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Le Parsisme

On entend par Parsisme l'ensemble des dogmes, des croyances religieuses, des moeurs et des coutumes, à partir du Moyen âge, des sectateurs de Zoroastre, adorateurs du feu dont la colonie la plus importante est établie depuis des siècles sur la côte Nord-Ouest de l'Inde, où elle vit presque exclusivement de négoce. Des Parsis vivent aussi au Pakistan et en Iran.

Le mot parsisme dérive du nom de parsi, qui est celui par lequel on désigne généralement les zoroastriens; ce nom est postérieur à la conquête qui fit passer la Perse sassanide sous le joug des califes omeyyades, puis des abbasides; il dérive du mot Pars, qui, dans la langue ancienne comme dans la langue moderne, est appliqué à l'une des provinces de l'Iran (Farsistan), aussi connue sous le nom de Susiane. En réalité, ce nom de parsi désignait pour les musulmans les gens qui étaient restés fidèles à l'ancienne civilisation et à l'antique religion de l'Iran, sans préciser davantage la partie de ce vaste pays dont ils étaient originaires; c'est de même que le nom de pehlvi, qui désigne la langue parlée en Perse à l'époque sassanide, ne désigne point, comme l'étymologie pourrait le faire croire, la langue des Parthes, mais uniquement la langue ancienne de la Perse. 

Les Parsis ont adopté ce nom, quoiqu'ils ne l'emploient pas volontiers, préférant se servir de celui de beh-din (anciennement véh-din et shapir-din), « homme de la bonne religion » et de mazdayasn, « mazdéen ». Le nom de guèbres (du persan ghebr = infidèle) n'est employé que par les musulmans dans un sens d'ailleurs injurieux; le terme de zendik, que l'on ne trouve jamais chez les mazdéens, désigne chez les historiens arabes et persans les manichéens et, en général, les sectes hétérodoxes issues du mazdéisme, qui finirent par se fondre avec l'Islam et qui amenèrent les terribles commotions révolutionnaires au milieu desquelles le monde musulman n'a pas cessé de se débattre pendant des siècles.

La religion des Parsis correspond au prolongement moderne de l'antique mazdéisme, qui remonte à l'époque de la dynastie sassanide.

La doctrine mazdéenne a pour principe fondamental l'existence d'un dieu suprême, Ahura-Mazda, « le seigneur omniscient », qui a créé le monde par sa pensée et qui est assisté de six divinités : Vohu-Mano, « la bonne pensée »; Asha-Vahishta, « la sainteté parfaite »; Khshathara-Vairya, « la royauté qui règne suivant son désir »; Spenta-Armaiti, « la bienfaisante pensée parfaite »; Haurvatat et Ameretat, « la santé et la longue vie », qui portent le titre d'Amesha-Spenta, « immortels bienfaisants », et d'un très grand nombre de génies bienfaisants comme les précédents, mais qui leur sont inférieurs en puissance et en dignité. Ces génies sont, les uns, des personnifications des forces de la nature, les autres, des abstractions morales et religieuses qui n'ont jamais eu d'existence indépendante. En face d'Ahura-Mazda, l'esprit bienfaisant (Spenta-Mainyu), se trouve un esprit de mal et de ténèbres, Angra-Mainyu, l'Ahriman du pehlvi et du persan moderne; Angra-Mainyu lutte constamment contre Ahura-Mazda pour détruire sa création à mesure qu'il l'accomplit; et, à chaque Amesha-Spenta, il oppose un démon, daeva (persan, div), chargé de contrarier sa mission. Ces démons sont au nombre de six et sont aidés dans leur tâche malfaisante par un nombre infini d'autres démons, moins importants, nominés drujs, dont chacun a pour rôle bien défini de lutter à outrance contre l'un des esprits créés par Ahura-Mazda, et contre celui-là seul. Ces démons et ces drujs, créés par Angra-Mainyu, ne sont que de froides abstractions; les six archi-démons eux-mêmes, créés pour combattre les six Amesha-Spenta, les archanges ne sont que leurs contre-parties fidèlement décalquées sur eux; ce fait tendrait à faire penser que le dualisme tel qu'il se, trouve dans l'Avesta n'est pas primitif et qu'il y a eu un mazdéisme qui ne le connaissait pas. Un fait curieux est que le premier Darius dans l'inscription trilingue de Bisoutoun ne parle jamais que d'Ahura-Mazda, qui n'est pas son dieu unique; mais seulement le plus grand des dieux (mathishta bagânâm); jamais il ne parle d'un esprit de ténèbres, et il aurait cependant en plus d'une fois l'occasion de le faire et de lui attribuer les révoltes sans fin contre lesquelles il eut continuellement à lutter pendant son règne. Néanmoins, cet argument est loin d'être suffisant pour que l'on puisse affirmer que le mazdéisme de Darius ne connaissait pas le dualisme. Malgré tout, ce que l'on connaît par Hérodote de la religion de l'Iran sous le règne des Achéménides ne concorde pas toujours avec l'Avesta, de telle sorte qu'il est très probable que le mazdéisme de Darius et de ses descendants était différent de celui des Arsacides et des Sassanides.

Voici quels sont les principaux points de la religion de l'Avesta. Dans l'ordre dogmatique : le dualisme, la lutte d'Ahura-Mazda et d'Angra-Mainyu durant 12.000 ans, la défaite finale de l'esprit du mal, après la venue de trois prophètes, fils à naître de Zoroastre, et d'un Messie, nommé Bahram Amavand; la résurrection; le culte de plusieurs divinités naturalistes, parmi lesquelles Mithra et Ardvi Soura-Anahita.

Dans l'ordre moral; le culte de la vérité, de la pureté, de la famille, qui était très rigoureusement fermée, du travail et de l'agriculture.

Dans l'ordre liturgique et légal : le sacrifice sanglant, le sacrifice non sanglant du Haoma, correspondant à celui du Soma, dans l'Inde brahmanique; certaines lois de pureté légale protégeant la nature contre la souillure de la terre, des eaux et du feu.

On ne sait exactement dans quelle partie de l'Iran cette religion si majestueusement simple dans son ensemble et la plus noble de tout l'Orient a pris naissance; d'après la tradition, Ahura-Mazda a dicté le texte de l'Avesta à un mage nominé Zoroastre (Zarathoustra), dont la légende paraît localisée dans la Médie et dans l'Atropatène (l'Azerbaïdjan iranien); ce Zoroastre est lui-même donné comme un successeur des prêtres de Haoma, dont le culte était bien antérieur au mazdéisme. Ce qui paraît certain, c'est que cette religion fut élaborée dans un pays extrêmement froid, car le feu (Atare) et le soleil (Hvare) y sont considérés comme les divinités bienfaisantes par excellence, tandis que l'hiver glacial des hautes régions y porte constamment l'épithète de « créé par les démons » (daèvo-data); c'est an Nord que se trouve la demeure des démons, et l'enchanteur Malkôsh fait périr l'humanité en couvrant la terre d'Iran d'un blanc linceul de neige.

Lorsque les défaites répétées de Yezdegerd et de ses généraux eurent montré aux mazdéens que c'en était fait de l'indépendance de la Perse, les fidèles de la religion de Zoroastre, qui ne voulurent pas se convertir à la foi des envahisseurs, allèrent chercher sous d'autres cieux des maîtres plus cléments. Quelques-uns, la minorité, suivirent Firouz, fils de Yezdegerd, et allèrent se réfugier dans le Turkestan, puis en Chine. Firouz, que les historiens chinois nomment Firouz III sans que l'on sache exactement pourquoi, reçut un haut commandement dans les troupes du Céleste-Empire et construisit un temple du feu à Si-ngan-fou ; son fils, le Ni-ni-ssé des auteurs chinois, mourut général commandant l'aile gauche de l'armée de l'empire du Milieu.

Le plus grand nombre des fugitifs se retirèrent dans le Kouhistan, où ils vécurent durant environ cent ans; ils descendirent ensuite à Ormuzd sur le golfe Persique, et, après y avoir séjourné pendant quinze ans, ils s'embarquèrent pour l'Inde et abordèrent à Diu. Au bout de dix-neuf ans, ils crurent voir dans leurs livres de divination que le séjour de cette ville ne leur serait pas favorable, et ils se rembarquèrent ; une violente tempête les jeta à 20 km environ au Sud de Nargol, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Daman, sur la route de Basim. Dès qu'ils furent descendus à terre, l'un de leurs chefs alla saluer Djadirao, rajah de cette partie du Goudjerate, et lui fit quelques présents; ce prince, inquiet de la présence dans ses Etats d'un aussi grand nombre d'étrangers, ne voulait pas leur permettre d'y rester s'ils n'acceptaient les cinq conditions suivantes : lui dévoiler les mystères de leur religion, rendre leurs armes, abandonner leur langue pour adopter celle du pays, laisser leurs femmes sortir le visage découvert comme les Indiennes et célébrer les cérémonies du mariage au commencement de la nuit. Les parsis acceptèrent ces cinq conditions qui n'avaient d'ailleurs, comme on le voit, rien de draconien, et ils purent s'établir dans la ville de Sandjan, où ils construisirent un temple du feu pour exaucer un voeu qu'ils avaient fait avant de quitter la Perse.

Trois cents ans environ après ces événements, les parsis, s'étant beaucoup multipliés, allèrent s'établir dans plusieurs autres localités du Goudjerate, Bankanir, Baroutch, Anklesir, Kambaye et Nausari. Il y avait plus de trois siècles que les mazdéens s'étaient fixés  en Inde quand les musulmans parurent à Tchapanir; le sultan ghaznévide Mahmoud, fils de Seboukteqin, envoya contre le rajah de Sandjan, une armée sous le commandement d'Asaf Khan. Les  mazdéens embrassèrent immédiatement le parti du rajah et ils infligèrent une sanglante défaite aux musulmans : mais un retour offensif de l'armée ghaznévide fit bientôt évanouir l'espoir que les Indiens en avaient conçu. Sandjan fut livrée au plus affreux pillage, et les parsis durent se réfugier dans les montagnes de Behrout, près de Tehapanir, où ils passèrent douze années. Ils se retirent ensuite à Bandah, ville située à 60 km environ d'Aurengâbâd, emportant avec eux le feu Bahram; il semble qu'à cette époque les mazdéens étaient tombés dans un état de décadence presque complète et qu'ils avaient laissé perdre les livres dans lesquels se trouvaient renfermés les dogmes de leur religion. C'est à peu près vers l'époque où les parsis s'enfuirent de Sandjan, qu'un destour, ou grand prêtre, vint de la province de Perse que l'on nomme le Seïstan et, apporta aux prêtres de l'Inde une copie du Vendidad avec sa traduction pehlvie. La supériorité des communautés mazdéennes restées en Perse était tellement évidente que, quatorze ans après cet événement, un riche parsi de Nausari, nommé Tchengah Shah, envoya demander aux destours du Kirman des consultations sur la religion; il établit ensuite à Nausari un temple du feu Bahram, qui enleva toute importance à celui de Sandjan. Dans le premier quart du XVIIIe siècle, un destour fort instruit, nommé Djamasp, vint du Kirman dans le Goudjerate pour donner son avis sur quelques détails de la liturgie; il en profita pour corriger le texte du Vendidad dans lequel s'étaient glissées plusieurs fautes et pour former quelques disciples, Darab à Sourate, Djamasp à Nausari et un autre à Baroutch.

On voit que jusqu'au commencement du XVIIIe siècle, les descendants des mazdéens, qui avaient préféré rester en Perse et y subir Le joug des musulmans, jouissaient d'une situation bien supérieure à celle de leurs frères de l'Inde; mais depuis les choses sont bien changées. Les communautés mazdéennes d'Iran végètent misérablement. La colonie parsie du Goudjerate est en pleine prospérité et a drainé une très grande partie des capitaux du Nord-Ouest de l'Inde; la plupart des fidèles de la loi de Zoroastre se livrent à la banque et au haut commerce, se soutenant tous étroitement. Depuis la fin du XIXe siècle, ils sont entrés résolument dans la voie de ce qu'on est convenu d'appeler la modernité; les femmes se font recevoir doctoresses et exercent la médecine quand elles n'écrivent pas des articles de journaux ou des romans, tandis que les hommes tendent à prendre une situation politique. 

Bien que demeurant fidèles à la langue goudjerati, qu'ils ont adoptée depuis des siècles, un grand nombre de parsis parlent anglais. Ils ont multiplié les écoles à tous les degrés et le Sir Jamshedji Jijibhoy translation found a fait aussi bien traduire les oeuvres européennes en goudjerati que les oeuvres parsies en anglais. Jamshedji est ce marchand parsi de Bombay (1783-1859) que la reine Victoria créa baronnet en 1857. Par la sduite, le parti libéral fit même  élire un parsi député de Londres.

Le culte mazdéen

Le sacerdoce est le privilège exclusif et par conséquent héréditaire d'une caste; le prêtre (appelé âthravan ou magou aux époques anciennes, aujourd'hui mobed) tient son pouvoir de sa naissance tout comme le brahmane. Les mobeds ne doivent épouser qu'une fille de mobed; mais aujourd'hui ils épousent une fille quelconque, pourvu qu'elle ait une belle dot. Le fils d'un mobed ne devient lui-même mobed qu'après avoir subi trois initiations successives : le nô-zoûd, le nâbar et le maratib; par la première des trois cérémonies, il est d'abord admis dans la communauté mazdéenne; par la seconde, il devient herbed; la troisième seule en fait un mobed; le nô-zoûd a lieu quand l'enfant a atteint sept ans et demi ; il consiste en un bain, la récitation d'une formule de contrition, et l'investiture du sadéré, sorte de camisole, et du kôsti, ceinture composée de soixante-douze fils de laine tressés, que les parsis portent constamment sur eux. Le nâbar se fait à quatorze ans, le candidat doit connaître par coeur le Yasna, le Vispéred et le Khorda-Avesta. Tous les mobeds de l'Inde appartiennent à cinq familles, les Sandjanas, les Bhâgarias, les Kambâtas, les Broatchas et les Godavras. Les plus anciens sont les Sandjanas. Dans le culte mazdéen sassanide, le nombre des prêtres officiants était bien plus considérable qu'aujourd'hui, l'Avesta cite le zaotar, le hâvanan, l'âtravakhsha, le fraberetar, l'âberet, l'âsnatar, le rathwishktare et le sraoshavarez.

Le lieu du culte pour les grands sacrifices est le temple du feu qui porte aujourd'hui en Inde le nom de Dar-i-Mihir, « palais de Mithra », et qui s'appelait anciennement ateshgâh, « pyrée ». Il y a deux sortes de temples, le grand temple, ou temple du feu Bahram, Atash Bahrâm, et le petit temple Adarân ou Agyârî.

La préparation du feu Bahram qui est adoré dans le premier dure un an entier; il est formé de seize espèces de feux différents combinés avec la récitation de nombreuses formules.

Le temple se compose essentiellement de deux parties, la chambre du feu sacré, l'adarân, et la chambre ou s'accomplissent les cérémonies du culte, I'Izishn Gâh, vaste pièce quadrangulaire, divisée en plusieurs parties d'égales dimensions, dont chacune peut servir à un office distinct. 

Dans chacun de ces compartiments, il y a une table de pierre qui porte le vase à feu, et qui se nomme âdôshi, une autre table de pierre sur laquelle on dépose les instruments du sacrifice et qui s'appelle urvis ou âlât-gâh chez les modernes. Les instruments du culte sont : le mortier (hânan), dans lequel on broie le haoma avec un pilon (dast); le barsôm, faisceau de tiges d'arbre liées avec un lien fait d'une feuille de dattier ou par des tiges de cuivre qui ont l'avantage de servir indéfiniment; une soucoupe percée de neuf trous (tashti nu surâkh), qui sert à filtrer le jus du haoma; le vars ou cheveu entourant une bague de métal; un certain nombre de soucoupes (tasht) et de vases (zôhr-bâran). A côté de, l'agyârî se trouve un puits qui fournit l'eau pour le sacrifice et un jardin contenant an dattier et un grenadier.

Les offrandes consistent en hôm (zend haoma); le haoma est une plante à feuilles jaunes douée devenus mystiques comme le soma indien; l'urvaram, petite tige de grenadier qui est pilée dans un mortier avec le haoma; le bois et l'encens (êsm-bôi) que l'on met sur le feu; le dâroûn, petit pain non levé, de la grandeur d'une pièce de monnaie; les offrandes animales sont : la viande (gôsht ou gôshodâ, zend gâush-hudhâo); le lait (jto ou jivâm, zend gâush-jîvya); des fruits et des fleurs.

On ne connaît pas le nombre exact des cérémonies exécutées à l'époque où le culte mazdéen était dans toute sa prospérité, il est évident qu'elles étaient bien plus nombreuses qu'aujourd'hui; les seules qui sont relevées en l'Inde sont : le Yasna ou Mino-Nabar; le Vispéred; le Vendidad; le Yasna de Rapithwin; les Gâhânbârs; le Srôsh-Dâroûn, le Zohr-Atash, l'Arda-Frohar et les Afringan célébrés en l'honneur des morts; le Giti-Khirid; le Zenda-Ravan, le Homast.

Il n'y a plus que deux prêtres pour accomplir tous les sacrifices, le Zôt (zend Zaotar) et le Raspi (Rathwishkare), ce dernier tenant à lui seul la place de sept autres prêtres qui officiaient en même temps que le Zaotar à l'époque sassanide; pour célébrer le sacrifice, il faut être mobed et avoir fait le khôb ou purification générale.

Pour célébrer le Yasna, il faut avoir de l'eau pure (pâdyâb) que l'on se procure en récitant des formules sur de l'eau ordinaire, puisée dans le puits du temple; on coupe ensuite des tiges de grenadier (tâê), dont on enlève les feuilles et les noeuds avec un couteau à manche de métal, on lave plusieurs fois le couteau et les tiges qui forment le barsom; pour le Yasna, il en faut 23; pour le Vispéred et le Vendidad, 35 ; pour le Yasna de Rapithwin, 13. Le prêtre coupe ensuite une feuille de dattier, la déchire en six morceaux qu'il noue bout à bout et dépose ensuite l'évânghin ainsi formé dans un vase d'eau pure; il va ensuite couper une pousse de grenadier et la dépose dans le vase ou se trouve déjà l'évânghin. On amène ensuite une chèvre, qu'il trait, il pose le vase à lait sur la pierre urvis; on puise deux coupes d'eau dans la cuve et on les met sur le bord de la pierre urvis; cette eau forme le zohr; il lie ensuite le barsôm avec l'évânghin et passe à la préparation du haoma. Le haoma est une plante qui est apportée de Perse et conservée dans une botte de fer; le prêtre en prend cinq on six morceaux et après les avoir lavés et avoir récité plusieurs formules, il les broie dans le mortier (havan); le liquide formé du résultat de cette pressuration du hôm, de l'urvarâm, de zôhr et de jîvâm est nommé le Pârahôm, qui est destiné à être loi par le prêtre. Toutes ces cérémonies que nous venons de décrire très succinctement ne forment que la préface au sacrifice, le Paragra. Ce n'est qu'alors que commence la récitation du texte zend du Yasna, au cours de laquelle le prêtre boit une partie du Pârahôm préparé dans le Paragra. Quand tout le texte est récité, le prêtre délie le faisceau de barsôm et va jeter le reste de l'eau (zohr) dans le puits qui est à côté du temple. Le sacrifice est alors terminé.

Usages civils et religieux des Parsis

La purification joue un rôle capital dans la religion mazdéenne, toute souillure matérielle étant produite par un démon, l'homme qui en a été atteint doit s'en débarrasser le plus vite possible sous peine de compromettre le salut de son âme.

Les Parsis ont quatre sortes de purification : le Padiav, qui consiste à se laver avec de l'eau les mains et les bras jusqu'aux coudes, les pieds jusqu'à la cheville, et le visage; le Ghosel, ablution faite avec du gomez, eau additionnée d'urine de boeuf; le Barashnum de neuf nuits, opération extrêmement longue et pénible, qui ne se fait que pour, les grandes souillures; la quatrième sorte, le Si-Shouï ou « trente ablutions », n'en est qu'un diminutif.

Quand un enfant naît, le père envoie chercher du Parahom chez un mobed, il y fait tremper un tampon de ouate qu'il presse ensuite dans la bouche de l'enfant; on le lave ensuite avec du gomez : à partir de ce moment, il n'est plus impur; on tire ensuite son horoscope, pratique qui est évidemment contraire au mazdéisme et que les Parsis ont empruntée aux Hindous; après cela, on lui donne un nom; à trois ans, les parents font pour lui une offrande à Mithra. A sept ans, à dix dans le Kirman, on lui met le kosti et on lui fait subir la cérémonie du barashnûm; on a vu qu'à quatorze ans, le Parsi doit subir le nô-zoûd pour devenir herbed. Le mariage est une obligation presque religieuse pour le Parsi, et surtout le mariage consanguin, Khvêtûkdâs ou Khvêshî; en Inde, on fiance les enfants à deux ou trois ans; quand une fille est en âge d'être mariée, elle peut demander à ses ascendants responsables de lui donner un mari et, s'ils refusent, ils se rendent coupables du plus grand crime.

Les fiançailles se nomment nâm-zâd. Il y a cinq sortes de mariage : 1° celui où la femme est shah-zan, c.-à-d. vierge; 2° yougzan, quand elle se marie pour que son premier fils soit réputé celui de son père ou de son frère qui n'en a pas; quand cet enfant a atteint l'âge de quinze ans, elle se remarie avec son époux comme shah: -zan; 3° satr-zan, quand elle se marie pour que son premier fils soit considéré comme celui d'une personne décédée; quand l'enfant a quinze ans, elle se marie comme la précédente, en shah-zan; 4° tchager-zan, c'est le cas de la veuve qui convole en secondes noces; 5° khodesharaé-zan, c.-à-d. qu'elle se marie sans le consentement de ses parents ; elle doit se remarier en shah-zan quand son fils a atteint quinze ans.

Un homme ne doit avoir qu'une seule femme; toutefois, si elle est stérile, il peut, avec sa permission, mais à cette condition expresse, en prendre une seconde; le divorce n'est pour ainsi dire pas permis.

Les femmes, dans le temps de l'impureté légale, doivent se tenir dans un endroit particulier de leur maison, le dashtanistan, dans lequel le soleil ne pénètre pas, et loin de tout être vivant; la purification des accouchées est également l'une des choses les plus importantes des obligations du Parsi. Les cérémonies funèbres des mazdéens ont été réglées par cette même préoccupation d'épargner à la nature vivante le contact d'un corps impur. Dès qu'un homme est mort, on amène un chien que l'on fait regarder dans la direction du cadavre, on pense que cela chasse le démon de la corruption; deux croque-morts (nasâ-sâlârs) se tenant unis par une corde, ce qui est un point capital, revêtent le mort d'un habit le plus usé qu'on puisse trouver; il est ensuite porté par des nasâsâlârs au dakhma; le dakhma est une vaste tour circulaire, garnie de compartiments, où l'on dépose les cadavres et où les vautours viennent les dévorer; les os sont, en dernier lieu, jetés dans un puits central ménagé dans l'axe du dakhma. Pour assurer le repos de l'âme du défunt, ses parents doivent se livrer à de longues prières et à des sacrifices. (E. Blochet).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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