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Géologie de l'Afrique |
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Si
nous essayons de nous reporter aux époques géologiques passées
et de nous représenter l'histoire de la formation du continent africain,
la première chose qui frappe, c'est l'abondance relative des terrains
cristallins et granitiques qui témoignent d'une grande ancienneté de
régions étendues. L'Afrique s'articule ainsi autour de quatre principaux
socles précambriens : craton de l'Afrique
de l'Ouest, métacraton du Sahara (bloc occidental : Algérie, bloc oriental
: Lybie, Egypte, Soudan), craton du Congo (blocs : Bangweulu, Kasaï, Tanzanie,
Tete) et craton du Kalahari (blocs : Kaapvaal,
Zimbabwe), auquels il convient d'ajouter le craton arabe. Ces blocs, avec
d'autres (ancêtres de l'Amérique du Sud,
de l'Australie et de l'Antarctide),
formaient des paléocontinents à partir desquels s'était formée au Carbonifère
la partie méridionale de la Pangée.
Le continent africain actuel a résulté
du fractionnement, commencé il y a environ 160 millions d'années (Jurassique)
de l'ancien supercontinent, le Gondwana, lui-même détaché de la Pangée,
il y a 600 millions d'années. Il y a 125 millions d'années (Crétacé)
la plaque qui supporte l'Inde était complètement
détachée, tandis que Madagascar acquiert son identité en tant que microcontinent
entre l'Afrique et l'Inde; celle qui supporte l'Amérique du Sud commence
à se séparer. Le bloc qui supporte l'Australie et l'Antarctique commence
à se détacher au début du Cénozoïque,
il y a environ 60 millions d'années, tandis que Madagascar
est peut-être relié de nouveau temporairement au continent.
L'ouverture de la mer Rouge à l'Oligocène il y a environ 25 à 30 millions d'années, qui détache l'Arabie de l'Afrique, et la formation du Grand Rift Est africain, une cassure qui démarre à l'embouchure du Zambèze et se poursuit jusqu'à la mer Rouge en passant par les Grands Lacs, et qui préfigure la future séparation de la plaque somalienne, sont des phénomènes géologiquement récents. De même que la surrection de l'Atlas, seule chaîne plissée du continent, et qui résulte de l'effet de compression à la rencontre entre la plaque africaine et la plaque eurasiatique. La région de
l'Atlas.
Le mont Toubkal, point culminant de l'Atlas, et un village Berbère (Maroc). Photo : Julia Maudlin (licence : Creative Commons). La montagne proprement dite est constituée par des marnes schisteuses grises et des calcaires gris très compacts, mélangés de quartzite, le tout profondément bouleversé. On peut classer ces terrains dans l'Oolithique (Jurassique moyen et supérieur) et le Crétacé inférieur. Le djebel Djurjura, le Babor, les montagnes de Tenez et de Cherchell, sont jurassiques; la formation crétacée (la région de Constantine, l'Aurès, etc.), est très importante; on trouve aussi de vastes étendues de sol tertiaire, grès jaunâtre, argile plastique, marne à grains verts (le Sahel d'Alger). Dans la zone côtière, les alluvions qui recouvrent les plaines et les vallées ont valu au pays sa fertilité et son nom de Tell. Dans les plaines du Sud, les alluvions sont aussi superposées aux couches crétacées. En somme, ce qu'il y a de caractéristique, dans la géologie de l'Atlas, c'est qu'elle est très sensiblement la même que celle des régions correspondantes de l'Europe méridionale. La vallée du
Nil et les régions voisines.
Le massif oriental (chaîne arabique) est formé du granit rose, mélangé d'amphibole, qui a reçu le nom de syénite, parce que c'est le terrain qui forme à Syène (Assouan) la dernière cataracte. Les montagnes du désert occidental, de la chaîne libyque, les montagnes du Kordofan, appartiennent aussi à la série paléozoïque et aux roches éruptives; mais de ce côté la masse principale du sol est constituée par des terrains d'origine plus récente : des grès, dans le désert de Nubie; des grès encore au Nord-Ouest de la chaîne arabique: c'est là que les anciens Egyptiens ont pris une grande partie de leurs pierres. Plus au Nord, à partir d'Esneh, le Nil coule entre deux falaises calcaires de la série tertiaire; elles ont été aussi très excavées. Le terrain calcaire se prolonge dans le désert d'une part, dans le delta de l'autre. Dans le désert, la roche est souvent recouverte de sable formé de quartzite désagrégée ; dans le delta, il est recouvert par des alluvions et par des dunes, sauf vers Alexandrie. La vallée même du Nil est naturellement couverte par les alluvions que le fleuve y a déposées à chacune de ses inondations; c'est un sol argileux imprégné de matières organiques. Dans les 10,000 km² du delta du Nil, on ne trouverait pas une pierre; ce sont des terres de date très récente. Des alluvions couvrent aussi la plaine de Sennaar, au Soudan. La région du
Grand Rift.
Vue aérienne de l'Erta Ale (région de l'Afar). (Photo : filippo_jean; licence Creative Commons). Au bord de la mer Rouge on trouve une chaîne de cratères vocaniques, certains actifs; le Nabro, en Erythrée, que l'on a longtemps cru en sommeil, a connu un regain d'activité depuis 2011. En Ethiopie, plusieurs volcans ont eu récemment des éruptions; c'est le cas du Manda Hararo, du Gabuli, du Boyna, sans parler de l'Erta Ale, qui n'a cessé d'être actif depuis 1967. La côte d'Obok (Djibouti) est calcaire et argileuse. Les
Grands Lacs.
Les rives du lac
Victoria sont de formation cristalline, gneiss, mélangé de granit
et de basalte; les îles sont basaltiques. Entre les deux lacs, le Nil
est bordé de syénite. Nous retrouvons les terrains cristallins et éruptifs
dans la direction de Zanzibar. Dans les chaînes
principales, le grès et même le calcaire se superposent au granit.
Le sommet du Kilimanjaro et ses neiges qui fondent à vue d'oeil. (Photo : Worls Factbook). Ci-dessous : l'éruption du Nyamuragira en février 2014. (Photo : Monusco; licence Creative Commons). L'Afrique du Nord-Ouest.
On voit à l'Ouest, dans le Djof (Djouf), des bancs de sel gemme encore plus grands. Au centre du Sahara est une sorte de plateau, que dominent les massifs du Hoggar (Sud de l'Algérie) et du Tibesti (Nord-Ouest du Tchad), et dont les rebords méridional et oriental sont formés de roches cristallines. Le granit s'y présente en masses énormes disposées en terrasses; toutefois il n'émerge tout à fait que dans les crêtes formées aussi de gneiss; en général, il sert de base à des couches de grès, découpées par des ravins très profonds, que suivent ou ont suivi les routes de caravanes. On admet volontiers que le plateau central saharien a été formé sous l'effet de phénomènes volcaniques dont le cratère du Toussidé, dans le Tibesti, avec ses fumerolles toujours présentes, le trapp et le basalte du Haroudj rappelleraient l'intervention. Au Nord, le plateau de Barka, l'oasis de Siouah appartiennent à une formation calcaire On trouve sur le sol du Sahara, raviné par les eaux, la trace de nombreux cours d'eau dans le lit desquels se voient encore des troncs d'arbres fossiles. La
région sahélienne et soudanienne.
Dans ces régions aussi on trouve des volcans éteints et des basaltes se dressant quelquefois en masses isolées (Adamaoua, Fouta-Djalon), là aussi le granit et le vieux grès rouge forment l'assise fondamentale. Le granit domine sur les hauteurs, le gneiss forme les crêtes. A l'Ouest, le grès rouge domine dans les fonds des dunes de sable, et des marécages, d'ailleurs fertiles, s'étalent au-dessus du granit. Les montagnes qui séparent le Sahel de la côte se révèlent formées essentiellement de rochers basaltiques, de granit et de grès. La plaine qui s'étend au pied de ces montagnes est très basse, formée d'alluvions que les courants marins apportent sans cesse le long des côtes de Guinée. Les alluvions du Sénégal sont formées d'une argile schistoïde appelée terre de Gorée et mélangée de minerai de fer, et de temps en temps on y voit émerger une pierre ferrugineuse qui constitue le sol entier de Sierra-Leone et lui donne sa couleur caractéristique. Les dunes de la côte très mobiles sont aussi très basses. Enfin le long de
la côte signalons plusieurs groupes basaltiques, le cap Vert, l'îlot
de Gorée,
le cap Manuel. Au Sud-Est de la Guinée nous remarquerons une curieuse
chaîne volcanique. Elle comprend les monts Cameroun et les îles de Bioko,
Saint-Thomas,
du Prince et Annobon; tous ces volcans sont
très hauts et les principaux, le pic de Clarence et le mont Cameroun,
sont encore actifs. Au Sud d'Annobon on peut encore rattacher Ã
ce groupe un volcan sous-marin.
Le Lac Nyos, au Cameroun. C'est un lac de cratère sur le flanc d'un volcan inactif. Le magma sous le lac dégage du dioxyde de carbone dans ses eaux. En 1986, le lac a émis un gros nuage de dioxyde de carbone qui a tué près de 1800 personnes et environ 3500 têtes de bétail dans les villages voisins. Source : The World Factbook. L'Afrique australe.
Livingstone décrivait ainsi qu'il suit la structure géologique générale du grand plateau austral : En venant de la mer on rencontre d'abord des calcaires marins, puis des roches ignées, trappéennes et basaltiques, une large bande de grès contenant des filons de houille, terrain veiné de trapp noir et de porphyre syénitique où l'on trouve des palmiers fossiles et des conifères silicifiés, des schistes et des micaschistes. Jusqu'ici les terrains étaient sensiblement les mêmes des deux côtés; ils se différencient un peu. A l'Est, nous trouvons des micaschistes portant une dolomite rose et traversée par des formations ignées qui dessinent des montagnes coniques. Plus loin, la micaschiste est soulevé et traversé par le granit qui forme le rebord oriental du plateau. Ce plateau lui-même est constitué essentiellement : à l'Est par de larges couches de tuf calcaire tendre, mélangées de roches ignées de toutes les époques; à l'Ouest par un schiste argileux rouge et des bancs de graviers recouverts d'un conglomérat ferrugineux. Le schiste forme le rebord occidental du plateau, au delà nous retrouvons le grès.Les îles. Pour achever cette revue sommaire de la géologie africaine, il nous reste à parler des îles de l'océan Indien. On se reportera à la page consacrée à Madagascar pour les détails concernant cette île, pour les autres îles il suffit de dire que les Comores et les Mascareignes sont d'origine volcanique, que la Réunion renferme encore deux volcans actifs et que les petites îles sont d'origine corallienne. (GE).
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