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Les armoiries |
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On nomme armoiries des marques particulières, distinctives et généralement honorifiques, appartenant à une nation, à un souverain, à une ville, à une famille, à une corporation, etc. Elles sont héréditaires dans les familles et sont nommées armoiries, parce qu'elles se portaient jadis représentées sur le bouclier, sur la cuirasse, sur la cotte d'armes et qu'elles tirent leur origine des armes. Les auteurs qui ont écrit sur cette origine sont partagés en deux camps; les uns la font remonter aux temps anciens et veulent que les Grecs et les Romains aient fait usage d'armoiries, et les autres, plus raisonnablement, fixent le commencement de leur emploi à l'époque des croisades et des tournois. En effet, il ne faut pas confondre les emblèmes adoptés par les guerriers de l'Antiquité et qui leur étaient tout personnels avec les armoiries proprement dites. Tels furent le lion couronné des Arméniens, le hibou des Athéniens, les serpents de l'Egypte, etc.; l'aigle figurait sur les étendards des Perses au temps de Cyrus et les chefs des légions romaines l'arboraient comme enseigne, mais les signes gravés sur les anneaux des patriciens et qui semblent se rapporter davantage aux armoiries, comme la Vénus de César, les trois trophées de Pompée et le sphinx d'Auguste, étaient de purs symboles créés par la fantaisie et le caprice et changeaient au gré de leurs possesseurs. -
Ce ne fut, en France, que sous Louis VII qu'on vit des figures particulières apparaître sur les boucliers et prendre un caractère fixe et héréditaire. Elles se perfectionnèrent sous Louis IX, et ce fut alors que leur composition fut soumise aux règles du blason. A partir des XIIe et XIIIe siècles, elles se transmirent de père en fils et devinrent allusives et souvent parlantes, c.-à-d. qu'elles exprimèrent plus ou moins exactement par l'objet représenté le nom de la famille à laquelle elles appartenaient. Toutefois les armoiries les plus simples sont considérées comme les plus anciennes et les plus nobles; les compliquées sont le résultat d'une recherche pénible pour les faire remarquer des autres. Il y a deux sortes d'armoiries, les pleines et les brisées; les pleines sont celles qui appartiennent au chef ou à la branche aînée d'une famille, les brisées sont le partage des puînés et des cadets. Elle se divisent en sept classes : la première comprend les armoiries particulières à chaque famille noble ou bourgeoise, car l'armorial général contient l'enregistrement d'un grand nombre d'armoiries concédées à des bourgeois, des marchands, merciers, bonnetiers, horlogers, etc. Ce qui distingue les armoiries d'une famille noble avec celle d'un bourgeois, c'est que les premières sont timbrées, c.-à-d. surmontées d'une couronne ou d'un casque, tandis que défense formelle fut faite à plusieurs reprises de timbrer les autres. La seconde classe comprend les armoiries attachées aux dignités et aux fonctions ecclésiastiques; la troisième les armoiries de concession, formées de la totalité ou d'une partie de celles d'un chef d'Etat qui en autorisant à les porter a voulu récompenser des services rendus; la quatrième, les armoiries de patronage, c. -à-d. celles d'un souverain ou d'un Etat que les villes portent quelquefois en chef; la cinquième, les armoiries de fiefs ou domaine, en d'autres termes, celles des divers Etats ou terres que possède un souverain (ainsi qu'autrefois les rois de France portaient celles de Navarre jointes aux leurs); la sixième, les armoiries de prétention qui dérivent des armes appartenant à une maison dont on prétend descendre, et enfin la septième, celles de communauté, c.-à-d. les armoiries des villes, des académies, des corporations, etc. Quelques héraldistes ajoutent à ce classement quatre autres catégories : les armoiries d'alliance contenant les quartiers provenant d'aïeux maternels; celles de succession dont on se sert au lieu et place des héritiers du sang; celles de substitution, c.-à-d. les armoiries d'une famille éteinte, dont on est chargé, par désignation testamentaire, de prendre le nom et les armes, et celles dite d'Assomption, qui sont, par l'adjonction d'une pièce quelconque. commémoratives d'un fait particulier. On nomme armoiries diffamées celles qui ont été modifiées dans un sens dégradant, par un édit ou un arrêt, pour cause de forfaiture; fausses ou à enquerre, celles qui n'ont pas été établies selon les règles héraldiques et donnant par cela même lieu à s'enquérir de la cause. Armoiries du cardinal Wolsey, conseiller d'Henri VIII. L'ensemble des armoiries comporte non seulement l'écu sur lequel elles sont représentées mais aussi les accessoires, lambrequins, couronnes, les marques extérieures destinées à indiquer les emplois et les fonctions, les supports, les tenants, les devises, en un mot tout ce qui accompagne l'écu. La couleur bleue (azur) et l'or dominent dans les armoiries françaises, les nobles ayant choisi de préférence les couleurs du souverain, surtout ceux appartenant à la province de l'lle de France; de même les familles bourguignonnes adoptèrent la couleur rouge (gueules), qui était celle des ducs de Bourgogne, et on reconnaît les armoiries des Bretons à l'hermine souvent employée dans leur composition. Certaines pièces fréquemment répétées servent aussi d'indication; les croix et les coquilles sont très répandues dans les armoiries de Normandie, parce que cette province a fourni beaucoup de chevaliers aux croisades. En Provence, on voit nombre d'armoiries qui diffèrent totalement de celles des provinces voisines, parce que la plupart des anciennes familles de cette contrée sont originaires d'Italie et d'Espagne. C'est ainsi que l'on y trouve beaucoup de tours, de châteaux, comme les lions et les léopards sont fréquents dans les armoiries de Guyenne et de Picardie par suite de l'occupation anglaise. Sous l'ancienne monarchie quiconque était anobli recevait en même temps des armoiries qui étaient composées par le juge d'armes; sous l'empire ce fut la chancellerie qui fut chargée de ce soin.
Le 4 août 1789, les armoiries furent proscrites. Sous l'Empire, les villes furent autorisées à reprendre des armoiries; un décret du 22 juin 1804 fixa à trente-six le nombre des bonnes villes Aix, Anvers, Bruxelles, Gand, Liège, Genève, Mayence et Nice figurèrent dans cette liste dont quatorze des anciennes furent éliminées. Un décret du 17 mai 1809 régla qu'à l'avenir aucune cité ou corpo ration ne pouvait prendre d'armoiries qu'après en avoir obtenu l'autorisation de l'empereur. Les villes furent partagées en trois classes; la première : les bonnes villes, portèrent un chef de gueules, chargé de trois abeilles d'or : celles de second ordre, dont les maires n'assistaient pas au sacre, portèrent un franc quartier d'azur à un N d'or, surmonté d'une étoile rayonnante du même. Celles dont les maires étaient à la nomination des préfets portèrent un franc quartier de gueules, à un N d'argent surmonté d'une étoile rayonnante de même (ces signes s'ajoutaient aux armoiries propres des villes). Le 26 septembre 1814, Louis XVIII autorisa par ordonnance les municipalités à se pourvoir en chancellerie afin de reprendre purement et simplement Ieurs anciennes armes. Sous le règne de Louis-Philippe, les villes prirent les armoiries qui leur convinrent; les unes conservèrent le chef de France, d'autres le chef chargé d'abeilles et quelques-unes adoptèrent un chef tiercé en pal, d'azur, d'argent et de gueules, en imitation du drapeau tricolore. Sous le second empire le chef chargé d'abeilles fut en majorité. Depuis le rétablissement de la République, les villes ont continué à se servir d'armoiries de leur choix. Armes et devise emblématique de Marguerite de Navarre. Miniature du XVIe s. Armoiries dans divers pays. Allemagne. Angleterre. Italie. Espagne. Portugal. Pays-Bas. Suède. Danemark. Pologne. Suisse. Dans la Suisse actuelle le port des armoiries semble appartenir à tout le monde; néanmoins des recueils officiels d'armoiries existent dans la plupart des cantons et ils font foi dans les affaires de revendication particulière. Les couleurs et les pièces des armoiries suisses n'ont pas de caractère distinctif de celles françaises. (H. Gourdon de Genouillac). |
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