celui-ci le chargea de rédiger les Poissons de son
voyage au Brésil : Selecta genera et species piscium quos collegit
et pingendos curavit J.-B. de Spix digessit, descripsit et observationibus
illustravit doct. L. Agassix; Munich, 1829-34, gr. in-fol., 91 pI.
Ce fut son premier ouvrage et, grâce à lui et à quelques autres sur les poissons Europe, il eut bientôt la réputation d'un ichtyologiste distingué. Reçu docteur en philosophie en 1829, docteur en médecine en 1830, il fit cette même année un voyage à Vienne, puis, en 1831, un autre à Paris, s'occupant toujours de préférence de poissons vivants et fossiles. A Paris, il conquit l'amitié de Cuvier et la protection de Humboldt. En 1832, Agassiz fut appelé à occuper
à Neufchâtel une chaire d'histoire naturelle créée pour lui. Il resta
là jusqu'en 1846 et pendant toute cette période de sa vie déploya une
prodigieuse activité. Il fonda un musée à Neufchâtel, y créa une Société
des sciences naturelles, fit de nombreuses excursions avec Desor,
Studer, Karl Vogt, etc., pour étudier les glaciers,
voyagea en 1834 en Angleterre, en 1835 en Écosse et en Irlande. Il était
entouré d'élèves avides de s'instruire, de savants qui participaient
à ses travaux, de dessinateurs et d'artistes chargés d'exécuter les
magnifiques planches qui accompagnent ses ouvrages et ses mémoires. C'est
pendant son séjour à Neufchâtel qu'il publia ses remarquables travaux
sur les échinodermes En 1859, il obtint le grand prix de l'Institut
de France, la croix d'officier de la Légion d'honneur et l'offre d'une
chaire à Paris. Il refusa. En 1865, il dirigea une grande expédition
scientifique en Amérique du Sud Cet éminent savant, qu'on a parfois surnommé le Humboldt de l'Amérique, a exercé une influence énorme sur le développement des études d'histoire naturelle dans cette contrée, par ses remarquables travaux et ses théories sur le développement des sciences naturelles en général. Il était à la fois philosophe et naturaliste, et professeur hors ligne. Son ouvrage le plus important est celui
sur les poissons fossiles cité plus haut, et qui fut rédigé principalement
sur des matériaux fournis à Agassiz par Cuvier;
à côté de cet ouvrage, il convient de citer sa Monographie des Poissons
fossiles du vieux grès rouge, ou système dévonien des îles
Britanniques (Soleure, 1844-1845, 41 pl.), fruit de ses voyages
en Angleterre. C'est à Agassiz que revient d'avoir distingué chez les
poissons quatre types d'écailles : ganoïdes Outre les poissons, Agassiz s'est beaucoup occupé des échinodermes; un premier mémoire, Ueber die Échinodermen, parut dans l'Isis en 1834; - en 1839, il publia un essai anatomique admirable sur l'Astrophyton; - de 1838 à 1842 sa Monographie d'Échinodermes vivants et fossiles (Neufchâtel); - puis en 1846 et 1847 diverses notes dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris; - enfin, avec Edouard Desor, Catalogue raisonné des familles, des genres et des espèces de la classe des Echinodermes dans les Annales des sciences naturelles, 3e sér., t. VI, 1846, et t. VII et VIII, 1847. Plus tard parurent encore de lui plusieurs mémoires sur ce type d'animaux dans les recueils périodiques. Les mollusques l'ont également occupé;
ses ouvrages les plus importants sur ce sujet sont : Études critiques
sur les Mollusques fossiles; Neufchâtel, 1840-1845, 4 fasc., 115 pl.;
- Iconographie des coquilles Nous devons encore, dans le domaine de la zoologie, mentionner les suivants : Introduction to the study of natural history; New-York, 1847; - Lectures on comparative embryology; Boston, 1849 ; - Avec Gould : Principles of zoology; Boston, 1846; - Contributions to the natural history of the United States. Cet ouvrage devait comprendre 10 volumes; il n'en a paru que quatre; - Embryology of the Turtle; Boston, 1857, 2 vol., et Acalephae; Boston, 1860-1862, 2 vol. ; - Methods of study in natural history; Boston, 1863; - The structure of animal life; New-York, 1866. - Agassiz rédigea à partir de 1863 le Bulletin et l'Illustrated Catalogue of the museum of comparative zoology et commença, avec vingt-deux collaboratours, le Nomenclator zoologicus, qui a été continué après lui, ainsi que sa Bibliographie générale d'histoire naturelle. Il nous reste à envisager Agassiz comme géologue. La présence, dans le Jura, de nombreux blocs erratiques attira de bonne heure son attention; Charpentier avait expliqué leur présence par l'extension des glaciers jusque dans ces régions à des époques antérieures. Agassiz comprit toute la justesse de cette manière de voir. C'est en 1837 qu'il formula ses idées pour la première fois, dans son Discours d'ouverture sur l'ancienne extension des glaciers, devant la Société helvétique des sciences naturelles réunie à Neufchâtel et dont il avait été élu président. C'était un coup de foudre dans un ciel serein; les vieux géologues bondirent; malgré la résistance désespérée de Léopold de Buch, Agassiz fit triompher ses vues. Il continua ses explorations pendant huit
années consécutives. En été 1840, il s'établit avec ses compagnons
sur la moraine médiane du glacier de l'Aar, n'ayant pour tout abri, pendant
la nuit, qu'un gros bloc de gneiss; il y revint les années suivantes,
et y construisit en 1842 une hutte en bois Enfin, Agassiz est l'auteur d'un ouvrage général, le chef-d'oeuvre de sa maturité; d'après l'expression de ses biographes, l'Essay of classification, paru d'abord en tête de son premier volume des Contributions... dont il a été question plus haut; puis réimprimé le Londres en 1859 et traduit en français sous le titre de l'Espèce et les Classifications; Paris, 1869, 1 vol. in-8 de la Biblioth. de philos. contemporaine. Cet ouvrage renferme des vues ingénieuses sur la classification des animaux, mais a certainement exercé sur le développement de la zoologie une influence bien moindre que les ouvrages sur les Poissons et même ceux sur les Echinodermes. Partisan de la méthode et des idées de Cuvier, inspiré d'Oken et de la philosophie de la nature, adversaire déclaré de la théorie de l'évolution de Darwin, il admet les créations successives, les centres de création distincts, même pour les types humains, et arrive ainsi à défendre des thèses qui peuvent plaire à des théologiens; mais qui dès son époque s'avèrent déjà assez opposées aux idées admises. Pour comprendre les dérives auxquelles donnaient lieu ses conceptions, il suffit de rappeler qu'Agassiz, cet esprit par ailleurs si éclairé, était arrivé, grâce à sa théorie de l'origine multiple des races humaines, considérées comme descendant d'autant de couples créés, à proclamer l'infériorité de la race noire et à se prononcer en faveur de l'esclavage. On trouvera un dernier mémoire d'Agassiz sur ces questions, sous le titre d'Evolution et permanence du type dans la Revue scientifique, 2e sér., t. Vl, p. 916, 28 mars 1874. (Dr. L. Hn). |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|