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La divination
L'ornithomancie
L'ornithomancie est la divination par les actes instinctifs des oiseaux. On attribue à Hésiode un traité sur cette matière; 
Plutarque dit que « les oiseaux, grave à leur rapidité, à leur intelligence, à la justesse de manoeuvres avec laquelle ils se montrent attentifs à tout ce qui frappe l'imagination, se mettent comme de véritables instruments au service de la divinité. Celle-ci leur imprime divers mouvements et tire d'eux des gazouillements et des sons. Tantôt elle les tient suspendus, tantôt elle les lance avec impétuosité comme des vents, soit pour interrompre brusquement certains actes, certaines volontés des hommes, soit pour faire qu'elles se realisent; c'est pour cela qu'Euripide donne à tous les oiseaux en général le nom de messagers des dieux. »
Le philosophe Porphyre dira que les oiseaux comprennent plus vite que les humains la volonté silencieuse des dieux.

Les auteurs anciens s'accordent à donner aux oiseaux une fonction spéciale pour la révélation des intentions divines. Mais il faut distinguer entre les oiseaux; il s'en faut que tous soient également propres à ce rôle de révélateurs. Un grand avantage est donné à cet égard aux oiseaux de proie, plus grands, plus forts et d'une individualité mieux accusée, d'autant qu'ils vivent plus solitaires; c'est à eux qu'on réserve le nom d'oiônos, oiseau solitaire et oiseau à présages. Ils sont carnivores et la croyance magique à la vertu du sang fortifie ici la croyance divinatoire. Elle s'appuie même sur le fait que les oiseaux de proie dévorent les viscères des victimes; l'ornithoscopie s'appuie ici sur l'extispicine. On s'explique donc que presque tous les oiseaux à présages soient carnassiers.

L'oiseau de proie fut l'instrument essentiel de la révélation, à tel point qu'on généralisa le sens du mot jusqu'à l'appliquer à tout présage, à une parole, à un éternuement, à un bruit inconnu. L'ornithomancie est donc le plus ancien et l'un des principaux modes de divination. Dans les poèmes homériques, elle est pratiquée par les plus grands devins, Calchas,  Hélénus, Halithersès. On en attribue l'invention soit à des héros mythiques : Parnassos, Prométhée, les Centaures ; soit aux Asiatiques, Phrygiens ou Arabes. Le premier travail de l'ornithoscopie fut de définir le rôle des divers oiseaux et de dire quels sont ceux qui portent les présages. Les oiseaux sont si nombreux, leurs cris et leurs attitudes varient tellement qu'on ne peut en observer qu'une partie. L'ornithoscopie observa d'abord chacun des oiseaux attribué à une divinité particulière. L'aigle était le messager de Zeus et l'oiseau fatidique par excellence. Le corbeau était (avec l'épervier et le cygne) l'oiseau favori d'Apollon; on l'étudiait avec grand soin; Pindare dit qu'il avait soixante-quatre cris différents; Pline déclare que seul des oiseaux les corbeaux paraissent comprendre le sens de leurs présages; des devins spécialistes se consacrèrent à l'observation de cet oiseau. Toutefois il finit par être regardé comme de mauvais augure. La corneille lui est opposée; elle est subordonnée à Héra ou Athéna et les signes qu'elle fournit sont généralement interprétés dans un sens inverse de ceux du corbeau. Le vautour est autant que l'aigle, qu'il supplanta presque, un oiseau fatidique. On cite encore le faucon, l'autour, le héron, le butor envoyé de Pallas-Athéna. Plus tard, on leur adjoignit le roitelet, la chouette et la mouette, ceux-ci oiseaux d'Athéna, et le pivert; de plus le phénix, oiseau mythique, consacré à Apollon. Comme nulle autorité sacerdotale ne pouvait en Grèce fixer le dogme et lui donner sa forme définitive et limitée, les devins grecs n'ont jamais clos la liste des oiseaux fatidiques, mais ils n'en ont guère consulté en dehors de ceux que nous venons d'énumérer.

Pour l'observation des actes instinctifs des oiseaux et pour leur interprétation, les règles étaient fort compliquées; il y avait une foule de cas particuliers et d'exceptions que la pratique avait découverts successivement et que la tradition transmettait. On observait d'abord l'espèce de l'oiseau; certains étaient favorables en eux-mêmes par leur seule vue, comme le héron; d'autres étaient de mauvais présage : l'hirondelle avertissait de l'approche d'un danger; la chouette était de fâcheux augure pour tout le monde, sauf pour les gens d'Athènes, la cité d'Athéna; la corneille, ennemie de la chouette, était de mauvais augure à Athènes; la mouette ne l'était que le jour d'un mariage. Plus que l'espèce, on observe le vol et le cri des oiseaux. Les Grecs discernaient quatre points : le vol, le cri, l'assiette ou siège et l'attitude ou opération. Le côté droit était heureux et le côté gauche malheureux.

La droite et la gauche.
On attachait une grande importance à cette préférence marquée pour le côté droit; dans les banquets, on fait circuler la coupe, la cithare de la gauche vers la droite. Les Grecs relevaient leur manteau sur l'épaule droite, les Romains sur l'épaule gauche. On chaussait d'abord le pied droit; à la danse, on partait du pied droit. Il est probable que c'est ce préjugé qui fit changer aux Grecs le sens de l'écriture phénicienne. Les escaliers des temples avaient un nombre impair de marches, de manière qu'on pût partir et arriver du pied droit. Lorsqu'on applique cette idée à l'observation des oiseaux et des autres signes qui apparaissent dans le ciel, on ne se préoccupe pas seulement de la droite et de la gauche de l'observateur; la théorie se complique ici d'une autre sur l'orientation de l'univers; on admet qu'il y a un côté droit et un côté gauche. Or, les Grecs ont admis, comme la plupart des peuples, que la région du Soleil levant était favorisée; ils ont donc appelé l'Orient la droite du Monde, ce qui les oblige à se tourner vers le Nord quand ils font leurs observations religieuses.

Le vol des oiseaux a donc un sens favorable ou défavorable, selon qu'ils volent à droite ou à gauche. D'autre part, un vol élevé, un élan vigoureux, les ailes bien déployées, sont des symptômes heureux; un vol bas, des battements d'aile irréguliers, sont des symptômes funestes.

Il faut ajouter que, dans le langage, l'habitude de l'euphémisme a tout confondu. S'abstenant avec soin d'employer des mots malheureux, on appela heureux les présages de gauche, lesquels en fait étaient funestes.

Le sens du cri des oiseaux était subordonné à la place de l'animal, à la fréquence et à la force du cri. On étudiait surtout celui des corbeaux, et cette méthode prit le nom de coracomancie. Elle analysait les soixante-quatre cris du corbeau. 

Nous ne savons pas grand-chose sur l'interprétation des actes des oiseaux; les détails les plus précis sont ceux que donne un fragment d'une inscription d'Ephèse : si l'oiseau cache l'aile droite, il est droit; s'il lève l'aile gauche, qu'il la lève ou la cache, il est sinistre. S'il vole de droite à gauche et qu'il se dresse en cachant l'aile, il est sinistre. Toute cette partie de l'ornithoscopie, évidemment la plus considérable, est perdue pour nous. 

Quant au siège des oiseaux, c.-à-d. à leur position au moment où on les observe, nous ne sommes pas mieux informés. Nous savons d'autre part que les devins distinguaient les oiseaux synèdres (pacifiques) et les oiseaux dièdres, hostiles les uns aux autres, et interprétaient l'apparition simultanée de ces diverses espèces.

L'ornithoscopie, qui avait été la méthode favorite de l'âge héroïque, celle de Tiresias et de Calchas, demeura le privilège de devins libres; les oracles l'abandonnèrent et elle perdit de sa vogue devant les progrès de l'extispicine. Elle dut un regain de faveur aux idées pythagoriciennes sur la transmigration des âmes et du retour offensif de toutes les superstitions à l'époque romaine. On fabriqua alors des traités d'ornithomancie qui furent mis sous les noms de Télégonus, de Mopsus. Des érudits compilèrent les méthodes de la Grèce, de l'Italie, de l'Asie Mineure, de l'Arabie. On combina l'observation du vol et des actes des oiseaux avec d'autres méthodes, l'astrologie surtout. On inventa un procédé nouveau qui fut appliqué pour la fondation de Séleucie et d'Antioche : livrer la chair des oiseaux à des oiseaux de proie et remarquer le lieu où fis la laissent tomber. Nous signalons cette méthode parce qu'elle se rapproche des méthodes italiennes; tandis que jusqu'à présent on se bornait à observer les actes spontanés des oiseaux, ici l'homme intervient pour limiter le champ d'action offert à l'instinct de l'animal.

L'alectryonomancie.
Il en était ainsi dans l'alectryonomancie, divination par les coqs qui se rapproche plutôt de la divination par les sorts que de l'ornithomancie. Le coq était aimé en raison de sa bravoure; on supposait aussi qu'il prédisait les orages; le cri du coq, un jour de mariage, était signe de querelle dans le ménage. L'alectryonomancie, qui est un cas particulier de la cléromancie, se pratiquait de la manière suivante : on traçait un cercle le long duquel on écrivait les lettres de l'alphabet. Sur chacune ou plaçait un grain de blé ou une autre nourriture proposée à l'animal et que l'on renouvelait à mesure qu'il la picotait. On plaçait ensuite dans le cercle un coq consacré et dressé à ce manège et on notait les lettres qu'il désignait en y allant manger.  (GE).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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