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Saül,
le premier en date des rois d'Israël, si l'on ne tient pas compte
d'essais qui n'ont pas eu de suite, tel que celui d'Abimélech, fils
de Gédéon, roi de Sichem. Le siège de la royauté
de Saül est une localité du territoire de Benjamin, sise au
Nord-Est de Jérusalem, le bourg
de Gabaa. Il était fils d'un nommé Kis. Les textes analysés
à la page consacrée aux Livres de Samuel
donnent un double début à ses entreprises militaires, dont
l'objet était de mettre Israël à l'abri des incursions
hostiles ou de secouer le joug étranger. On nous le montre, avec
son fils Jonathan, disputant vigoureusement aux Philistins
la région montagneuse qui formait le lot des gens de Benjamin ;
on nous dit aussi que, simple cultivateur, il vola au secours d'une ville
de la région transjordanique, serrée de près par les
Ammonites. Ce dernier fait n'est admissible
que pour une période où le pouvoir de Saül s'était
déjà affermi. Quant aux luttes avec les Philistins, il serait
excessif de les révoquer en doute; mais on comprend mal ce que cette
population, limitrophe de la mer et sans doute placée sous le vasselage
de l'Egypte,
pouvait rechercher dans la haute montagne. Voici donc comment nous tendons
à reconstituer ces faits, débuts d'un état politique
destiné à faire figure.
Saül, notable benjaminite, fait reconnaître
son influence des cantons voisins de Gabaa, sa ville natale, et l'étend
graduellement jusqu'à se trouver en contact avec les Philistins,
voisins des Israélites, sur la frontière Ouest. L'état
de vasselage humiliant des compatriotes de Saül à l'égard
des Philistins semble exagéré et fait pour rehausser la gloire
de Saül, qui s'en passe. Peu à peu, ce valeureux champion assure
la cohésion d'Israël, ,jusqu'alors livré aux inconvénients
du particularisme des bourg et des tribus. Un jour, il se sent capable
de franchir le Jourdain et de refouler les incursions des Ammonites. En
dernier lieu, il médite de couper la grande route qui assurait,
par la vallée du Kison et par l'intermédiaire des Philistins,
les communications de l'Egypte
avec l'Asie intérieure. Il succomba dans cette tentative. Ces événements
se placent aux environs de l'an 1000 avant notre ère.
Il nous semble oiseux de disserter sur
le caractère de Saül, de le dénigrer au profit de David
ou de rabaisser celui-ci en faveur de son gendre et successeur, II est
peut-être osé de s'inscrire en faux contre les textes qui
représentent Saül en proie à des accès de fureur,
soupçonnant son gendre de le vouloir supplanter, le menaçant
et attentant à ses jours. Quant au reste - poursuite de Saül
courant après David dans les déserts et détours des
territoires de Juda - nous le sacrifions sans hésitation. Donc David,
écuyer, puis gendre de Saül, aurait provoqué sa jalousie;
mais - et les textes le concèdent - il était, à partir
de ce moment, incapable d'inquiéter sérieusement le monarque,
solidement établi à Gabaa. Ce qui plaide tout particulièrement
en faveur de Saül, c'est que son fils put prendre tranquillement sa
succession malgré la catastrophe (combat du mont Gelboé),
où succombèrent Saül et son fils Jonathan. Ce fils,
Isboseth (plus exactement lsbaal), secondé par un chef expérimenté,
Abner, peut se défendre contre l'effort dirigé contre lui
par David, et, s'il n'arrive pas à se maintenir à Gabaa,
trouve à Mahanaïm (rive orientale du Jourdain) un siège
à l'abri de tout danger. Cela encore est la marque du solide établissement
fondé par Saül, qui avait su ranger sous sa direction les groupes
israélites fixés sur le territoire de Galaad.
Nous ne disputerons donc pas à
Saül sa gloire de fondateur d'un royaume resté fameux. II a
été dit en une autre place (article sur les Livres de
Samuel),
que nous écartons absolument la figure de Samuel
de ce qui concerne le premier roi d'Israël. Les restes de Saül
et de Jonathan, d'abord ignominieusement exposés à Beïsan
(Scythopolis), par les Philistins, vainqueurs à Gelboé, reçurent
une sépulture honorable à Jabès du Galaad, et furent,
rapporte-t-on, transférés, en dernier lieu, dans le tombe
familiale, à Gabaa, par les soins de David. (M. Vernes). |
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