| Abauzit (Firmin), né à Uzès en 1679, descendant d'un médecin arabe établi à Toulouse au IXe siècle Après avoir fait ses études à Genève (où sa famille s'était expatriée après la révocation de l'Edit de Nantes), avec un succès éclatant, visita l'Allemagne, la Hollande et l'Angleterre, fit connaissance avec les savants les plus distingués, tels que Bayle et Newton, et gagna leur estime avec leur amitié (Newton, lui demanda même de trancher dans sa querelle avec Leibniz). De retour à Genève, il vécut dans la retraite et se rendit familières toutes les connaissances humaines : la physique, les sciences naturelles, l'histoire, les antiquités. Il était en correspondance avec les personnages les plus célèbres, qui le consultaient sur les questions les plus difficiles. Son goût pour l'indépendance lui fit refuser une chaire à l'académie de Genève; mais il accepta la place de bibliothécaire adjoint sans appointements, et sut,en puisant dans le riche trésor dont la garde lui était confiée , seconder son collègue Baulacre. Ce savant modeste n'a fait que des morceaux de peu d'étendue dont la plupart n'ont été publiés qu'après sa mort. On connaît le pompeux éloge qu'en fait J.-J. Rousseau, dans une note de la Nouvelle Héloïse : "Non, ce siècle de la philosophie ne passera pas sans avoir produit un vrai philosophe; j'en connais un, un seul, j'en conviens; mais c'est beaucoup encore, et pour comble de bonheur, c'est dans mon pays qu'il existe. L'oserai je nommer ici, lui dont la véritable gloire est d'avoir su rester peu connu? Savant et modeste Abauzit! que votre sublime simplicité pardonne à mon coeur un zèle qui n'a point votre nom pour a objet. Non , ce n'est pas vous que je veux faire connaître à ce siècle indigne de vous admirer; c'est Genève que je veux illustrer de votre séjour; ce sont nos concitoyens que je veux honorer de l'honneur qu'ils vous rendent [...]. Vous avez vécu comme Socrate; mais il mourut par la main de ses concitoyens, et vous êtes chéri des vôtres." Une pièce rare, car c'est le seul compliment que Rousseau n'est jamais consenti à un des contemporains vivants... Abauzit mourut à Genève, en 1767, âgé de 87 ans. Ses oeuvres ont été recueillies en 1775, 2 vol. in-8. (Weiss). | |