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Borée

Borée, Boréas. - Personnification mythique d'un des quatre vents principaux dans la mythologie hellénique.  Il est de tous les vents le plus fort, et les poètes depuis Homère dépeignent sa violence, qu'elle s'exerce sur terre ou sur mer, avec les couleurs les plus vives.  Etymologiquement son nom signifie: vent de la montagne (Boreas = Oreas avec le digamma).  Hésiode, qui le compte parmi les vents bienfaisants, le fait naître d'Astraeus, l'un des Titans, et d'Eos (l'Aurore). Suivant d'autres, Il était fils d'Astreus et de Héribée, ou fils du Strymon, fleuve de Thrace. Quoiqu'il en soit, on s'accordait pour en faire le frère de deux autres vents : l'Eurus, le Notus et le Zéphyre. En, tant que phénomène de la nature, Borée est le vent du Nord, le même que l'aquilon des Latins.

Homère et même dans les temps postérieurs Callimaque et le scoliaste d'Apollonius, placent la demeure de Borée dans la Thrace; son berceau est le mont Hémus. C'est de là qu'à l'appel d'Iris il vint, accompagné de Zéphyre, prêter son souffle pour allumer le bûcher de Patrocle.

La mythologie, d'origine attique, a fait de lui un roi de la Thrace, rude et violent, qui  enleva Chloris, fille d'Arcture, pui s'éprend d'amour pour Orithyie la fille du roi athénien Erechthée. N'ayant pu l'obtenir par les moyens pacifiques, il l'enlève elle aussi, un jour qu'elle cueillait des fleurs avec ses compagnes sur les bords de l'Ilissus (d'autres traditions placent la scène, tantôt sur les rives du Céphise, tantôt sur, les hauteurs de l'Aréopage, de l'Acropole ou du Brilessus, mais toujours au voisinage d'Athènes). Orithyie, emportée en Thrace, devient la mère des Boréades (deux fils, Zéthès et Calaïs, et deux filles, Cléopatra et Chioné; les premiers figurent dans le mythe des Argonautes sous les traits de jeunes gens ailés, personnifiant les tempêtes. 

L'enlèvement d'Orithyie par Borée semble avoir été un des mythes favoris de l'Attique, comme en témoignent les représentations sur les vases grecs de l'époque des guerres médiques. Il personnifie la dispersion des brouillards du matin sous l'action des vents du Nord. Lors de l'invasion, l'oracle ayant conseillé aux Athéniens d'appeler à leur secours le gendre de leurs anciens rois, ils adressèrent des prières à Borée. C'est à son intervention qu'ils attribuèrent la dispersion et la destruction de la flotte perse aux environs du cap Sépias, durant les jours de la bataille d'Artemisium. Un autel fut élevé au dieu près de d'Ilissus, et les poètes chantèrent son intervention contre les envahisseurs. Eschyle et Sophocle lui ont tous deux consacré une tragédie. Les colons athéniens de Thurium dans la Grande Grèce attribuèrent également à son action le naufrage qui les délivra de la flotte de Denys.

Sur les vases grecs, Borée est représenté sous les traits d'un héros ailé (une fois avec des ailes aux pieds comme Hermès), tantôt poursuivant Orithyie au milieu de ses compagnes, le plus souvent l'enlevant dans ses bras, étroitement enlacée et se débattant contre son étreinte. Ses cheveux hérissés, son ample manteau, la vaste envergure de ses ailes, sont les symboles divers de son action orageuse et puissante. Sur un vase il est représenté avec une tête double, allusion à sa nature qui tantôt apporte du Nord les sombres nuages, chargés de neige et de froid, tantôt éclaircit le ciel et purifie l'air : à ce dernier titre, son action était considérée comme salutaire. Sur une amphore peinte, trouvée à Vulci, Borée est vêtu d'une courte tunique et d'un manteau replié sur le bras droit; il a des ailes aux épaules et aux pieds. 
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Borée.
Borée enlevant Orithyie. Détail d'une hydrie attique du Ve s. av. J.-C.
Musée étrusque du Vatican, Rome.

Andronius Cyrrhestès lui donna, sur la Tour des Vents à Athènes, la figure d'un enfant ailé, avec des sandales aux pieds et un manteau sur la tête. 

La représentation la plus complète et la plus artistique du mythe que nous connaissions est l'acrotère d'un temple de Délos. Devant le groupe du héros enlevant Orithyie, entre ses deux compagnes épouvantées, s'élance un cheval, animal qui paraît avoir à l'origine symbolisé l'action du dieu. 

Homère raconte que Borée, sous les traits d'un cheval de couleur foncée, engendra avec les chevaux d'Erichthonios, douze poulains qui couraient sur les champs sans plier les épis et sur la mer sans enfoncer dans les flots. Une autre fable l'associe avec Erinys, la divinité du nuage sombre elle met au monde des chevaux jetant le feu par les naseaux, c.-à-d. les tempêtes mêlées d'éclairs. Enfin sur le coffre de Cypselas, Borée était représenté emportant Orithye, et Pausanias nous dit qu'on lui avait fait des queues de serpent au lieu de pieds, soit par une allusion à sa parenté avec Typhon, soit plus probablement à cause de ses rapports avec Erechthée ou Erichthonios, que l'on figurait tous deux avec des corps de serpent.

Dans son ensemble, le mythe de Borée est un de ceux qui ont gardé le mieux le sens de leurs origines naturalistes : tout s'y rapporte au phénomène des vents du Nord et de leur action tantôt bienfaisante, tantôt funeste sur le territoire de l'Attique et sur les mers avoisinantes. (J.-A. Hild).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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