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Electre
(personnage de la mythologie grecque).
- Ce nom, qui signifie l'Etincelante, a désigné dans
la mythologie primitive des Grecs plusieurs personnifications de l'éclat
rayonnant du ciel et des phosphorescences de la
mer. Chez Hésiode, elle est une des filles
d'Océan et de Téthys,
soeur de Styx; ailleurs, son être est mis
en rapport avec Iris, personnification de l'arc-en-ciel;
ailleurs encore, elle est parmi les filles d'Atlas
et de Pleioné et désigne l'une
des sept Pléiades
: elle fut aimée de Zeus, dont elle eut
Jasion et Dardanos; c'est elle qui apporta
le Palladium à Troie
; elle ne put se consoler de la ruine de cette ville; les dieux la placèrent
parmi les astres, dans la constellation des Pléiades; c'est ainsi
qu'on la vénérait dans l'île de Samothrace,
le centre du culte nautique des Cabires.
Il y a aussi une Electra parmi les cinquante
filles de Danaüs. Cependant, ces figures de l'antique naturalisme
des Hellènes se sont effacées devant l'Electre des poètes
tragiques, la fille d'Agamemnon et de Clytemnestre,
encore inconnue de l'épopée,
mais créée, dans ses traits essentiels, par la poésie
lyrique de Stésichore. Lorsque Agamemnon est assassiné à
son retour de Troie par l'épouse adultère
et Egisthe, son complice, c'est Electre qui
arrache le jeune Oreste aux mains des meurtriers
et l'envoie à l'étranger. Maltraitée par Egisthe et
par la mère, elle mène une existence misérable; toujours
fidèle à la mémoire du père, elle aspire au
retour d'Oreste qui sera le vengeur.
D'après Euripide,
qui affectionne les inventions romanesques, elle est mariée de force
à un laboureur mycénien, mais elle obtient qu'il la respecte
et la serve avec dévouement. Une fois Oreste de retour, Electre
participe au châtiment. Chez Eschyle, elle
est au second plan; mais, chez Sophocle, qui
a donné son nom à la tragédie où il a condensé
tous les événements de l'Orestie
de son prédécesseur, elle a le rôle principal; elle
prépare le meurtre d'Egisthe et de Clytemnestre; elle enflamme Oreste
de sa propre ardeur et applaudit à l'exécution. La reconnaissance
du frère et de la soeur est une des plus belles scènes du
théâtre grec, et le caractère
d'Electre, indomptée, implacable, absorbée dans le souvenir
du père, l'amour du frère et la pensée de la vengeance,
est peut-être ce que l'art dramatique a produit de plus achevé.
Une tragédie d'Euripide, portant
le nom d'Oreste, prend le sujet où la tragédie d'Electre,
du même poète, l'a laissé; les deux réunies
renferment la vie entière de l'héroïne, mais compliquée
d'inventions extraordinaires et même bizarres. Dans l'Oreste,
après le meurtre de Clytemnestre, Electre et son frère n'échappent
à la mort décrétée contre eux par le peuple
d'Argos que grâce à l'intervention
d'Apollon. Les poètes s'accordent généralement à
marier Electre avec Pylade, et les logographes citaient deux fils issus
de cette union, Médon et Strophios. Toutes ces péripéties
dramatiques ont tenté plus d'une fois l'imitation des modernes;
les tragédies de Longepierre, de Crébillon
et, plus près de nous, de Giraudoux, sont les plus connues. (J.-A.
Hild).
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En
bibliothèque - Eschyle,
les Choéphores;
Sophocle, Electre. - Euripide, Oreste, Electre. -
Sénèque, Agamemnon.
En
librairie - Sophocle, Electre,
Actes Sud, 1986; Théâtre complet (Ajax, Antigone, Electre,
Oedipe roi, les Trachiniennes, Philoctète, Oedipe à Colone,
Les Limiers), Flammarion (GF), 1993.
Eugene
O'Neill, Le Deuil sied à Electre, L'Arche, 2001. - Jean Giraudoux,
Electre, Larousse, 1998. - Longepierre, Electre, Libraire
Nizet, 1981.
Collectif,
Autour d'Electre (Sophocle, Giraudoux), Adapt (para-scolaire), 1997.
- Collectif, La Guerre de Troie et Electre, Giraudoux, Atlande,
2002. Pierre d'Almeida, Laure Himy-Petit, Electre, La Guerre de Troie
n'aura pas lieu, Giraudoux, Armand Colin, 2002. - Jean Broyer,
Le mythe dans le thâtre du XXe siècle (Antigone,
Oedipe, Electre), Ellipses-Marketing, 1998. -
Pierre Brunel, Le mythe d'Electre, Honoré Champion, 1995. |
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Dans
les musées - Parmi les représentations
artistiques des aventures auxquelles Electre se trouva mêlée,
il faut citer en première ligne le bas-relief du Louvre représentant
l'héroïne plongée dans la douleur auprès du tombeau
de son père, et devant elle trois personnages représentant
Talthybios, Oreste et Pylade. Cette oeuvre provient de Mélos et
semble avoir été reproduite souvent dans l'Antiquité. |
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