|
Etoile
de Noël ou Etoile des Rois Mages. - On donne ce nom à
l'étoile que selon le Nouveau Testament
aurait été suivie par les Rois mages
pour les guider vers l'enfant Jésus et lui apporter des présents
au moment de sa naissance. Les auteurs chrétiens y ont vu l'étoile
prédite par Balaam dans ce passage des Nombres (Num.
XXIV, 17) :
Une étoile
sortira de Jacob, une verge s'élèvera d'Israel, et elle frappera
les chefs de Moab
: il sortira de Jacob un Dominateur, et il perdra les restes des villes.
Cette étoile
signifie, selon les Juifs modernes, le roi
David, qui vainquit les Moabites, et les assujettit
à sa domination. Mais les anciens Juifs, comme les paraphrastes
Onkelos et Jonathan, l'expliquent du Messie. C'est aussi le point de vue
des auteurs chrétiens. Quelques-uns (S. Maxim. serm. III de Epiphan.
Haymo, Drutmar procop. D. Thom. alii apud Barad.) ont cru
que Balaam avait prédit, en cet endroit l'apparition de l'étoile
matérielle qui s'éleva au temps de la naissance du Sauveur,
et qui porta les mages à venir en Judée chercher Celui dont
cette étoile annonçait la naissance. Mais cette étoile
n'était pas sortie de Jacob, et on ne peut lui appliquer ce qui
est dit ici de cette étoile, qui marque indubitablement un dominateur,
un conquérant, un grand prince, en un mot, le Messie. Les Juifs
en étaient si persuadés du temps de Jésus-Christ et
encore quelque temps après, que le fameux imposteur Bar-Caliba
se fit appeler Bar-Cocheba , le fils de l'étoile, prétendant
être le Messie, et engagea les Juifs de la Palestine dans une révolte
qui acheva de ruiner cette malheureuse nation.
L'étoile qui
parut aux mages (Matth. II, 2) , et qui les conduisit à Bethléem
oùJésus était né, fournit la matière
à bien des conjectures. Quelques anciens auteurs ( Leo Magn. serm.
I de Epiphan. Chrysost. in Matth. homil. 6. Ambros l. Il in Luc., etc.)
ont cru que c'était un astre nouveau, créé exprès
pour annoncer aux hommes la venue du Messie. D'autres (Origen. l. I contra
Cels. Maldon. Grot., etc.), que c'était une espèce de comète,
qui avait paru extraordinairement dans l'air. D'autres (Evangel. infantiae
Christi. Chrysost. Theophylast. in Matth., etc.) ont avancé que
c'était un ange revêtu d'un corps lumineux , en forme d'étoile
qui, par son mouvement dirigé du côté de la Judée,
fit naître aux mages l'envie de le suivre, et de chercher ce qu'il
désignait. Plusieurs Pères de l'Eglise ont appuyé
ce sentiment, fondés sur ce que cet astre paraissait intelligent
et raisonnable, paraissant et disparaissant, s'arrêtant et s'avançant
selon qu'il était nécessaire pour conduire les mages au lieu
qu'il fallait. Ligtfoot (Hor. Tamuld. et in Harmon.) conjecture que c'est
la même lumière qui avait apparu aux pasteurs qui avaient
leurs troupeaux près de Bethléem, et qui ayant été
observée par les mages, leur fit croire qu'à cet endroit
était né le Messie attendu depuis si longtemps.
L'auteur du Commentaire
imparfait sur saint Matthieu, dit que cette étoile descendit sur
la montagne ou les mages l'attendaient depuis plusieurs siècles;
qu'elle leur apparut ayant au milieu d'elle un jeune enfant et une croix
au-dessus; que cet enfant leur parla, et leur ordonna de se transporter
en Judée. Saint Epiphane (Epiphan. haeres. 26 et 39) a suivi la
même tradition, qui est tirée du livre apocryphe de Seth.
Quelques-uns (Quidam apud author. Mirabil. sanctae Scriptura) ont avancé
que cette étoile était le Saint-Esprit, qui apparut aux mages
sous la forme d'un astre, comme il apparut dans la suite sous la forme
d'une colombe au baptême de Jésus-Christ. Saint Ignace le
martyr (Ignat. Mart. ep. ad Ephes. Ita et Evangel. infantiae) dit que cet
astre jetait un éclat qui surpassait celui de toutes les étoiles
du ciel; que le Soleil , la Lune, et les autres astres lui servaient comme
de compagnie, et le suivaient par honneur; que tout le monde était
en admiration en voyant son éclat. Saint Augustin (Aug. t. V, serm.
200, et serm. 203) l'appelle la magnifique langue du ciel, qui parlait
aux mages, et les instruisait en quelque sorte sur le Verbe fait chair
et réduit au silence : Quid erat, nisi magnifica lingua caeli?
On ne convient pas
du temps auquel l'étoile apparut aux mages. Plusieurs croient qu'elle
leur apparut deux ans avant la naissance de Jésus-Christ, et que
les mages s'étant mis en marche aussitôt qu'elle parut, furent
deux ans à faire leur voyage (Quidam apud Theophyllact. Author serm.
131 et 132 in Epiphan in append. t. V sancti Aug.). D'autres veulent qu'elle
ne se soit levée qu'au moment de la naissance de Jésus; et
ceux-ci sont encore partagés, car les uns veulent que les mages
ne soient arrivés à Bethléem que deux ans après
la naissance de Jésus (Epiphan. haeres. 52. Hieron. in chronic.
Nicephor. Beda, etc). D'autres les y font arriver treize jours après
cette naissance; et, pour faire plus grande diligence, ils leur donnent
des dromadaires pour montures. Il y en a qui ont cru que l'étoile
avait apparu dès le moment de l'incarnation de Jésus-Christ,
ou même de celle de saint Jean-Baptiste.
On forme encore quelques
difficultés, à savoir si l'étoile a été
vue de tout le monde, ou seulement des mages. Certains auteurs chrétiens
(Ignat. ad Ephes. Evangel. infantiae) croient que tout le monde la vit;
que tous les peuples furent témoins du phénomène;
que les uns n'en connaissant pas le mystère, se contentèrent
de l'admirer, et qu'il n'y eut que les mages à qui Dieu en fit connaître
la signification, et à qui il donna l'attrait pour la suivre. D'autres
chrétiens (Basil. homil. de hum. Christi nativ. Author de Mirabilib.
sacr. Scripturae, qu. 4.), au contraire, croient que peu de gens la virent;
que les mages eux-mêmes ne la virent que par reprise et de temps
en temps, lorsqu'il était nécessaire pour les guider, et
les affermir dans leur résolution. Enfin la plupart (Chrysost. homil.
6 in Matth. Ambros l. Il in Luc. Bern. serm. 3 in Epiphan. Aug. serm. 200,
201, 205, nov. edit. etc.) veulent que les mages l'aient vue durant tout
leur voyage, et qu'elle ne disparut qu'au moment qu'ils furent arrivés
à Jérusalem. Alors ils se
virent dans la nécessité de demander où était
le nouveau roi des Juifs. |
|