| Adamisme, Adamistes. - Le souvenir et le regret de l'état primitif d'Adam et d'Eve au paradis terrestre, de l'innocence qui ne distingue pas le mal du bien, de l'ingénuité qui ignore les restrictions sociales et se pare de sa nudité; l'essor des instincts vers la liberté; les étranges incitations d'une certaine mysticité, tout cela devait produire des sectes religieuses, en des temps où la religion, se mêlant à tout, était aussi mêlée avec tout. Aucune de ces sectes ne fut nombreuse, toutes furent presque éphémères; quelques-unes furent cruellement traitées, toutes furent violemment accusées; et il est vraisemblable qu'elles méritaient ou que tôt ou tard elles auraient mérité une partie de ces accusations. La plupart ont dû chercher à se faire ignorer, et elles y sont parvenues. Voici quelques-unes de celles que l'histoire ecclésiastique mentionne : du IIe au IIIe siècle, une secte dont le chef, inconnu sous son véritable nom, était appelé Adam par les siens. Ils proscrivaient le mariage et prescrivaient la chasteté la plus absolue, pour ne point perpétuer le péché originel; ils se montraient sans vêtement dans leurs assemblées, afin de se rétablir dans l'état d'innocence par la nudité. Une autre secte, dont le chef était Prodicus, disciple de Carpocrate, professait un adamisme tout inverse, pratiquant la communauté dés femmes. Au XIIIe siècle, en Autriche et en Bohème, les lucifériens, qui prétendaient que Lucifer avait été injustement chassé du ciel et qu'il y reviendrait avec ses artisans; ils proposaient l'imitation d'Adam comme argument de la plus complète liberté. (E.-H. V.). | |