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Anne (Sainte).
- Femme de Joachim et mère de la vierge Marie.
Chez les pères des trois premiers siècles, on ne trouve aucune
mention des parents de la sainte Vierge. Epiphane, qui était évêque
de Salamine (île de Chypre),
dès 368, est le premier qui en parle, disant que Marie est fille
d'Anne et de Joachim. L'histoire de ces époux et la naissance miraculeuse
de leur fille sont racontées dans les évangiles
apocryphes : Evangelium de nativitate sanctae Mariae; - Evangelium
de nativitate Mariae et infantia Salvatoris; - Protevangelium Jacobi.
Ces diverses légendes, qui diffèrent entre elles par les
détails, ont pour caractère commun l'imitation évidente
des récits bibliques sur la naissance d'Isaac, de Samson,
de Samuel et particulièrement de Jean-Baptiste.
Voici le résumé très
sommaire et très dépoétisé de ce qui est conté
dans le Protevangelium Jacobi : Joachim était riche; mais
Dieu lui avait refusé des enfants. Pour fléchir le Seigneur,
il donnait au culte le double de tout ce qui est prescrit par la loi et
il y ajoutait d'abondantes aumônes. Un jour que le peuple présentait
ses offrandes à l'Eternel, le grand prêtre Ruben refusa celles
de Joachim, disant qu'il ne lui était pas permis de recevoir les
offrandes d'un homme qui n'avait point donné de postérité
a Israël. Joachim désespéré s'enfuit au désert,
parmi les bergers; il y dressa une tente et jeûna pendant quarante
jours et pendant quarante nuits. Cependant Anne, en sa maison, gémissait
sur son veuvage et sur se stérilité.
-
Anne
et enseignant à Marie (église St-Pierre, Chartres).
©
Photo : Serge Jodra, 2011.
Un jour, désolée par les
paroles de sa servante Judith, qui lui reprochait, comme une malédiction,
de n'être pas mère en Israël, elle se retira dans son
jardin, elle s'assit sous un laurier et elle pleura, suppliant Dieu
de lui accorder la grâce qu'il avait faite à Sara. Apercevant
un nid de moineaux dans les branches du laurier, elle déplora de
nouveau sa stérilité, qui la mettait au-dessous des oiseaux,
au-dessous des eaux de la mer, au-dessous même de la terre, qui ont
leur fécondité. Alors un ange du
Seigneur lui apparut et lui dit que sa prière était exaucée
: elle aurait un enfant, dont le nom serait grand dans tout l'univers.
Et Anne voua à Dieu l'enfant qui naîtrait d'elle, quel qu'il
fût, garçon ou fille. Aussitôt deux anges survinrent,
annonçant que Joachim approchait avec les bergers. Anne courut vers
lui et, le serrant dans ses bras, remercia Dieu. Joachim demeura la première
journée et la nuit dans sa maison; mais le lendemain il partit,
pour porter ses offrandes un temple du Seigneur. Quand le temps où
elle devait accoucher arriva, Anne mit au monde une fille et lui donna
le nom de Marie.
Le culte de cette sainte commença
par l'Eglise d'Orient, où elle est restée en grande vénération
et où sa fête est célébrée le 9 septembre.
Vers 550, d'après Procope, Justinien
aurait fait construire à Constantinople
une église en son nom. Cette dévotion
ne paraît avoir été introduite en Occident qu'à
l'époque de Charlemagne. Elle fleurit
surtout en Espagne,
où sainte Anne a été choisie pour patronne de beaucoup
d'églises. En Bretagne, sainte Anne
d'Auray est l'objet d'un pèlerinage
depuis longtemps célèbre. Depuis longtemps aussi, plusieurs
églises se disputent l'honneur de posséder la tête
et des reliques précieuses de cette sainte.
Cependant la célébration de sa fête
(26 juillet) n'a été officiellement ordonnancée, dans
l'Église latine, qu'en 1584, par une bulle
de Grégoire XIII. Un théologien
napolitain, Impériali, couronna l'oeuvre en enseignant que sainte
Anne avait été mère, sans cesser d'être vierge.
Cette opinion, qui était pourtant une heureuse préparation
au dogme de l'Immaculée conception, fut condamnée en 1677.
Une version qui diffère singulièrement
des légendes précédemment mentionnées, se trouve
résumée en cinq vers latins, rapportés par Gerson,
dans un sermon sur la nativité de la sainte Vierge :
Anna tribus
nupsit Joachim, Cléophoe, Salomoeque,
Ex quihus ipsa viris
peperit tres Anna Marias,
Quas duxerre Joseph,
Alphaeus, Zebedaeusque.
Prima Jesum; Jacobum,
Joseph cum Simone Judam
Altera dat; Jacobum
dat tertia, datque Joannem.
Ces vers prêtent à sainte Anne
trois époux : Joachim, Cléophas et Salomé, auxquels
elle donna trois filles, toutes pareillement appelées Marie. La
première épousa Joseph et fut la mère de Jésus;
l'autre, Alphée et la troisième Zébédée.
Cette généalogie fut adoptée et énergiquement
détendue par la Sorbonne, qui accusait
d'hérésie quiconque n'admettait
pas Anna trinuba et tripara, et les trois Marie, ses filles; elle
fournit matière à des disputationes et à des
livres qui passionnèrent les théologiens, à l'époque
qui précéda immédiatement la Réforme : Le Fèvre,
d'Etaples, De una ex tribus Maria; Paris, 1518, in-4; Agrippa, De
B. Annae trigamia et unico puerperio, 1619; Beda, De nepotibus B.
Annae; Paris, 1529, in-4. Combattue par les bollandistes (Acta sanctorum,
26 Jul. VI), cette opinion est complètement abandonnée aujourd'hui
par l'Eglise. (E. H. Vollet). |