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Médée

Dans la mythologie grecque, Médée est une magicienne, l'un des principaux personnages du cycle des Argonautes. Elle était fille du roi de Colchide-Aiétès (ou Aéetès), fils d'Hélios; sur le nom de sa mère les versions varient : on cite l'Océanide Idya, Neaera, Eurylyte, Hécate. Cette dernière généalogie en faisait la soeur de père et, de mère de Circé, l'autre grande magicienne. On lui donne une autre soeur Chalkiopé et un frère Absyrtos. La légende de Médée est inséparable de celle de Jason et des Argonautes, par suite d'origine thessalienne ou minyenne. 
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Delacroix et Cézanne : Médée.
La Médée, peinte par Delacroix et sa réinterprétation par Cézanne.

Voici la tradition courante : les Argonautes parvenus dans le pays d'Aia ou Colchide, dont le roi gardait la Toison d'or, furent sauvés des embûches d'Aietès par sa fille Médée, amoureuse de Jason. Elle endormit le dragon, gardien de la toison du bélier doré, la livra à Jason et à ses compagnons, puis s'enfuit avec eux, entraînant son jeune frère Absyrtos; comme ils étaient poursuivis par Aietès, pour le retarder, Médée ou les Argonautes tuèrent l'enfant, le déchirèrent et jetèrent les lambeaux de son corps dans le Phase. Tandis que le père recueillait ces débris, ils s'échappèrent. Médée et Jason arrivèrent à lolcos. 

Diverses légendes additionnelles racontent que Circé aurait purifié sa soeur du meurtre, que Jason et Médée se seraient arrêtés à l'île des Phéaciens pour s'y marier. Le mariage de Médée et de Jason s'accomplit sous l'influence d'Aphrodite, leur protectrice dès la Colchide. Le théâtre de cette union aurait été Corcyre identifiée avec l'île des Phéaciens, ou lolcos. La magicienne en eut un ou deux enfants, Medeios d'après la Théogonie, Mermeros et Phérès, d'après d'autres sources; on rattacha ensuite ces héros aux légendes locales des cités d'Ephyra (Thesprotie) et de Phérès (Thessalie).
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Sandys : Médée.
Médée, par Anthony Sandys (1867).

Pélias ne voulant pas restituer à son neveu Jason le royaume de son père, Médée le fit périr avec le concours de ses propres filles, les Péliades. Elle leur persuada que pour rajeunir leur père il fallait le découper en morceaux et le faire bouillir dans un chaudron magique. Une expérience préalable tentée sur un bélier réussit; les Péliades égorgent leur père, mais Jason ne profite pas du crime; le trône d'lolcos passe à Acaste, fils de Pélias.

La légende transporte ensuite Jason et Médée à Corinthe, un des centres du culte d'Hélios, où la tradition locale place le lieu du mariage des héros et maintient un culte de Médée. On lui attribuait divers bienfaits, la fin d'une famine; elle devenait l'amie et protégée d'Héra. Jason la répudie pour épouser Glaucé ou Créüse, fille du roi de Corinthe Créon. Médée envoie à sa rivale une couronne et une robe imprégnée de poison qui la brûle ainsi que son père accouru à son secours. La magicienne fait pleuvoir le feu sur le palais de Créon, égorge ses propres enfants, Mermeros et Phérès, et s'envole sur son char attelé de dragons. Elle se rend à Athènes où le roi Égée l'épouse; de leur union naît un fils, Mèdos. Mais quand elle veut empoisonner son fils Thésée, revenu de Troezen, Égée l'expulse. Un nouveau voyage permet de rattacher les légendes thessaliennes, corinthiennes et attiques à celle qui fait de Médée ou de son fils Médos l'éponyme de la Médie, le grand royaume asiatique. La magicienne serait rentrée en Colchide où régnait Persès, frère d'Aietès, qui avait chassé ce dernier. Médos tue Persès et restaure son grand-père; une variante ramène en Colchide Jason avec Médée.
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Médée sur une fresque de Pompéi.
Médée se préparant à tuer ses enfants. Fresque de Pompéi. (Maison des Dioscures).

Le caractère essentiel de ces légendes, c'est la puissance magique de Médée, petite-fille du dieu du Soleil. On la figure toujours avec sa cassette magique. Elle joue d'abord le rôle de bonne fée, protectrice des Argonautes. A mesure qu'elle se rapproche de l'âge historique, sa physionomie s'assombrit; Euripide en fait une barbare prêtresse d'Hécate; la fantaisie des Alexandrins renchérit encore. Les principaux récits littéraires consacrés à Médée sont ceux de Pindare et des Métamorphoses d'Ovide. Elle est l'héroïne de tragédies d'Euripide et de Sénèque (qui sont conservées), d'Eschyle et d'Ennius qui sont perdues, de Corneille, Benda, Cherubini, Longepierre, Legouvé, etc. Timomaque l'avait, en un tableau fameux, représentée au moment où elle va égorger ses enfants. Le thème sera également repris par Delacroix (ci-dessus), et en opéra par Charpentier. Nous possédons des peintures murales, des sarcophages, des vases figurant des scènes étendues de la légende de Médée.

De même que Circé, et parce que magicienne, Médée était censée immortelle; Homère, Hésiode le disent. Ibycus en fit aux Champs-Elysées l'épouse d'Achille. Les Romains l'assimilèrent à Angitia ou Bonadea. Les principaux centres de son culte étaient la Thessalie, terre classique de la magie; puis les diverses Ephyra d'Elide, de Thesprotie, et Corinthe (d'abord appelée Ephyra). (A19).



En librairie - Euripide, Médée, J'ai Lu (Librio), 2002. - Sénèque, Médée, Flammarion, 1999. 

Palimpsestes : Laurent Gaude, Médée Kali, Actes Sud, 2003. Pasolini, Médée, Arléa, 2002. Hans Henny Jahn, Médée, José Corti. Marc-Antoine Charpentier, Médée, Premières loges (livret), 1998. - Pierre Silvain, Dans la nuit de Médée, Hors commerce, 1998. - Jean Anouilh, Médée, La Table Ronde, 1997. Pour les plus jeunes : Goudot, Médée la Colchidienne, L'Ecole des Loisirs, 2002.

Alain Depaulis (préf. Alain Molas), Le complexe de Médée, quand une mère prive le père de ses enfants, De Boeck université, 2003. - Florence Dupont, Médée de Sénèque, ou comment sortir de l'humanité, Belin, 2000. - Michel Fardoulis-Lagrange, Apologie de Médée, José Corti, 1999. - Ludmila Oulitskaïa, Médée et ses enfants, Gallimard, 1998.


Feuerbach : Médée.
Médée, par Anselm Feueurbach (ca. 1870).
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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