| Sylvain ou Silvain (Silvanus). - Divinité très ancienne et très populaire de l'Italie et du Latium. Comme Faunus, Sylvain était un dieu des champs, qui protégeait plus spécialement, au moins à l'origine, tout ce qui vivait dans les bois. Il n'est pas douteux, en effet, que son nom dérive directement du mot silva, forêt. Mais sa protection s'étendait aussi sur les bergers, sur les troupeaux, sur les champs cultivés, sur les plantations et les jardins, sur les paysans. Les chasseurs l'invoquaient ou le remerciaient. Auprès de Cérès, de Liber pater, de Palès, il avait sa place dans la plupart des fêtes rustiques, en particulier dans les fêtes qui se célébraient au moment de la moisson. Tous ceux qui cultivaient la terre voyaient en lui un protecteur de leur maison : il était quelquefois appelé Lar agrestis, un Lare champêtre. Les bornes des propriétés rurales lui étaient souvent consacrées. Ces multiples aspects de Sylvain expliquent pourquoi, dans presque toutes les fermes d'Italie, on l'honorait sous la triple forme de Silvanus domesticus, Silvanus agrestis, Silvanus orientalis. Silvanus domesticus protégeait spécialement la maison d'habitation, les bâtiments de la ferme et la cour qu'ils entouraient; Silvanus agrestis présidait aux travaux des champs, à l'élevage des troupeaux, à toutes les manifestations de la vie agricole et pastorale; Silvanus orientalis était le dieu des bornes, des limites, en deçà desquelles s'étendait la propriété (unde oriebatur fundus). Comme divinité protectrice et bienfaisante, il portait aussi le titre de Salutaris. Sylvain fut honoré dans Rome même : son image ornait les jardins et les parcs de la ville; souvent aussi elle était placée dans les bosquets (luci) consacrés à d'autres dieux ou déesses. De l'Italie, où il était né et qui en fut toujours le centre, le culte de Sylvain se répandit dans toutes les provinces septentrionales et occidentales de l'empire romain. Le nom latin de Silvanus fut alors donné à des dieux provinciaux, dont les attributions étaient en partie analogues à celles du Sylvain italique. Ainsi le dieu gaulois au maillet fut appelé Silvanus; en Bretagne, on trouve le nom de Sylvain accompagné d'épithètes locales (Silvanus Cocidius). Sylvain était représenté sous les traits d'un vieillard aimable, à la physionomie joviale et bienveillante; ses attributs les plus fréquents étaient une faucille et une jeune pousse d'arbre, par exemple une branche de cyprès ou de pin; son compagnon favori était le chien. On offrait à Sylvain des épis de blé et des grappes de raisin, des libations de lait et de vin; on lui sacrifiait des porcs. Lorsque les fables de la mythologie grecque s'introduisirent à Rome, Sylvain fut identifié avec Pan. Il était le père ou le chef d'une foule de génies semblables à lui, nommé Sylvains, tous représentés avec des jambes et des oreilles de bouc. Comme Pan, Silvanus passait pour apparaître brusquement au coin des bois et sur les routes; la nuit, il épouvantait les voyageurs de sa voix rauque. Il y avait à Rome des collèges funéraires, qui portaient le nom de collèges de Sylvain, collegia Silvani; on suppose qu'ils prirent ce nom par allusion au caractère funéraire du cyprès, souvent donné comme attribut à Sylvain. Le mot de sylvains, au pluriel,désigne de façon générale les esprits de la forêt, analogues aux faunes. (J. Toutain). | |