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Les Madianites
La Terre de Madiân
Les livres bibliques mentionnent à plusieurs reprises une population portant le nom de Madianites, appartenant à l'Arabie et dont l'habitat est difficile à déterminer. Ce peuple était issu de Madiân, fils d'Abraham et de Céthura, vivaient à l'Est de la mer Morte. La localité ou la terre de Madiân doit être cherchée dans l'Arabie Pétrée, à l'Est ou au Nord-Est de la pointe orientale de la mer Rouge. Elle serait aujourd'hui remplacée par le village de Midian, à 620 km au Nord-Est de Médine. Les Madianites sont présentés commes alliés ou, les plus souvent les ennemis des Hébreux. Ailleurs, les Madianites sont désignés comme des conducteurs de caravanes et transportent à travers la Palestine jusqu'en Egypte les produits les plus précieux de l'Arabie. (M. Vernes).

Les Madianites dans la tradition biblique.
1° Les Madianites sont nommés pour la première fois dans la Genèse (XXXVI,35); elle raconte qu'ils furent battus, dans le pays de Moab à une époque qui n'est pas précisée, par le quatrième roi d'Edom, Adade, fils de Badad

2° Ils apparaissent ensuite dans l'histoire de Joseph (Genèse, XXXVII, 25-36). Ce sont des marchands qui se rendent en Egypte pour vendre leurs marchandises. Plus tard, ils offrent l'hospitalité, à Moïse fuyant l'Egypte. Jéthro, prêtre des Madianites, accueille Moïse, lui donne sa fille Sophora en mariage, et lui confie ses troupeaux. (Exode, II, 15-21). Quand Moïse, devenu le chef du peuple d'Israël, se trouve campé près du mont Sinaï, Jéthro lui amène sa femme et ses deux fils, et plein d'admiration pour la merveilleuse délivrance d'Israël, offre un sacrifice à Yahveh. Après être resté quelque temps auprès de Moïse, et lui avoir donné de sages conseils, il retourne dans son pays (Exode, XVIII, 13-27). Hobab, Madianite de la même famille, consentit à accompagner les Hébreux, et à leur servir de guide à travers le désert (Nombres, X, 29-33).

3° Quand les Israélites sont arrivés dans le voisinage de Moab, nous rencontrons de nouveau des Madianites, mais bien différents de ceux de Jéthro. Ce sont des idolâtres alliés de Moab contre Israël (Nombres, XXII, 4, 7). Leurs filles, parmi lesquelles Cozbi, contribuèrent à séduire les Hébreux à Settim et à les initier au culte de Bélphégor (Nombres, XXV, 6-15). A cause de ce crime, Yahveh les voua à l'extermination (Nombres, XXV, 16-18. Moïse exécuta la vengeance divine. Par ses ordres, douze mille hommes, sous la conduite de Phinéas, qui avait mis à mort Cozbi et son complice, attaquèrent les Madianites; ils tuèrent leurs cinq rois; Evi (ou Hévéen), Reccio, Sur, Ilur et Rébé, ainsi que tous les combattants, firent les femmes et les enfants prisonniers et s'emparèrent d'un grand butin. Moïse leur reprocha d'avoir épargné les femmes mariées et les enfants mâles, il ordonna de leur ôter la vie comme aux hommes adultes et de ne réserver que les jeunes tilles vierges. Le butin fut en partie distribué aux vainqueurs, en partie offert à Yahveh (Nombres, XXXI, I-53). Balaam, qui s'était trouvé en ce moment avec les Madianites, périt avec leurs chefs (Nombres, XXXI, 8). Les cinq princes de Madiân qui avaient été tués dans cette bataille sont nommés aussi dans le livre de Josué, XIII, 21, comme vassaux (nesikîm),  de Séhon, roi des Amorrhéens, qui fut également battu par les Hébreux.

4° Au commencement de l'histoire des Juges, quelques descendants de Hobab, appartenant à la tribu des Cinéens, habitent pacifiquement au milieu des Israélites ou dans leur voisinage.

5° Plus tard, nous trouvons de nouveau les Madianites parmi les ennemis les plus acharnés d'Israël. Dieu avait livré les Israélites à  Madiân durant sept ans. Les Madianites, à qui se joignirent les Amalécites, firent de continuelles incursions sur le territoire des Hébreux. Ceux-ci, appauvris et vivant dans de perpétuelles anxiétés, s'adressèrent enfin à Yahveh, qui leur suscita un libérateur dans Gédéon. La victoire remportée par ce juge fut complète et le butin énorme. Les chefs ennemis, Oreb et Zeb. Zébée et Salmana, qui s'étaient enfuis, ne purent échapper à la mort. (Juges, VI-VIII, 28). Le souvenir de ce grand triomphe resta profondément gravé dans la mémoire d'Israel.

Après Gédéon, les Madianites disparurent, pour ainsi dire, de l'histoire. On trouve seulement la mention du pays auquel ils avaient donné leur nom dans le premier livre des Rois, (XI, 18). Isaïe (LX, 6) annonce que les caravanes de Madiân et d'Epha apporteront un jour leur tribut à Jérusalem.  Habacuc, (III,7) parle de la terreur que cause la venue du Seigneur aux tentes de Madiân, ce qui, d'après les uns, se rapporte au passé (Nombres, XXXII, 2), et d'après les autres, en plus grand nombre, se rapporte à l'avenir, et prédit aux Madianites le châtiment qui les menace. Le livre de Judith (II, 16), raconte que " les fils de Madiân " furent pillés, tués ou faits prisonniers par Holopherne. Le nom de Madiân n'est mentionné qu'une fois dans le Nouveau Testament (Actes des Apôtres, VII, 29), dans le discours de saint Étienne, qui rappelle que Moïse s'était réfugié "dans la terre de Madiân et y avait engendré deux fils". 

Par la suite, les Madianites se sont complètement fondus avec les Arabes. Ils nous apparaissent dans ce que nous savons de leur histoire, en partie nomades, en partie sédentaires, habitant sous la tente et ayant aussi des villes et des places fortes (Nombres, XXXI, 10). Ils se livraient au commerce des caravanes (Genèse, XXXVI, 21), et s'enrichissaient aussi par la guerre et par le pillage (Juges, VI, 3-5). Leurs troupeaux étaient considérables, ils avaient une multitude de brebis, de boeufs, d'ânes (Nombres, XXXI, 32- 24), et aussi de chameau (Juges, VI, 5; VII, 12 ; VIII, 21-26). La prostitution sacrée existait chez eux, puisque Cozbi, la fille d'un de leurs chefs appelé Sur, se livrait, avec d'autres filles madianites, à la prostitution pour nourrir Belphégor.

Ethnographie.
Les critiques modernes voient pour la plupart dans les Madianites une tribu arabe. Gothe, dans Herzog, en fait des Araméens nomades. H. Winckler et Fr. Hommel croient que Madiân est le nom du peuple qui habita la terre de Musri, mentionnée dans les inscriptions cunéiformes. Selon Glaser et quelques autres, les Madianites seraient de même origine que les Ismaélites. Cette dernière opinion trouve un appui dans la Genèse, XXXVII, 25-28, où les marchands qui achetèrent Joseph sont appelés tantôt Madianites, tantôt Ismaélites, et dans Juges, III, 24, où le grand nombre des anneaux pris aux vaincus madianites se trouve expliqué par le fait que les Ismaélites ont coutume de porter des anneaux. Mais quoique les deux noms s'emploient indifféremment dans ces passages, on ne saurait confondre rigoureusement les uns avec les autres; dans Juges, VIII, 21, le nom d'Ismaélites peut-être un terme générique, synonyme des riches marchands des caravanes.

La parenté d'origine entre Madiân et Israël, affirmée par la généalogie dans la Genèse, XXV,1, est hors de doute. Il est à croire qu'il y eut des unions plus ou moins fréquentes entre les deux peuples. Ainsi les noms des trois fils de Madiân se rencontrent souvent dans les généalogies israélites. Les noms de Jéthro et de Raguël sont aussi assez fréquents en Israël. Le mariage de Moïse avec une Madianite est raconté dans la Bible sans aucune marque de désapprobation. (Exode, II, 21).

La Terre de Madiân.
Le pays qu'habitaient les Madianites est appelé dans la Bible "terre de Madiân". Les écrivains arabes connaissent une contrée et une ville de Madiân. La ville n'est jamais mentionnée dans la Bible.

Les renseignements que nous fournissent les livres bibliques sur la terre de Madiân sont assez vagues. Comme les Madianites étaient un peuple nomade et comme il est probable que certains rameaux étaient séparés du gros de la tribu, il est difficile de préciser la région où ils habitaient. L'ensemble des textes indique que le plus grand nombre des Madianites habitait à l'est du golfe Élanitique et qu'il remontait de là jusque dans les plaines du Moab. 

 1°L'Exode raconte que Moïse, après le meurtre de l'Égyptien, se réfugia "dans la terre de Madiân". On place communément cette terre de Madiân, dans la péninsule sinaïtique, mais on ne saurait affirmer qu'elle était près du mont Sinaï. Moïse, selon le coutume des nomades pasteurs, pouvait mener les troupeaux de Jéthro à une certaine distance de l'habitation de son beau-père. Lorsque, après avoir traversé la mer Rouge, il retourna avec Israël au pied du mont Sinaï, Jéthro était assez loin de là. De ces données, on peut donc conclure, seulement, que le "Madiân" de Jéthro se trouvait à l'est de l'Égypte, non loin du Sinaï.

2° Le texte des Rois indique le pays de Madiân comme intermédiaire entre Edom et Pharan, sur la route de l'Égypte. Vu la position d'Édom, Madiân, d'après ce texte, pourrait être placé également et sur la rive orientale du golfe Élanitique et au nord-est du désert sinaïtique. 

3° Les récits des Nombres et des Juges sont plus explicites. Il en résulte clairement que, avant et après la conquête de la terre de Chanaan, les Madianites se trouvaient à l'est de la Palestine. Dans les Juges, Madiân est associé avec Amalek et les fils de l'Orient. 

Il est vrai que les récits des Juges, VI-VIII, 3, semblent se rapporter plutôt a des peuples nomades, remarque qui s'applique aux Madianites de l'histoire de Balaam, on ne peut donc déduire de là rien de précis sur leur vrai pays. Mais, à en juger par la régularité de leurs incursions, il est peut-être légitime de les supposer habitant une région qui n'était pas trop éloignée, et d'où, en des saisons déterminées, selon la coutume d'autres nomades, ils partaient pour taire des razzias sur les territoires étrangers. Ajoutons que, selon l'avis de presque tous les critiques, le récit des Juges, VIII, 1-12, semble clairement supposer un peuple à demeure plus ou moins stable.

Il se pourrait que le Madianites aient habité la région de Moab avant les Moabites. Une partie d'entre eux eût été, assujettie par les Iduméens, et ceux-ci auraient régné longtemps sur le futur domaine de Moab. Les Madianites en auraient été chassés, ou bien se seraient dispersés ou fondus avec d'autres tribus au commencement de la domination israélite. Winckler s'appuie spécialement sur Genèse, XXXVI, 35, où il est part d'une défaite des Madianites sur la terre de Moab. Mais ceci ne prouve pas que les Madianites aient séjourné d'une manière stable en ce pays; pour expliquer le fait allégué, il suffit qu'ils aient campé près de ce pays, en venant d'une région plus ou moins éloignée.

La tradition arabe est unanime pour placer le pays d'origine des Madianites sur la rive orientale du golfe d'Elam, dans la 23e station du pèlerinage de La Mecque, au 28e degré de latitude, au nord de Aïn Unne. L'Itinéraire arabe cité par U. J. Seetzen dit : "-Madajin était une cité sur le bord de la mer, où aujourd'hui encore on trouve les restes d'anciens édifices. Il y a là un grand puits mauvais, et tout près un étang, où Moïse abreuva les troupeaux de Scho'aib (nom donné par le Coran au prêtre madianite, beau-père de Moïse). Dans une grotte voisine, dite Mgar (Maghâir) Scho'aib, les pèlerins font leur prière et puis ils continuent leur chemin" ( Aboulfeda, Géographie,; Edrisi, Géographie).

Plolémée (Géographie, VI, 7), connaît aussi dans ces régions un lieu appelé Madiâma, à 28° 15' de latitude, et une autre ville de nom presque semblable : Madiâna, plus vers le sud, sur le bord de la mer, ville qui pourrait bien être la même que la précédente. Eusèbe et saint Jérôme (Onomastica sacra) parlent aussi d'une cité de Madiam, Madian, au sud de la province romaine d'Arabie, à l'est de la mer Rouge, vers le désert des Sarrasins.

Il semble difficile de refuser tout fondement réel à cette tradition arabe. En tout cas, la position assignée à Madiân par Ptolémée et les géographes arabes ne contredit pas les données bibliques de l'Exode et des Juges, mais les explique plutôt. On comprend, en effet, sans difficulté que les Madianites, peuple semi-nomade, tout en ayant une demeure relativement fixe sur les côtes orientales du golfe d'Aqaba, aient fait des apparitions dans la péninsule sinaïtique, placée en face, séparée à peine par un petit bras de mer, comme aussi à l'est du Jourdain, et cela sans parler en outre de clans vraiment nomades qui de temps à autre ont pu quitter leur pays d'origine pour chercher fortune dans d'autres régions. 

Le pays à l'est du golfe d'Aqaba, riche en eau, se prêtait d'ailleurs fort bien à une demeure stable. L'irrigation y est assez bonne; les collines et les montagnes alternent avec des vallées nombreuses et fertiles. Les mines y abondent, il y a des traces nombreuses de mines d'argent et de cuivre, et vers le sud aussi de mines d'or. (J. Bonaccorsi).

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