| Or - Les alchimistes avaient la prétention de fabriquer l'or au moyen des autres métaux. Ils regardaient tous les corps comme formés par l'association des quatre éléments. « En observant les qualités de l'or, dit Bacon, on trouve qu'il est jaune, fort pesant, et d'une telle pesanteur spécifique, malléable et ductile à un certain degré. Celui qui connaîtra les procédés nécessaires pour produire à volonté la couleur jaune, la grande pesanteur spécifique, la ductilité, etc.; celui qui connaîtra ensuite les moyens de produire ces qualités à différents degrés, verra le moyen et pourra prendre les mesures nécessaires pour réunir ces qualités dans tel ou tel corps : d'où résultera sa transmutation en or. » Telle était la théorie générale. Elle avait pris un sens ferme et plus précis dans la notion aristotélique des exhalaisons dont l'intérieur de la Terre est le siège et qui produisent, sous l'influence des temps et des effluves des astres, les filons métalliques. Ainsi, disait Proclus, le Soleil engendre l'or, la Lune l'argent, Saturne le plomb, Mars le fer, Vénus le cuivre (Astrologie). Cette doctrine passa aux Arabes par l'intermédiaire des Syriens. Les corps transformés graduellement dans la terre, d'après Rhazès, arrivent à la longue à l'état d'or et d'argent; mais l'art peut produire ces effets en un seul jour. Toutefois, la possibilité de la transmutation, admise ainsi a priori, finit par être mise en doute, par suite des échecs réitérés des opérateurs, et l'on s'aperçut que les qualités de couleur, de résistance communiquées à certains alliages métalliques, n'étaient que des apparences, ne résistant pas à un examen approfondi. C'est ainsi que, d'après Albert le Grand, « ceux qui blanchissent par des teintures blanches et jaunissent par des teintures jaunes, sans que l'espèce matérielle du métal soit changée, sont des trompeurs, et ne font ni vrai or ni vrai arpent [...] J'ai fait essayer l'or et l'argent alchimiques en les soumettant à six ou sept feux consécutifs : le métal se consume et se perd, ne laissant qu'un résidu sans valeur. » Ces doutes se sont fortifiés de plus en plus, et les chimistes finiront - à partir de la fin du XVIIIe siècle, en même temps que se constituait la chimie proprement dite - par renoncer à la possibilité de la transmutation (que redevient une possibilité dans le cadre de la physique nucléaire, mais dans ce cas, la transmutation de plomb en or cesse d'être économiquement rentable!). Cependant, il subsiste toujours en Occident comme en Orient quelques alchimistes, qui considèrent, au-delà des pratiques de laboratoire, la portée philosophique de cette approche (Hermétisme). (M. Bethelot). | |