| La plupart des religions, anciennes ou modernes, prescrivent des mesures rituelles ayant pour objet de débarrasser les fidèles de souillures symboliques ou d'un caractère accidentel ou attachées aux fonctions normales de l'organisme. Par l'ablation de ces souillures, l'individu récupère l'état de pureté, qui attirera sur lui la bienveillance de la divinité. Les mesures de purification, prises au sens large du mot, comportent une série de degrés, qui vont de la lustration, ramenée à sa plus simple expression, à l'expiation la plus rigoureuse, qui exige le sacrifice soit du coupable lui-même, soit d'une victime immolée en son lieu et place. Les mesures de purification usitées dans le christianisme ont généralement leur source dans les prescriptions de la loi juive, dont nous rappellerons les plus significatives. Les Hébreux, si l'on en croit les textes de la loi dite de Moïse, étaient astreints à des purifications pour des fonctions, telles que les écoulements naturels chez l'homme et chez la femme, des écoulements d'un caractère morbide, l'accouchement. Un règlement spécial et compliqué définit les obligations des personnes guéries de la lèpre. Il serait anachronique d'attribuer à ces prescriptions légales, des intentions qui ressortiraient à ce que nous appelons l'hygiène, alors que les rituels ne sont là que restituer au monde l'ordonnancement premier qu'on lui suppose (Mary Douglas, De la souillure, La Découverte, 2000). De plus, les règles de purifications visent aussi et expressément la souillure morale; tant que celle-ci n'a pas été écartée, le malade est traité en coupable; il est dans l'état d'une personne contaminée, qui risque de communiquer sa souillure aux autres et ne saurait être vue favorablement de la divinité. Au ch. XI du Lévitique (Ancien Testament), on énumère les animaux dont la divinité autorise l'emploi comme aliment; ils sont dits purs, par opposition aux animaux impurs, dont l'attouchement seul, après la mort, communique une souillure soit aux personnes, soit aux objets d'usage domestique, soit à l'eau. Le ch. XII du même livre constitue l'accouchée à l'état d'impureté pour une période de quarante jours si elle a donné naissance à un enfant mâle, pour une période de quatre-vingts jours si elle a mis au monde une fille. La purification a lieu au temple et comporte en premier lieu l'offrande d'un agneau d'un an en holocauste, en second lieu l'offrande d'un pigeon ou d'une tourterelle en «-sacrifice d'expiation ». La femme rentre ainsi dans l'état de pureté. L'Église chrétienne célèbre le 2 février la fête de la purification de la Vierge, on exécution de cette loi (Chandeleur, Présentation). La très intéressante loi sur la lèpre et sur les purifications qu'elle entraîne en cas de guérison occupe les ch. XIII et XIX du Lévitique. On y traite non seulement des manifestations de la lèpre sur l'homme, mais de la « lèpre des vêtements », de la lèpre qui s'attaque aux objets en peau, enfin de la lèpre qui a pour siège les habitations. Le ch. XV traite de la gonorrhée et des pollutions naturelles chez l'homme, du flux menstruel chez la femme. L'examen seul de ces dernières prescriptions montre que le législateur a visé au but plus théorique que pratique; la vie quotidienne eût subi des gênes intolérables si ces mesures avaient revêtu un caractère d'obligation. On peut ramener les prescriptions ci-dessus rapportées de la loi juive à ce principe général le pays et le peuple adoptés par Yahveh doivent se maintenir dans un état de pureté légale s'ils veulent échapper à sa juste vindicte. (M. Vernes). | |