| Les Saturnales étaient des fêtes que les Romains célébraient en l'honneur de Saturne le 16 décembre, et qui duraient jusqu'au solstice d'hiver, époque du renouvellement de l'année. Ces fêtes avaient été établies en Italie longtemps avant la fondation de Rome. Les uns en attribuaient l'institution à Janus, d'autres à Hercule ou à ses compagnons; Macrobe en fait honneur aux Grecs, chez lesquels ces fêtes avaient pour but principal de représenter l'égalité qui régnait parmi les humains dans le temps de Saturne (Cronos). Quoi qu'il en soit, les textes historiques font allusion aux saturnales dès les temps les plus reculés. C'était à la fois une fête des pères et des mères de famille et une fête des semailles. Les frères Arvales, voués au culte de la terre nourricière, comptaient leur année de charge d'une fête des semailles à l'autre : A Saturnalibus primis ad Saturnalia secunda. Pendant le cours des cérémonies de cette fête, la puissance des maîtres sur leurs esclaves était suspendue, et ceux-ci, coiffés du pileus, emblème de la liberté, disaient et faisaient ce qui leur plaisait; ils changeaient même de vêtements avec leurs maîtres. Pendant les saturnales romaines, tout ne respirait que le plaisir et la joie; les tribunaux étaient fermés, les écoles vaquaient, les séances du sénat étaient suspendues; il n'était permis d'entreprendre aucune guerre, ni d'exécuter un criminel, ni d'exercer aucun art que celui de la cuisine; les enfants couraient les rues en criant : Io saturnalia. On échangeait de libres propos, et la fête se poursuivait pendant la nuit, à la lueur des flambeaux. Tout le monde se coiffait du pileus. Chacun s'envoyait des présents et se donnait de somptueux repas. De plus, la ville, par un édit public, cessait tous les travaux, et se retirait sur le mont Aventin, comme pour y prendre l'air de la campagne. Il était permis aux esclaves de jouer contre leurs maîtres, et de leur dire impunément tout ce qu'ils voulaient; ceux-ci les servaient à table, comme pour faire revivre l'âge d'or. Enfin, suivant le rapport de Macrobe, toute licence était permise aux esclaves pendant les saturnales. D'abord, la fête ne durait qu'un jour; mais Auguste ordonna qu'elle serait célébrée pendant trois, auxquels Caligula en ajouta un quatrième, qu'il appela Juvenalis; et depuis, on mêla les saturnales avec les sigillaires; ce qui prolongeait la durée de cette fête, tantôt jusqu'à cinq, tantôt jusqu'à sept jours. La statue de Saturne qui, pendant toute l'année, était liée avec des bandelettes de laine, en était débarrassée pendant la fête. Les cérémonies religieuses consistaient en prières adressées à Saturne, dans lesquelles on lui rendait grâces des années dont on avait déjà joui, et on lui demandait de prolonger les jours de ses adorateurs. On sacrifiait aussi à ce dieu la tête couverte, contre l'usage reçu dans les cérémonies semblables. Les offrandes consistaient en figures humaines. Les Latins disaient qu'anciennement on sacrifiait réellement à Saturne des victimes humaines ; mais qu'à son retour d'Espagne, Hercule abolit cet usage barbare, en donnant à l'oracle, sur lequel il se fondait, un sens plus humain. Il leur dit que le mot kephalas pouvait très bien s'entendre de têtes en figure, et que photas, qu'ils croyaient désigner des hommes, signifiait des lumières, et qu'ainsi ils devaient offrir des cierges ou flambeaux. Dans la suite, cependant , on donna, durant ces fêtes, des combats de gladiateurs, ce qui ramenait les Romains à la barbarie antique. Les plaisirs et les festins auxquels on se livrait pendant les saturnales, donnèrent lieu à l'expression usitée, Saturnalia agere, pour dire faire grande chère. Une grande partie des amusements qui signalaient les saturnales se sont perpétués dans les fêtes de carnaval. | |