| Dans la mythologie grecque, les Phéaciens étaient peuples de l'île de Corfou (Schérie), dont Homère s'est plu à décrire longuement dans l'Odyssée, les moeurs fabuleuses. Ils habitèrent à l'origine les plaines d'Hypérie, auprès des farouches Cyclopes; mais, violentés par eux, Ils se retirèrent à Schérie, sous la conduite de Nausithoüs, qui bâtit une cité dans l'île, partagea des terres, et éleva des temples aux dieux. Nés pour la marine, les Phéaciens excellaient dans l'art de conduire les vaisseaux, et s'occupaient à fabriquer des cordages, des mâts, des voiles et des rames. Leurs femmes tissaient merveilleusement la toile. Leur isolement au milieu de l'Océan leur ôtait toute crainte d'être attaqués par des peuples étrangers, et servaient leur disposition au plaisir; aussi étalent-ils inhabiles à manier la flèche ou la lance, aux combats du ceste et de la lutte; ils aimaient surtout les festins, la musique et la danse. Alcinoüs, aidé d'un conseil composé de douze princes, régnait sur eux lorsqu'Ulysse aborda dans l'île de Schérie, où il eut lieu d'admirer les ports, la beauté des navires dont ils étaient remplis, la magnificence des places publiques, la hauteur des murailles, et les remparts palissadés. Le palais de roi, revêtu d'airain depuis la base jusqu'au sommet, brillait d'une lumière éclatante. Les portes étaient d'or. Aux deux côtés l'on voyait des chiens d'or et d'argent; Héphaistos les avait faits par les secrets merveilleux de son art, afin qu'ils gardassent l'entrée du palais d'Alcinoüs. Ils étalent immortels et toujours jeunes. Les jardins d'Alcinoüs n'étaient pas moins remarquables par leurs arbres toujours chargés de fruits délicieux, et par la douce température qui y régnait toute l'année. D'un caractère très hospitalier, les Phéaciens accueillirent favorablement Ulysse, auquel Nausicaa avait indiqué le moyen de s'introduire chez son père. Des jeux, des repas splendides, égayés par les accords des chantres, signalèrent le séjour du héros dans cette terre magique. Les plus habiles des Phéaciens essayèrent en vain de triompher de leur hôte au jet du disque; iI les vainquit tous. Le moment du départ étant arrivé, Ulysse, en parfaite intelligence avec ses hôtes, auxquels il avait raconté ses merveilleuses aventures, les quitte chargé de riches présents. Après l'avoir déposé à Ithaque, les rameurs phéaciens reprirent le chemin de leur demeure. Poséidon, irrité contre eux, changea leur vaisseau en un rocher qui cachait l'île. Ainsi s'accomplit une ancienne prophétie qui menaçait Schérie, et désormais ses habitants renoncèrent à conduire les voyageurs. (E. Jacobi / Th. Bernard). | |