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Héphaïstos - Dieu grec qu'on a assimilé au Vulcain des Latins. Sous sa forme la plus ancienne, dans les poèmes homériques, Héphaistos est dans la société divine l'artisan, le dieu des arts, du feu et du métal, plus particulièrement un forgeron. Il habite dans l'Olympe et y a son atelier; les auteurs postérieurs placeront cet atelier au dehors, généralement dans une île volcanique (en particulier dans les îles Lipari ou sous l'Etna). Conformément à la confusion primitive entre la science et la magie, Héphaistos est représenté comme un magicien : ses outils travaillent tout seuls. Le dieu n'a pas encore de compagnons dans son atelier. Plus tard on lui en donnera un, puis trois, puis un grand nombre. - Tête d'Héphaistos. Art grec archaïque. Musée Barraco, Rome. Sa physionomie est celle d'un rude travailleur, aux bras vigoureux, mais aux jambes faibles. Il était même boiteux de naissance (ou après sa chute du ciel). Sur les monuments archaïques, Héphaistos est figuré sous les traits d'un ouvrier adulte, barbu, fortement musclé; ses attributs caractéristiques sont un bonnet pointu, un marteau, une tenaille; donc semblables à ceux des nains forgerons des mythologies du Nord de l'Europe. Il porte soit la chlamyde rejetée sur l'épaule, soit le maillot court, soit l'exomis, de manière à avoir le bras dégagé, quelquefois il est représenté nu. Naturellement l'artisan divin surpasse en habileté ses collègues terrestres ; il travaille aussi bien les métaux précieux que les autres, est ciseleur et orfèvre autant que forgeron. Parmi les oeuvres qu'on lui attribuait, les principales étaient : l'aménagement des palais des dieux (revêtus de lames métalliques comme ceux des princes de l'époque homérique; les trépieds, les statues et les chiens magiques du palais d'Alcinoüs, le bouclier et les armes d'Achille, d'Héraclès, celles d'Énée, etc. Les mythographes en grossirent la liste indéfiniment : on y ajoute l'égide, le sceptre de Zeus, celui d'Agamemnon, l'épée magique de Pélée, le gobelet de Dionysos, les flèches d'Apollon et d'Artémis, le collier d'Harmonia, le diadème d'Ariane, le collier d'Hermione etc. Un autre produit de l'art d'Héphaistos est Pandore qu'il fabriqua pour le malheur du genre humain. Aphrodite demande à Héphaistos des armes pour Enée, par Natoire (musée de Montpellier). Héphaistos est, d'après Homère, fils d'Héra et de Zeus, mais très éloigné de son père; dans les conflits, il prend parti pour sa mère contre lui. Hésiode en fait un fils d'Héra seule, sorte de produit artificiel qui fait la contre-partie d'Athéna. Les mythographes ultérieurs adoptèrent cette version. L'antagonisme entre Héphaistos et le dieu suprême se manifeste dans le mythe de son expulsion du ciel ou de sa chute. Il y en a deux versions dans l'Iliade. D'après la première version, sa mère le voyant boiteux voulut le cacher et le jeta en bas du ciel; il fut accueilli et élevé par Eurynome et Thétis qui le gardèrent neuf ans. D'après la seconde version, le jeune dieu prenant la défense d'Héra contre Zeus aurait été précipité par celui-ci; après une chute d'un jour entier, il vint tomber à Lenmos dont les habitants le ramassèrent. Après un séjour de neuf ans auprès de Thétis, à laquelle il construit une grotte merveilleuse, rentre dans l'Olympe. Pindare raconte que, pour se venger de sa mère, il lui envoya un trône d'or garni de chaînes invisibles. Personne ne put l'en délivrer; le conseil des dieux vota le rappel d'Héphaistos; il refusa; Arès tenta de le ramener de force, mais échoua; Dionysos fut plus heureux, l'ayant enivré. Il rendit alors la liberté à sa mère. Ce mythe, souvent figuré sur les vases peints, a fourni le sujet d'une comédie à Epicharme, d'un drame satirique à Achaeus. Héphaistos et les Cyclopes forgeant le bouclier d'Achille. Des deux côtés du groupe, les déesses Athéna, à gauche, et Héra, à droite. Bas-relief antique. Musée des Conservateurs, Rome. Des cultes locaux donnent à Héphaistos d'autres femmes desquelles seraient nés : Palémon, adroit boiteux; Périphrates, bandit tué par Thésée; les Palikes, démons de l'Etna. Dans l'Olympe, le dieu occupe une place secondaire, mais importante. Il est l'un des douze dieux. Son feu, ses blocs de fer rouge le rendent redoutable dans la lutte contre les Géants et son duel avec le fleuve Xantos (devant Troie). Il n'agit guère par lui-même, a bon caractère, se montre magnanime envers Orion, Prométhée, même si c'est lui qui l'enchaîne sur le Caucase, etc. A l'occasion il est médecin, surtout à Lemnos. On en fait peu à peu un personnage comique; il est victime des préjugés contre le travail manuel, qui reléguaient à l'étage inférieur de la société les artisans; son adresse dégénère en ruse. Cependant on n'oublie pas les immenses bienfaits que le feu et les arts du métal apportent aux humains. Héphaistos est avec Athéna, à laquelle on l'associe volontiers, le patron des artisans, plus spécialement des métallurgistes. Une opinion très répandue plaça dans les volcans les ateliers de ce dieu; cette conception anthropomorphique se rencontre chez les écrivains de la période alexandrine. Kedalion, les Cabires, les Cyclopes sont rapprochés de lui. Retour d'Héphaistos dans l'Olympe. Détail d'un cratère attique. Musée du Louvre. Nous nous sommes volontairement abstenu de parler des interprétations, généralement fantaisistes et toujours hypothétiques, des mythes d'Héphaistos. On en fait un dieu de l'éclair, du feu céleste puis terrestre; on le rapproche d'Agni, de Soki. Ces rapprochements seraient des jeux inoffensifs si l'on n'en abusait pour déformer des mythes et les récits des auteurs anciens, voulant adapter ceux-ci aux interprétations naturalistes. Moins que tout autre, le type de l'artisan divin comporte ces interprétations. (A.-M. B.).
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