| Bellone est la déesse romaine de la guerre ; elle s'appelle aussi Duellona. Importée probablement de la Sabine par la gens Claudia, elle se confondit de bonne heure avec la déesse grecque Enyo, soeur d'Arès qu'on identifia avec Mars. Outre un temple plus ancien dont parle Pline, nous en connaissons un situé sur le Champ de Mars, donc hors de l'enceinte du promoerium fondé par Appius Claudius Caecus en 296. C'est là que le Sénat venait recevoir les généraux qui demandaient le triomphe. Devant ce temple était la colonne de guerre (Columna bellica) où le fécial venait planter sa lame sanglante au moment des déclarations de guerre. Plus tard les Romains identifièrent le culte de leur antique Bellone avec celui de la grande déesse lunaire, fort répandu dans l'Asie Mineure et surtout en Cappadoce (Comana et Ma). Un temple lui fut élevé, desservi par des prêtres et prêtresses portant le nom de Bellonarii, ou fanatici de aede Bellonae pulvinensis. Ces prêtres présentent les plus grandes analogies avec ceux de Cybèle. Ils portaient de grandes robes noires et des bonnets de laine noire ou de poil de chèvre. Aux jours de fête, et surtout le neuvième jour des calendes d'avril (qui, pour ce motif, était appelé : Dies sanguinis), ils couraient autour de la déesse et dans les rues, en proie à une agitation furieuse, poussant des cris, se livrant à des danses désordonnées et se plongeant dans les bras et dans les épaules des couteaux ou des petites haches à deux tranchants (Martial, XII, 57; Lactance, I, 25 ; Tertullien, Apologétique, par. 9 et 25). Ils recueillaient dans la main le sang qui jaillissait de leurs blessures et le buvaient, croyant ainsi se purifier des fautes commises. Les fidèles frappés d'admiration faisaient de même, car ils attribuaient à ce sang une vertu expiatoire. Ils prédisaient aussi l'avenir. Déjà sous Auguste, Horace (Satires, lI, 3, 223) et Tibulle (I, 6, 45), nous parlent de ces cérémonies sanglantes. Leur vogue s'accrut sous l'empire alors que les dieux africains et orientaux avaient supplanté les vieilles divinités nationales. Juvénal (Satires, IV, 125 et VI, 523) nous montre les plus nobles patriciennes recevant chez elles « la confrérie de la violente Bellone et de la mère des dieux » et, à leur exemple « parcourant le Champ de Mars sur leurs genoux ensanglantés. » Ces blessures n'étaient toujours pas aussi graves que le croyait le vulgaire, car Lampride (Vie de Commode, 19) dit que Commode, dans son penchant à la cruauté, ordonna que les bellonaires se fissent des incisions sérieuses. Vere exsecarent. En dehors de ces cérémonies publiques, les bellonaires célébraient aussi des rites secrets auxquels on n'était admis qu'après une série d'épreuves (Firmicus Maternus, De errore profanorum, XVIII, 2). Une pierre funéraire (Muratori, 179. 1) nous donne l'effigie et l'inscription d'un bellonaire, cistophore du temple de Bellone. (GE).
| Elle attelait les chevaux du dieu Mars lorsqu'il partait pour la guerre et conduisait son char. Les poètes la dépeignent courant parmi les combattants, les cheveux épars, le feu dans les yeux, et faisant retentir dans les airs son fouet ensanglanté; on lui met dans la main une lance, un fléau, ou une verge teinte de sang. L'Art antique la représentait sur un char à deux coursiers, armée d'un fouet ou d'une lance, et accompagnée de la Discorde, de la Terreur et de la Fuite. On la représentait encore tenant un fléau, une verge, une torche; ou sonnant de la trompette. Sa statue, dans le temple d'Arès à Athènes, était l'oeuvre des fils de Praxitèle. Le temple de Bellone, bâti à Rome près de la porte Carmentale par Appius Claudius Coecus, servait de lieu de séances au sénat, quand il s'agissait de recevoir un ambassadeur étranger ou d'accorder le triomphe à un général victorieux. En face de ce temple s'élevait une colonne (columna bellica), contre laquelle le fécial dardait sa lance lors d'une déclaration de guerre. | | |