| Anouket ou Anoukis est une déesse égyptienne de la première cataracte du Nil et de l’île de Sehel; à Eléphantine, elle était associée à Khnoum et à son épouse Satis. Elle faisait partie de la deuxième série des divinités secondaires. Plusieurs remarques peuvent être faites à son sujet : 1° si Anouket n'est pas un dieu-planète, c'est un dieu-élément (on sait que les Egyptiens en comptaient cinq, non compris le dieu chef de la pentade); 2° c'est donc un dieu femelle, car toutes les divinités de la deuxième pentade sont censés de ce sexe, quoique quelques-uns, sous certains rapports, redeviennent hermaphrodites; 3° c'est la Lune, ou plutôt Souan, l'llythie égyptienne, représentant subalterne du dieu-déesse Pooh, qui a toute cette pentade féminine, élémentaire et sublunaire, sous son empire (il ne serait donc pas étonnant de voir Anouket parèdre de Souan ou de Pooh, ou de Poubasti ); 4° l'élément dont Anouket est l'allégorisation, c'est le feu, non pas, il est vrai, le feu céleste ou ethéré, mais le feu terrestre ou souterrain; 5° le dynaste mâle, qui correspond à Anouket, dans la classe des dieux sidériques, c'est Ertosi ou Mars, planète rougeâtre et sombre, en effet digne d'étinceler de pair avec la déesse feu terrestre; 6° Ertosi-Anouket, à eux deux, font le pendant à Phta-Hathor; Phta, feu céleste, feu actif, feu générateur, s'individualise en Ertosi; Hathor, flamme Sublunaire, flamme passive, flamme fécondée, dépositaire et coadjutrice de la genération dont Phta est l'auteur, s'incarne en Anouket. 7° Anouket rappelle la Hestia des Grecs, et la Vesta des Italiotes. On la retrouve fréquemment sur des temples tant de construction holoégyptienne que de construction étrangère. Le beau temple d'Amonn-Knoufi, à Éléphantine, monument du Pharaon Aménothfi (huitième roi de la dix-huitième dynastie, atteste la haute antiquité du culte rendu à Anouket, tandis que d'autre part les grands édifices bâtis par les Egyptiens sous la domination des Lagides, et pendant la période romaine, témoignent que vingt siècles plus tard le rituel et les cérémonies survivaient encore. Les images d'Anouket la représentent ordinairement assise sur un trône, coiffée d'un diadème que décore l'Uraeus, emblème du pouvoir souverain, et que surmontent tantôt des plumes ou des feuilles de couleurs variées, tantôt des fleurs de lotus. Quelquefois les feuilles en grand nombre affectent la forme du beau chapiteau égyptien, composé de feuilles de palmier. Souvent aussi la fleur de lotus, ou le sceptre à fleurs de lotus, est dans ses mains. On lui fait aussi offrande de fleurs de lotus. Presque partout son culte est joint à celui d'Amon-Knoufi et de Saté; son nom, dans l'inscription des cataractes, sa personne, dans la stèle et le bas-relief de Thèbes, du comte de Belmore, ainsi que dans une des belles scènes du temple d'Amon-Knoufi, à Eléphantine, viennent après le nom et la figure des deux autres divinités. Dans l'autre scène, Anouket est seule avec le Pharaon Amenothfi, qui lui présente une corbeille de fleurs, et sur qui elle élève une, de ses mains en signe de protection, tandis que de l'autre elle avance vers lui le signe de la vie et le signe des panégyries, comme pour lui promettre un long règne. Sur une des faces latérales du temple d'Esneh elle n'a devant elle qu'Amon-Knoufi, encore le dieu éponyme du temple. On a lencore retrouvée à Denderah, et en Nubie. De toutes ces représentations, nulle n'est aussi piquante et aussi instructive que celle du musée de Turin. C'est une petite chapelle en bois sculpté et peint, placée sur un traîneau et précédée d'un petit portique que soutiennent deux colonnes à chapiteaux, ornés de doubles têtes de femme. Ces têtes sont celle d'Anouket : elle se distingue de celle d'Hathor, employée souvent de même comme décoration architecturale, par les oreilles humaines, au lieu d'oreilles de vache. Des deux colonnes, l'une, à droite, contient une invocation à Knoufi; et sur l'autre, à gauche, se se lit : « A la déesse Anouket, dame de la contrée orientale, dame du ciel, créatrice tous les dieux, oeil du soleil, etc.. » Quatre autres inscriptions, dont deux se composent de quatre colonnes de caractères, ne sont remplies que des louanges d'Anouket. Enfin la face latérale gauche la repré sente avec ses deux inséparables Amon-Knoufi et Saté, tandis que la face latérale droite la montre seule avec ses pieux adorateurs, l'auditeur de justice, Kari, son père, sa mère, ces quatre frères ou soeurs. Elle est assise sur un trône, sous un élégant naïdium, dont treize Uraeus couronnent la corniche; ses mains tiennent le sceptre à tête de coucoupha et la croix ansée (ankh), des feuilles, des plumes rouges et bleues forment sa coiffure; devant elle un autel, un vase à libation et une fleur de lotus; plus loin, et déjà hors du naïdium, sur une bari, ou barque sacrée a deux gouvernails hiéracophores, et dont la poupe et la proue sont ornées de têtes de déesses-mères, de riches offrandes et un magnifique bouquet de lotus. Le naïdium porte sur la bari, et la bari qui est censée flotter sur l'onde sainte du Nil semble se diriger vers une autre barque thalamègue, qui contient Kari et sa suite. (M.). | |