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Cécrops,
est dans la mythologie grecque un roi
de l’Attique, fondateur et civilisateur
d'Athènes (la première
citadelle de la ville prit son nom : Cécropia). Il passait
pour fils de Gaïa (la Terre) : de là
son nom de Gêgénos. On sait que cette généalogie
indiquait ou que l'on ignorait la naissance d'un héros ou que sa
vie remontait très haut dans la nuit des temps. Le mythe dit qu'arrivé
dans l'Attique, il n'y trouva que des populations sauvages, errantes ,
sans lois, sans moeurs, sans frein pour le présent et sans ressources
pour l'avenir. Il les réunit, leur apprit les avantages que la société
procure à l'humain, les soumit au joug jadis inconnu du mariage,
leur enseigna l'art de se construire des maisons, les initia aux travaux
de l'agriculture, enfin leur fit connaître des dieux nouveaux, Athéna
et Arès. Quelques-uns y ajoutent Zeus.
Divers mythes symbolisèrent dans l'Antiquité ces importations
religieuses.
Telles sont la rixe
d'Arès avec Poséidon, àpropos
de la violence faite à Alcippe par Halirrhothe, puis la querelle
de ce même Poséidon avec Athéna pour savoir à
qui des deux appartiendra l'honneur de donner son nom à la ville
de Cécrops.
Autour de ce prince
se groupent ses trois filles, Agraule, Hersé, Pandrose, personnifications
agriculturales que quelques auteurs ont prises faussement pour des missionnaires
féminins du culte et des lois apportés à la Grèce
par Cadmos. Toutes trois avaient pour mère
une autre Agraule, bien plus clairement identifiée avec Athéna-Aglauros),
mais donnée par les évhéméristes
pour fille d'Actée, le premier roi d'Athènes. Un quatrième
rejeton de Cécrops et de cette haute Agraule fut Erysichthon. Complétons
ce tableau en rappelant que des traditions d'un autre genre, mais qui furent
plus tard fondues avec celles de l'Attique, montrent Cécrops dans
l'île de Chypre.
Les vieux mythes
dépeignent le législateur sous les traits d'un homme dragon.
Le fabuleux reptile ainsi nommé a trait, tantôt aux entrailles
de la Terre et aux trésors qu'elle recèle, tautôt à
sa surface et par conséquent à l'agriculture, aux moissons,
aux pluies fécondantes, à la rosée. Tel est Cécrops
avec son cortège tout allégorique. Mais, dit-on, en quoi
le labour a-t-il trait à la législation? Un mot suffirait
pour répondre. Déméter
n'est-elle pas en mythologie la législatrice? Au fond ce n'est pas
de lois écrites qu'il s'agit , c'est d'institution, de civilisation.
Et quel élément de civilisation naissante a plus d'importance
et d'influence que l'agriculture? A la suite de l'agriculture se produisaient
naturellement la fixité des habitations, la prévoyance, la
régularité des travaux, l'agglomération des humains,
enfin le mariage, la famille, le dème, la cité.
La série des
travaux agricoles en attachant l'homme par un pied à la terre régularise
sa vie, et substitue à d'éphémères hasards
la permanence et la certitude. C'est à ce double caractère
de laboureur (ou homme-dragon) et d'instituteur du mariage que fait allusion
la célèbre épithète de diphyes (et en
latin biformis) mot à mot à deux natures ou à
deux sexes. On a beaucoup disserté sur le sens de ce mot. Cécrops
était homme-serpent (voilà deux genres) et homme-femme. Primitivement
on se figure l'être comme un bloc dans lequel l'oeil n'opère
nulle division : un peu plus tard on voit que toute espèce organisée
suppose deux sexes; mais en distinguant les sexes on les localise dans
le même être. Cécrops considéré sous ce
rapport est un Hermaphrodite cosmogonique. Un Adam androgyne qui ne tarde
pas à se dédoubler. Vous avez alors Cécrops-Agraulos;
puis Agraulos elle-même s'émane en une trinité agriculturale.
La mythologie nomme
un autre Cécrops qu'on appelle Cécrops II, fils et successeur
d'Erechthée; il épousa Métiaduse, fille de Dédale,
et en eut Pandion. (M.). |
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