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Dionysos |
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Les mythes de Dionysos Nous exposerons ici les principales légendes helléniques relatives à Dionysos. Le récit thébain de la naissance de Dionysos a été accepté généralement. Sa mère était Sémélé, une fille de Cadmus et d'Harmonie dont les mythologues modernes ont fait une personnification du sol terrestre, qui au printemps produit la végétation; les Crétois en font un fils de Déméter; les Alexandrins un fils d'Isis, les Phrygiens un fils de Cybèle; d'autres donnent pour mère à Dionysos la Lune ou Io ou Argé qui la personnifient; enfin le nom de Thyoné est donné quelquefois à la mère de Dionysos ou à sa nourrice; parfois encore celui de Dioné. Sémélé est aimée de Zeus; Héra, jalouse, se déguise et persuade la jeune femme de demander à Zeus de se montrer à elle dans tout l'éclat de sa puissance; il y consent et les flammes de l'éclair dévorent l'imprudente Sémélé, et brûlent l'enfant divin dans le soin de sa mère; le père le sauve, grâce à Hermès ou à la Terre qui fait pousser un lierre pour l'abriter. Pour que l'enfant puisse achever sa croissance, Zeus renferme dans sa cuisse. Les épithètes de Pyrigenès, Mérotraphès ( = celui qui a été nourri dans la cuisse), font allusion à cette légende; de même celles de Dithyrambe, Dimétor, Dissotokos, relatives à sa double naissance. L'interprétation naturaliste, très paradoxale, est que Sémélé (la Terre) est fécondée par le dieu céleste qui lui envoie les pluies du printemps; le fruit naît imparfait et serait brûlé et arrêté dans sa croissance, si le dieu ne l'enveloppait dans ses brouillards (il s'agit de l'humide Béotie); plus tard, on dit que le mythe de la naissance de Dionysos fait allusion à l'eau céleste qui tombe sur la terre pendant l'orage. Naissance de Dionysos. Dionysos bondit de la cuisse de Zeus et est recueilli par Hermès. Bas-relief antique. Musée du Vatican (Rome). On a généralement admis la version thébaine; c'est la seconde naissance du dieu sortant de la cuisse paternelle dont une foule de localités ont revendiqué l'honneur. Il naît avec l'assistance d'llithye, d'Hermès, de Thémis, de Déméter ou d'Athéna. Hermès l'emporte et le remet aux nymphes qui vont le nourrir et l'élever; d'après une variante, il le confie à Ino, soeur de Sémélé, qui s'attire ainsi la haine d'Héra; tranformé en chevreau, il est remis alors aux nymphes de Nysa; ces nourrices sont appelées les Hyades, et on en a fait des divinités pluvieuses; on en nomme tantôt deux, trois, cinq, six, tantôt même sept; d'autres disent que ce sont les Muses qui nourrirent le jeune dieu. On est seulement d'accord que le lieu de son éducation s'appelait Nysa. Les variantes locales sont nombreuses à Thèbes c'est Ino qui nourrit Dionysos, en Eubée c'est Macris qui l'élève dans une grotte où elle le nourrit de miel; on lui donne aussi pour compagnons d'enfance, comme à Zeus, la chèvre- Amalthée, les Curètes, les Corybantes. Ce n'est que plus tard qu'on nomma Silène et les satyres, bien que cette version ait été popularisée par les artistes. Les Lydiens font passer l'enfance de Dionysos au milieu des Bassarides, des Macètes, des Mimallones qui sont les Ménades de ces contrées. On conta ultérieurement que l'éducatrice était Mystis, l'initiation personnifiée. L'enfance et l'éducation de Dionysos ont été un thème favori des artistes grecs (Les représentations de Dionysos). Lorsqu'il a grandi, Dionysos plante la vigne et extrait le vin du jus de sa grappe. Poursuivi par la haine d'Héra, il est frappé de folie furieuse, il erre par le monde; les mythographes placent à cette période quelques voyages auprès d'Aphrodite, d'Adonis en Syrie, de Protée en Egypte, etc.; ils racontent qu'en Phrygie, la mère des dieux le guérit en l'initiant à ses mystères. La vie courante de Dionysos est une fête perpétuelle dont les fêtes célébrées par ses adorateurs prétendent retracer l'image. Entouré des Nymphes qui l'ont nourri, des Ménades, des Satyres, des Silènes, des Pans, des Centaures, de toute une bande d'êtres demi-bestiaux qui forment son cortège ou thiase, il mène les bacchanales sur les sommets boisés des montagnes; bien d'autres dieux et demi-dieux s'y joignent à l'occasion, Naïades, Oréades, Eros et Aphrodite, Déméter, etc. Partout sous les pieds du dieu naissent les fleurs et les fruits; avec son thyrse il fait jaillir des rochers des sources, parfois des ruisseaux de vin, de lait, de miel. Les épithètes d'Oreios, Oreste, font allusion à sa prédilection pour les montagnes; celles de Bromios, Briacchos, etc., à son existence de fête où l'on pousse les cris d'Evoe, lo Bachhé, etc. On l'appelle encore Choreios, Choragos. L'heure favorite de ces réjouissances est la nuit, c'est celle que choisissent les femmes béotiennes et phocéennes pour leurs orgies du Cithéron et du Parnasse. Toutes ces conceptions sont étroitement liées au caractère orgiaque de la religion dionysiaque, et c'est à ce propos que nous parlerons plus bas des Ménades et du thiase avant de décrire les fêtes qui sont organisées d'après ces légendes. Les courses de Dionysos, entouré de son cortège divin, le promènent à travers tous les pays helléniques ou hellénisés, surtout en Grèce ou en Asie Mineure. On le met en rapport avec un grand nombre d'amoureuses, nymphes ou simples mortelles : Phyxoa en Élide, dont naît Narkaios; Chtonophyle, mère de Phlius; Alexiroea, mère de Carmon; Nicaea, mère de Télété; Atphesiboea, mère de Medos; la mère de l'Argonaute Phanos. Plus que tout autre, le dieu de l'orgie trouble les sens des femmes, leur infuse la fureur orgiastique, où elles viennent le vénérer la nuit, à l'exclusion des mâles; de là, les épithètes de Chaeropsalès et de Orsigunaix. Dionysos rend visite à plusieurs mortels; au roi de Phrygie, Midas, qui lui accorde la liberté de Silène, et à qui il donne la faculté de changer en or tout ce qu'il touche; au roi de Laconie, Dion, dont il aime la fille Karya; à Oeneus, roi d'Etolie, à qui il donne la vigne et dont il prend la femme Althaea; à l'Athénien Icarios, père d'Erigone, à qui il donne le vin, présent fatal, car les bergers ivres égorgent leur maître; la fille, Erigone, cherche le cadavre de son père avec sa chienne Moera; elle le trouve sur l'Hymette et se pend; Dionysos transforme Icarios, Erigone et Moera en constellations (Arcturus (Le Bouvier), la Vierge, Sirius (Le Grand Chien); Erigone personnifie la vigne; l'étoile de Sirius, le chien céleste, paraît au moment de la maturité du raisin. On cite encore, parmi les adversaires de Dionysos, les Minyades d'Orchomène, Alcithoé, Leucippe et Arsippé, les trois filles du roi Minyas; elles refusent de se joindre aux adorateurs du dieu; il se déguise en femme pour les convaincre; puis se manifeste sous la forme d'un taureau, d'un lion, d'une panthère, enfin les frappe de folie; elles sont changées en chauve-souris, chouette et chat-huant. Les filles de Proetus, qui font la même faute, sont frappées de folie et avec elles les femmes de Tirynthe; le roi Proetus appelle le devin Mélampus qui les entraîne avec des chants et des danses mystiques jusqu'à Sicyone; Iphinoé meurt de fatigue; les deux autres sont purifiées et guéries. Selon une interprétation qu'on a parfois donné de ces mythes, ils feraient allusion d'une part à l'hostilité que rencontra souvent à son introduction la religion dionysiaque et à l'exaltation furieuse de ses fêtes. Le mythe de Lycurgue a fourni à Eschyle le sujet d'une tétralogie, dont la pièce centrale est consacrée à la destinée d'Orphée, dévot d'Apollon dont Dionysos châtie le dédain en le faisant déchirer par ses Bassarides. Cet antagonisme ancien des cultes apolliniens et dionysiaques contraste avec leur accord final, auquel président les Orphiques. Les courses de Dionysos n'ont pas toujours un caractère pacifique; son thyrse est une arme véritable, une sorte de lance, avec laquelle il combat. Il prend part à la Gigantomachie avec ses Silènes et ses Satyres et tue le géant -Eurytus ou Rhoetus; quelquefois il joue le rôle communément attribué à Héraclès. On le montre encore escorté de sa panthère, du lion et du serpent; on lui fait tuer le monstre Campé aux cinquante têtes. A Naxos, il expulse Héphaistos, qui lui disputait la possession de l'île et dont il devient l'ami; c'est lui qui, plus tard, le ramènera à l'Olympe après l'avoir enivré. Il chasse des côtes de Béotie'Triton, ravisseur des troupeaux; à Naxos, il sort vainqueur d'une lutte avec Glaucus qui lui dispute Ariane. La plus populaire de ses aventures le met aux prises avec les pirates tyrrhéniens; ceux-ci s'emparent de lui tandis qu'il passe d'Icarie à Naxos. Sur le vaisseau, les liens du captif divin se détachent, le navire se couvre de pampres et de lierre, Dyonisos se change en lion; les pirates terrifiés se jettent à la mer et sont transformés en dauphins. La fable des amours du dieu avec Ariane est également très connue; elle était localisée dans les îles, surtout à Naxos et en Crète; on en trouvera l'exposé au mot Ariane. La fille de Minos, blonde amante délaissée de Thésée, semble une déesse lunaire; elle préside à la fertilité du sol et on admet que son abandon par Thésée et son amour avec Dionysos symbolisent les alternatives de stérilité et de fécondité, de l'hiver et de l'été. Elles sont figurées par deux séries de fêtes : la fête joyeuse des Theodaisia, qui se célèbre au printemps (en Crète, à Naxos, à Rhodes, en Libye), et la fête de deuil qui a lieu en hiver (à Naxos, à Chypre). En Attique, Ariane est associée à Dionysos dans la fête des Oschophoria; de même à Alexandrie, à Tarse, etc. De cette union naissent trois fils : Oenopion ( = le buveur de vin), Evanthès ( = le fleurissant); Staphylos ( = la grappe) ou Icarios, héros éponyme de l'île d'Icarie, ou Maron, Thoas, roi de Lemnos, ou encore, d'après les Athéniens, Céramos, personnifiant la poterie où l'on conserve le vin. Bacchus (Dionysos) et Ariane, par C. Van Everdingen (1660). La conception de Dionysos héros conquérant vient, nous l'avons dit, d'une identification avec le Bassareus lydien. On le représente d'abord comme défenseur des colonies grecques; d'Ephèse, contre les Amazones; de Smyrne, contre les Chiotes. Mais on en fait surtout un conquérant universel, qui parcourt l'Asie avec son armée de Pans, de Satyres et de Ménades. Après avoir vaincu en Syrie le géant Ascos et fondé Damas, il passe l'Euphrate sur un pont de pampre et de lierre, le Tigre sur le dos d'un tigre, donne l'Ibérie caucasienne à Pan, s'avance jusqu'en Bactriane. Après l'expédition d'Alexandre, on le fit aller en Inde, où il aurait fondé la civilisation et laissé des colonies grecques retrouvées plus tard par le roi de Macédoine. Le nom du mont Méron paraissait aux Hellènes se rapporter à son mythe méros (cuisse). Ces expéditions triomphales sont représentées en Grèce dans plusieurs fêtes; la pyrrhique des Spartiates mimait la guerre contre les Indiens et le mythe de Penthée. Les littérateurs et les artistes les ont pris pour thème; surtout Nonnus de Panopolis, dont la guerre des Indes remplit le poème à partir du XXVIIe chant. Les Grecs de Cyrénaïque ajoutaient que Bacchus était venu chez eux restaurer Ammon (L'Oasis d'Ammon) expulsé par les Titans et faire la guerre à Gigon, roi d'Ethiopie; on le conduit en Italie, où le roi, Falernus, l'accueille amicalement ; il est vainqueur, chez les Tyrrhéniens, du géant Alpos, fils de la Terre, fait la conquête de l'Espagne, l'Ibérie occidentale. (A.-M. B.). |
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