| Samuel (personnage de la Bible). - Samuel n'appartient pas à un clergé régulier, malgré l'effort fait pour le rattacher au sacerdoce de Silo; c'est un simple laïque. Nous hésitons, d'autre part, à l'assimiler à ces « juges », sorte de généraux improvisés par les circonstances, suscités par la divinité nationale, selon le schéma biblique. C'est un prophète, c.-à-d. un homme appartenant à la catégorie très spéciale de ces « inspirés-», qui interviennent dans les affaires privées et publiques sous le coup d'impulsions d'un caractère purement individuel. C'est à Rama, au Nord de Jérusalem, qu'on faisait voir son tombeau; c'est là également qu'on place le centre de son action; mais, en même temps, on le fait paraître régulièrement dans trois localités, où se trouvaient des sanctuaires réputés : Béthel, Galgala, Maspha. En ces endroits, comme en n'importe quelle localité où l'amènent les circonstances, Samuel agit en prêtre, sans que son biographe semble soupçonner l'existence de clergés réguliers. C'est là un thème qui lui est commun avec la légende-épopée d'Elie et d'Elisée, laquelle se rapporte à une époque plus récente. Nous avons également relevé les doctrines théocratiques, dont il se fait l'interprète. Nous nous trouvons ici en présence d'une très curieuse interprétation de l'ancienne histoire d'Israël, qui tend à rabaisser l'institution royale et supprime purement et simplement l'organisation régulière du sacerdoce. C'est là de la « théorie », et une théorie qui heurte plus encore les vraisemblances - et les possibilités - que les prétentions les plus hautaines du clergé jérusalémite, affichées aux livres dits de Moïse et aux Chroniques. L'histoire (celle des faits) n'en peut rien retirer, et nous sacrifions tout lieu entre Samuel et Saül, entre Samuel et David. Des hommes tels que Moïse, Samuel, Elie, Elisée sont des « noms », autour desquels, selon l'expression allemande, se sont « cristallisées » des conceptions ressortissant à la philosophie politico-religieuse. Le nom de Samuel se rattache à la période qui précède immédiatement l'institution de la royauté en Israël (XIe siècle avant notre ère). Autant qu'on peut se représenter l'institution prophétique en Israël, les prophètes formaient des groupes se mouvant au voisinage des grands sanctuaires, représentant l'inspiration libre, la consultation surnaturelle, à côté de la régularité du rite et des sacrifices auxquels présidait le clergé proprement dit. (M. Vernes). | |