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Reine du ciel.
- Selon la Bible,
c'est le nom que les Hébreux prévaricateurs donnaient à
la Lune. Les enfants amassent le bois, dit Jérémie
(VII, 18), les pères allument le feu, et les femmes mêlent
de la graisse avec la farine pour faire des gâteaux à la Reine
du ciel. Et ailleurs, les Israélites, rebelles aux ordres de Yahveh
disent au même prophète (Ibid. XLIV, 16, 17, 18) :
Nous n'écouterons
point vos paroles, mais nous exécuterons tout ce qui est sorti de
notre bouche, en sacrifiant à la Reine du ciel [...]. Car depuis
que nous avons cessé de sacrifier à la Reine du ciel et de
lui présenter nos offrandes, nous avons été réduits
à la dernière indigence.
On pense que c'est la
même qui est nommée Méni dans l'hébreu d'Isaïe
(LXV. 11) :
Vous
qui dressez une table à la fortune, et qui lui offrez des liqueurs.
L'Hébreu :
Qui dressez
une table à Gad, et qui répandez des
liqueurs en l'honneur de Méni.
Il semble bien que tout cela n'est autre que
la Lune, Astarté,
Trivia, Hécaté, etc., , selon les
différentes conceptions de l'Antiquité.
On lui dressait des autels sur les plates-formes
qui servaient de toits aux maisons, on lui en dressait aussi aux coins
des rues et auprès des portes, et dans les bois
de futaie. On lui offrait des gâteaux pétris avec de l'huile
ou avec du miel, et on lui faisait des libations avec du vin ou d'autres
liqueurs. Les rabbins croient qu'on imprimait
sur ces gâteaux la forme d'une étoile ou d'un croissant.
Il y a peut-être de l'analogie entre
les Hébreux, qui offraient des sacrifices à la Reine du ciel,
et les chrétiens dissidents nommés
collyridiens, qui rendaient à la
Vierge, un culte exclusif de celui de Dieu même.
Saint Epiphane, évêque de Salamine
dans l'île de Chypre,
décrit la secte des collyridiens. Il y avait dans cette île
trois temples élevés à l'honneur de l'Astarte
Phénicienne; on sait qu'ils étaient à Paphos, à
Amathonte et à Idalie, et que l'île entière était
regardée comme le sanctuaire de cette divinité : Le savant
Frédéric Münter a fait des recherches sur le temple
d'Aphrodite à Paphos (Der Tempel
der himmlischen Goettin zu Paphos, in-4°, Copenhague,
1824). D'après lui, les siècles n'ont pas encore effacé
les traces du culte qu'on rendait à cette déesse; la tradition
parle encore de la reine Aphroditis, et un lieu voisin de Paphos rappelle
par son nom, Ieroschipos les jardins qui lui étaient consacrés.
Münter ajoute que le temple fut bâti à l'imitation de
ceux de Babylone et d'Ascalon.
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Reine du Ciel.
- Il y a aussi une Reine du ciel en Chine.
L'Asiatic Journal du mois de juin 1829 rapporte (pag. 734) que
« récemment à
Macao, les officiers du gouvernement ont célébré de
grandes fêtes en l'honneur de la Reine du ciel. Ces fêtes furent
données par l'amiral du port, qui ouvrit la souscription par cent
livres sterling; elle s'éleva jusqu'à onze mille dollars.
Les officiers publics, les marchands de hong, les marchands de riz, les
maçons, les petits merciers, les fermiers, les jardiniers, etc.;
hommes, femmes, enfants, contribuèrent à l'envi pour honorer
la Reine du ciel. Son temple, bâti sur le promontoire de Bar-Fort,
et qui n'offrait que des ruines de briques éparses, a été
reconstruit avec une façade imposante de granit. La vieille image
de la Reine, qui n'avait pas plus d'un pied de hauteur, a été
brûlée et remplacée par une nouvelle de même
grandeur. Sur le chemin qui conduit au sommet de la colline sont rangées
dans. un ordre bizarre les statues des dieux du pays, les pierres divines.
Arrivé au sommet d'un roc immense, on lit, gravés sur la
pierre , en lettres rouges ces mots Tao-yih « le grand. »
Mais leurs philosophes n'ont pas encore
décidé si cette cause première est physique ou intelligente.
Au jour indiqué pour la dédicace de l'image de la Reine et
de diverses autres divinités, le comité du bâtiment
et des réparations fit imprimer une invitation aux dieux et aux
déesses de revenir dans leurs statues, lorsque les yeux de celles-ci
seraient vivifiés par le contact du sang. C'est ainsi que les Chinois
donnent la vie à des morceaux de bois et à des pierres.
Après cette consécration,
des hommes, des femmes et des enfants de toute condition, au son des gongs,
des tambours et des cymbales, et faisant flotter dans les airs des flammes
et des pavillons, se pressèrent en foule, pendant huit ou dix jours
de suite, sur la montagne; exposés à l'ardeur du soleil,
ils se précipitaient les uns sur les autres pour offrir leurs hommages
à la Reine du ciel. Des chèvres, des porcs, de la pâtisserie,
des fruits, des fleurs, du vin, fournis par tous les adorateurs, furent
portés au nouveau séjour de la divinité par le peuple
qui formait cette bruyante procession. De jeunes femmes, vêtues en
habit de cour, étaient portées sur des tables comme des nymphes
des forêts. Les garçons et les filles se rendaient à
cheval au palais de la Reine. Cette Reine du ciel était, d'après,
la tradition, il y a environ six cents ans, une jeune femme nommée
Jin, de la province de Fokien. Les dernières nouvelles de Nankin
portent que l'empereur a déifié une autre vierge, qui, pendant
la dynastie de Song, avait dissipé sa fortune à construire
une jetée pour empêcher la mer d'envahir une province : cette
digue, sur le point d'être terminée, fut emportée par
le flux; alors, de désespoir et de douleur, elle se jeta dans la
mer et s'y noya. Mais les habi- . tants à qui cette tradition était
chère, l'invoquent depuis quelque temps, quand il leur arrive l'accident
qui a causé sa mort ; et ils ont déclaré au gouvernement
du pays qu'ils ont de temps à autre aperçu des signes lumineux
qui indiquaient la présence d'une divinité. Tseang, gouverneur
de Canton, a rendu compte de ce fait à l'empereur, qui a accordé
au peuple l'autorisation de lui élever un temple et de lui rendre
les honneurs divins. Dans ces circonstances, la superstition engage le
peuple dans des dépenses ruineuses. ».
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